30/04/2021

Demeurer (5ème dimanche de Pâques)

Les deux extraits de littérature johannique de ce jour (1 Jn 3, 18-25 et Jn 15, 1-8), sans rapport l’un avec l’autre, utilisent le verbe demeurer avec insistance. Cela n’est pas surprenant si l’on sait que ce verbe est un des marqueurs de cette littérature. Il désigne notamment la proximité du disciple avec son Dieu, exprimée sous la forme d’une habitation de l’un non seulement chez l’autre, mais en l’autre. « Demeurez en moi, comme moi en vous. »

« Demeurer » est la source d’un quiproquo dont Jean a le secret et auquel il recourt pour attirer l’attention de son lecteur. Dès le chapitre premier, ce petit dialogue que nous connaissons bien. A la question des disciples sur un lieu d’habitation, la réponse de Jésus use d’un autre sens, non encore explicitable à ce moment du texte, qui se dévoilera au fur et à mesure de la lecture.

« Jésus se retourna et, voyant que [deux disciples de Jean] le suivaient, leur dit : "Que cherchez-vous ?" Ils lui dirent : "Rabbi - ce qui veut dire Maître -, où demeures-tu ?" Il leur dit : "Venez et voyez." Ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui de jour-là. » Jean n’a pas peur des répétitions ! Trois fois demeurer en deux lignes.

Les deux premières occurrences du verbe se trouvent quelques versets plus haut, lors du baptême de Jésus. Jean voit l’Esprit demeurer sur Jésus. Cela est répété, comme un soulignement. La demeure avant d’exprimer la proximité des disciples avec Jésus sert à dire la relation de Jésus à l’Esprit de « celui qui l’a envoyé » (un autre gimmnik de l’évangile).

Les disciples sont invités à demeurer en Jésus, et non chez lui, comme il demeure en eux. L’habitation est réciproque. L’inhabitation est une manière de désigner dans la théologie la vie dans l’Esprit, la présence du Ressuscité à ses disciples. La construction grammaticale ‑ habiter en ‑ fait exploser la description ou la représentation et indique le lien original des disciples avec Jésus, une compénétration, une intimité, comme s’ils ne faisaient plus qu’une seule chair. Le thème paulinien du corps du Christ trouve ici sa traduction johannique.

Les deux versets qui suivent immédiatement l’évangile d’aujourd’hui articulent l’habitation, la demeure des disciples, et celle de Jésus avec le Père. Où Dieu vit ‑ Père, Fils et Esprit ‑ les disciples sont conviés. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. » Certes, quand il s’agit des rapports du Père et du fils, Jean privilégie le verbe être, en référence avec le nom divin de l’Exode, « Je suis ». On lit par trois fois « Je suis dans le Père et le Père est en moi ». Ce « demeurer dans l’amour » dit la demeure non comme un état mais comme une tâche, aimer, aimer les uns les autres comme Jésus. Demeurer est dynamique et non statique – ce n’est plus un verbe d’état ‑ Jean tord la grammaire pour dire la foi.

La vie des disciples pour Jean consiste en l’amour les uns des autres, c’est-à-dire à vivre de la vie même de Dieu, c’est-à-dire habiter en Dieu, demeurer en Dieu.

Qui dira que l’évangile de Jean est difficile ? Un simple repérage lexical mène à la théologie. Mais, il est vrai, être disciple oblige à parler une nouvelle langue. Jésus oblige à dire le monde et la vie de façon nouvelle, ou plutôt renouvelée, convertie.

Nous ne sommes pas les premiers à faire jaillir la vie des mots, du verbe « demeurer ». Dans la première moitié du 12ème siècle, Guillaume de Saint Thierry écrivait : « Ô vérité, réponds, je t’en prie. Maître, où habites-tu ? "Viens, dit-il, et vois. Ne crois-tu pas que moi, je suis dans le Père et que le Père est en moi ?" Grâces à toi Seigneur! ce n'est pas rien, ce à quoi nous sommes parvenus : ton lieu, nous l’avons trouvé. Ton lieu, c’est ton Père ; et encore le lieu du Père, c’est toi. [...] Cette localisation, c'est l'unité du Père et du Fils, la consubstantialité de la Trinité. » Les disciples sont invités à se rendre chez le maître, qui n’est pas un lieu. Que trouvent-ils ? Le Père lui-même dans le Fils ou l’inverse, le Fils dans le Père. C’est là qu’ils sont conviés. Dieu est un lieu, le milieu dans lequel on vit dès lors que l’on suit Jésus, qu’on aime les frères.

En ce temps pascal, il faut aller jusqu’à la fin de l’Evangile, au Golgotha. « Pour éviter que les corps demeurent sur la croix. » C’est sûr, la demeure de Jésus n’est pas la mort, il ne peut demeurer sur la croix un instant de plus. « L’arbre de la croix indique le passage » seulement. Il demeure en nous comme il demeure dans le Père. Nous demeurons en lui comme le Père demeure en lui.

23/04/2021

Marginaux de et dans l'Eglise (4ème dimanche de Pâques « des vocations »)

Ce n’est pas le prêtre qui célèbre la messe, mais l’assemblée, l’Ecclesia ; sans elle, le prêtre n’a aucun pouvoir. C’est l’Eglise qui agit in persona Christi. (Vatican II le reconnait mais recourt, subrepticement, à l’expression non traditionnelle de Christ-tête pour sauver une spécificité du presbytérat, quelque chose que les autres ne seraient pas ou n’auraient pas.)

Ce n’est pas le prêtre qui est chargé de l’évangélisation, mais la communauté. Que serait notre Eglise si chacun d’entre nous, d’abord par son style de vie, n’était pas messager de la Bonne nouvelle, tâchant de répondre à la vocation universelle à la sainteté ?

Faut-il alors penser que la spécificité des prêtres résiderait dans le gouvernement des communautés ? Cela correspond bien à l’émergence des anciens (prêtres) et des veilleurs (épiscopes) aux origines de l’Eglise, mais laisse dans un angle mort le rapport entre cette présidence et celle des sacrements. (Pour échapper à la définition sacrale des prêtres, de bons théologiens avancent ce rôle organisationnel, institutionnel, vis-à-vis de la communauté.)

Il faut bien que la communauté soit un minimum organisée. La hiérarchie pourrait être l’expression de cette organisation, non un pouvoir, ce qui permettrait de penser les ministères selon leur étymologie, des services (diaconies). L’habitude démocratique et la revendication générale que tous ceux qui sont concernés aient leur mot à dire font de la tâche d’organiser l’assemblée une modération (le mot se trouve dans le droit canonique). Modérer c’est permettre à tous de s’exprimer sans oublier personne ; c’est aider à rechercher le consensus ; c’est rappeler qu’aucune communauté ne peut se penser sans la catholica, voire l’oikoumènè, la totalité de l’Eglise. Cela convient bien à ce que l’on appelle la synodalité.

Dans une paroisse par exemple, on a besoin de quelqu’un qui tienne la communauté ouverte, qui présente la porte de la communauté à laquelle on peut sonner et coordonne les différentes activités, notamment caritative. Mais les secrétariats paroissiaux ou les laïcs en mission ecclésiale, voire tel chrétien repéré par les gens, font ils autre chose ? Aïe ! on pensait avoir trouvé une définition des prêtres et un secrétariat la renverse. (Penser les prêtres ou l’évêque comme des secrétaires généraux n’est pas insensé, du moins à titre descriptif.)

Peut-être faut-il constater l’impossibilité de dire la spécificité du ministère ordonné. Après des siècles où on le pense selon le modèle sacerdotal de la potestas sacra, Vatican II l’a réinscrit à l’intérieur des communautés. On passe d’une théologie du sacrement de l’ordre, sacerdotale, à celle presbytérale des ministères de et dans les communautés. Mais le concile n’a pas abouti car il n’a pas su renoncer au modèle sacerdotal. C’est la source de la schizophrénie catholique contemporaine repérable en ecclésiologie, dans la théologie des ministères et celle de l’eucharistie, d’où les tensions extrêmes jusque parmi les cardinaux.

Dès que l’on essaie de dire ce qu’est le ministère presbytéral, on constate que rien ne le distingue de la vocation baptismale, si ce n’est la célébration de l’eucharistie et de la pénitence. C’est à la fois heureux, parce qu’être prêtres n’a de sens que dans le cadre de la vocation baptismale, à la fois terrible parce que l’on ne sait dire ce que sont les prêtres qu’à entrer dans la logique de la séparation, le chaman qui fait le sacré, sacerdotale, cléricale.

Et si c’était la caractéristique des ministères de n’avoir pas de caractéristiques. Un prêtre, c’est comme tous les chrétiens. Il est autre, comme chacun, mais un autre qui ne doit, parce qu’il ne le peut, recevoir aucune détermination ou identité, contre distingué des autres spécificités, l’élément neutre des mathématiques, une sorte de néant, anéantissement, minus. Cela vaudrait y compris pour ceux qui ne sont pas responsables de communauté, aumôniers ou prêtres "au travail" par exemple.

Les ministères, et singulièrement les ministères ordonnés, inscrivent l’autre dans la communauté. Non pas comme représentant de l’Autre, alter Christus : c’est le rôle de la communauté sacerdotale ; ni mis à part, séparé en raison d’un être sacré, comme les baptisés dans le monde. L’autre avec un petit a, l’autre passe-partout, la différence. Différance où l’on entend l’errance de qui ne peut s’accrocher à aucune identité ; qui empêche que les problèmes humains ne se referment sur eux-mêmes, à l’abri de tout questionnement, pour que personne ne soit exclu ou au contraire trop rapidement assimilé. L’Eglise n’est ni secte, ni village gaulois coupé du monde, ni mondialisation uniformisante, mais Pentecôte des nations.

Tout baptisé doit en avoir le souci. Mais ne convient-il pas qu’il y ait en quelque sorte des professionnels, compétents ? Sans eux, sans elles ‑ pourquoi donc faut-il que ce ne soit toujours pas une évidence ? ‑ on ne peut être l’Eglise, mais ils ne sont pas l’Eglise, seulement la fonction d’altérité, l’autre de l’autre, une marginalité.

Si prêtres et évêques étaient les marginaux de et dans l’Eglise, cela donnerait quoi ?

 

 

 
- Jésus, unique pasteur, tu prends soin de ton peuple puisque ses chefs sont les mercenaires que le Père dénonce. Que les Eglises se laissent conduire sur le chemin de la croix pour te désigner en transparence.
- Jésus, unique pasteur, tu dis non à la violence, physique ou idéologique et à la recherche de profit personnel de ceux qui gouvernent. Que les dirigeants des pays travaillent à la paix dont le monde a besoin.
- Jésus, unique pasteur, tu veux pour tous la vie en abondance. Nous te prions pour les jeunes au moment de choisir leur avenir. Qu’ils considèrent chacun comme leur frère ou sœur et vivent ainsi en disciples de l’évangile.
- Jésus, unique pasteur, tu établis chaque baptisé ministre de ta sainteté. Que chacun de nous réponde à sa vocation, la liberté d’être soi avec et pour les autres.

16/04/2021

Pourquoi il est indispensable de ne pas croire aux apparitions du Ressuscité (3ème dimanche de Pâques)

Les apparitions du Ressuscité dans les évangiles témoignent principalement de la non-foi des disciples. Il faut multiplier les rencontres pour qu’enfin, la foi et la paix chassent la peur des disciples. Cette évidence textuelle est insupportable. La liturgie nous a fait entendre dans la nuit de Pâques l’évangile de Marc mais en supprimant le dernier verset, l’effroi des femmes qui ne disent rien à personne, en restant à l’annonce du jeune homme en blanc.

Dès les premiers manuscrits encore disponibles, on a ajouté à l’évangile une coda pour ne pas en resté sur le verset omis à Pâques et la peur des femmes. L’impossibilité de croire n’est cependant pas effacée, au contraire. Après l’annonce de Madeleine, « ceux qui avaient été ses compagnons ne la crurent pas ». Les deux disciples qui allaient à la campagne, « on ne les crut pas non plus ». « Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité. » Nulle part il est dit qu’ils crurent.

L’évangile de Luc (24, 35-48) donne à la coda de Marc sa structure. Pas étonnant que l’on y retrouve la même incrédulité. Il n’est pas dit que les disciples crurent. Ils sont seulement accrédités comme témoins. Il est vrai, quand on lit aujourd’hui le chapitre 24 de Luc, les trois annonces semblent efficaces, mais c’est au prix d’une reprise du texte, très ancienne, sans doute après la crise marcionite, vers 160. Seul Jean dit, un peu, la foi, non de Pierre mais de l’autre disciple, et de Thomas, mais ne peut faire autrement que son chapitre des récits d’apparitions soit l’histoire de la résistance à la foi en la résurrection.

Pourquoi les évangiles racontent-ils cette résistance et pourquoi le gommage de cette résistance, très ancien et encore actuel. Pourquoi faudrait-il, évidemment, que les disciples croient comme un seul homme, d’un seul coup d’un seul, à la résurrection de Jésus ? Pourquoi la résistance à cette croyance est-elle insupportable, au point de faire de la résurrection un happy end, alors que ce n’est pas un homme triomphant qui apparaît aux disciples, mais le crucifié, alors que la vie pour beaucoup, n’est pas un triomphe, mais l’impossible bonheur ?

L’homélie de dimanche dernier a déclenché un certain nombre de réactions, très assertoriques. Plus la foi est fragile, plus il convient de la défendre de façon véhémente et sans appel. On cite la lettre aux Corinthiens : « si Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ! » (1 Co 15, 14)

Je moque de la vanité de la foi. Je ne crois pas pour que ça marche. Je crois alors même que cela ne marche pas, je crois en dépit du mal, de la mort. Je crois alors que ceux que j’aime et tant d’autres, et moi aussi, sommes rattrapés par la mort. Et c’est précisément cette foi en Jésus malgré la mort et la souffrance, malgré l’absence de bonheur, qui est foi en sa résurrection. La résurrection, d’après les récits évangéliques, c’est le recul de la peur, c’est la paix et non l’angoisse devant la disparition de Jésus. Nous n’aurions pas à croire en la résurrection si la mort de Jésus avait définitivement supprimé la souffrance, la mort et le malheur. Le happy end interdit la foi. Voilà pourquoi il est indispensable de ne pas croire aux apparitions du Ressuscité, voilà pourquoi l’évangile raconte la non-foi des disciples et ne dit pas qu’ils crurent. En racontant la non-foi, les évangiles empêchent qu’on prenne la résurrection pour une fin heureuse. Ils invitent à vivre malgré la mort et la peur.

Que la résurrection ne passe pas ne doit affoler personne. C’est comme cela depuis le début et l’évangile raconte l’échec de cette annonce. Et malgré les retouches, demeure d’autant plus inscrite l’impossibilité de croire. Qu’ils croient ou non, les disciples, comme nous venons de l’entendre, sont faits témoins. Témoins de la nécessité de passer par la souffrance pour vivre, ou, si vous préférez, témoins de ce que la souffrance et la mort ne sont pas le dernier mot de la vie, que la vie passe la souffrance et la mort. C’est notre expérience quasi permanente, nous n’avons d’ailleurs guère le choix.

Comme je le disais dimanche dernier, la résurrection n’est pas un truc à croire, mais une vie avec le Christ, le Christ Jésus comme vie. Il est la résurrection. Ce qui fait de nous ses disciples, c’est l’attachement à cet homme et au renouvellement des cieux et de la terre dans l’annonce et l’action que tous sont frères et sœurs. Même si la mort et le mal demeurent – et c’est bien ce qui se passe – nous demeurons attachés à Jésus, au point d’en être les témoins deux milles ans plus tard. Si ce n’est pas l’indice qu’il est vivant, qu’il a vaincu la mort !

09/04/2021

Nous ne croyons pas qu'il y a la résurrection

La résurrection de Jésus est ce qui fait de nous des chrétiens. Mais entendons nous bien. La résurrection de Jésus n’est pas une affirmation, une opinion qu’il faudrait tenir pour être chrétien. La résurrection de Jésus est une vie avec Jésus. Il est la résurrection (Jn 11, 25).

On se moque des grandes théories, quand bien même elles seraient vraies, parce que la foi n’est pas une gnose ni la récitation d’un catéchisme. Un catéchisme n’a jamais été chrétien : il ne s’est jamais comporté en samaritain, n’a jamais donné sa vie pour les autres comme Jésus ! On n’est pas chrétien parce qu’on répète les dogmes, adhère aux dogmes chrétiens. D’ailleurs, « vous n’avez pas besoin que l’on vous enseigne » dit la première lettre de Jean (2, 27), faisant écho à la prophétie de l’alliance nouvelle de Jérémie (31, 33-34) : « Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère. »

On est chrétien parce que le nom de Jésus est celui d’une manière de vivre, le nom d’une relation. Le nom de Jésus est une pratique. La foi est acte. Attention ! Pratiquer la foi, ce n’est pas aller à la messe ! Pratiquer la foi, c’est écouter une parole et la mettre en pratique (Mt 7, 24-27). C’est l’amour pour autrui, l’amour pour autrui comme Jésus, à cause de Jésus. Et cet amour pour autrui est vie.

L’amour est vie. Plus que cela, si l’on peut dire, l’amour est résurrection. « Nous savons que nous sommes passé de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères. » (1 Jn 3, 14) L'amour fait vivre de nouveau, il fait revivre, il fait vivre de surcroît. Nous en avons une parabole dans la procréation. Et quelle parabole. Mais il ne faudrait pas réduire l’amour comme don de vie à cette parabole. Il y a bien des procréations qui ne sont pas amour ; il y a bien des occasions de faire vivre, de rendre la vie, d’être rendu à la vie qui ne sont pas procréations. La foi, c’est la conversion de la vie, la conversion à la vie. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10, 10) La surdétermination religieuse de l’évangile, des choses à croire qui feraient les disciples, non seulement ne sont pas la pratique du nom de Jésus, mais détourne de cette pratique, trompe et interdit le chemin de la vie.

Convertissons-nous à la vie, et nous serons disciples. Non une vie spirituelle ! (encore une surdétermination religieuse) car le Verbe s’est fait chair. Convertissons-nous à la vie, ici, dans la chair, maintenant, dans la rencontre avec les autres. « Dieu a tant aimé le monde. » (Jn 3, 16) Convertissons-nous à la vie et la résurrection est à portée de mains. C’est encore la première lettre de Jean : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la vie s'est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. » (Quelle ouverture et du livre, et de la foi !)

Confesser la résurrection c’est pratiquer l’amour et la vie surgit. Nous ne croyons pas qu’il y a la résurrection. Nous vivons, nous croyons que chaque fois que nous pratiquons l’amour pour autrui, nous éprouvons la puissance de vie, la puissance de résurrection. Chaque fois que nous aimons autrui nous recevons confirmation, assurance, que l’amour pour autrui est vie, donne vie. « Cette assurance est la plus forte. Rien ne pourra nous séparer de l’amitié que Dieu nous porte. » (Cf. Rm 8, 38-39)

Les croyants, les disciples ne sont pas à tenir des propos invérifiables, mais à s’assurer, par la pratique de l’amour pour autrui, que la vie, c’est du solide. Quelle folie, alors que l’on ne cesse de souffrir et de mourir. Nous en sommes assurés par la pratique de l’amour pour autrui et par elle seule. Il est vraisemblable que si nous doutons de la foi, c’est soit que nous avons réduit la foi à un savoir, soit que nous ne pratiquons pas l’amour pour autrui. On ne va à Dieu, à la résurrection qu’il est, qu’en passant par autrui.

 

 

- Tu regardes avec le cœur la misère des Eglises divisées, incapables de se réconcilier. Que ta miséricorde les encourage sur le chemin de la conversion et de l’unité.

- Tu regardes avec le cœur la misère du monde, et nos mains incapables de s’ouvrir pour secourir ceux qui n’en peuvent plus. Que ta miséricorde nous façonne en artisans de justice et de paix.

- Tu regardes avec le cœur la misère de nos cœurs, leur étroitesse, leur sécheresse. Que ta miséricorde nous relève de notre mort pour que nous soyons à notre tour de ceux qui rendent la vie, en abondance.

02/04/2021

La grande intercession de ce vendredi saint

Quasiment la même que l'an passé, marginalement révisée.

Prions pour l’unique Eglise du Christ, déchirée par les divisions.
Que le témoignage unanime de l’évangile soit plus important que les querelles de chapelles. Que la vérité de l’évangile sache se dire de façon polyphonique.
Seigneur, donne aux chrétiens des diverses confessions d’être les prophètes d’une humanité réconciliable et réconciliée. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour l’Eglise catholique.
La libre expression, responsable, de tous, oblige à repenser les ministères et le magistère, la place de chacun, homme et femme. C’est un enjeu pour la réception de l’évangile aujourd’hui. Personne ne peut confisquer la vérité par le pouvoir.
Seigneur, que tous les évêques avec le Pape engagent nos communautés sur le chemin de la coresponsabilité ministres-laïcs, hommes et femmes.
Que tous, nous consentions à nous faire serviteurs de nos frères. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les chrétiens persécutés, particulièrement ces dernières semaines au Liberia, et toutes les victimes des injustices dans le monde.
Seigneur, donne au monde ta paix. Que tous ceux qui meurent ou donnent leur vie à cause de ton nom soient associés à la passion et à la résurrection de ton Fils, innocent persécuté, témoin fidèle de ton infinie bonté. Par ce Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les enfants et les femmes abusés sexuellement, des hommes aussi.
Blessés dans leur capacité à aimer et faire confiance, qu’ils trouvent des frères et des sœurs pour les conduire sur un chemin où l’amour et l’amitié ne sont pas mensonge. Prions aussi pour les auteurs d’infraction à caractère sexuel, prêtres et religieux notamment. Prions pour l’Eglise qui a donné en ces affaires un contre-témoignage digne de Judas.
Seigneur, toi qui es amour, donne à ceux qui ont été abimés ou détruits par la violence des autres de pouvoir se reconstruire. Que ton Fils veuille bien laver les pieds si sales de tous ceux qui ont tu ces crimes. Lui, Jésus, le Christ notre Seigneur.

Prions pour ceux qui seront baptisés et confirmés en ces fêtes de Pâques. Prions pour tous ceux qui sont éloignés des sacrements et de la compagnie des leurs par le confinement.
Seigneur, que nous puisions aux sources du salut célébré à Pâques l'eau vive de ta vie. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les Juifs, nos frères aînés dans la foi. Ils sont encore haïs d’être ton peuple.
Prions pour les Musulmans stigmatisés à cause de l’intégrisme et du terrorisme.
Prions pour les hommes et les femmes qui prient en te donnant un autre nom que celui que Jésus nous a confié.
Toi, le seul Saint, nous te demandons que le peuple de la première alliance refuse toute injustice politique, cherche la paix, ne s’enferme pas dans une logique victimaire, ne traite pas les Palestiniens par le mépris et la violence, et demeure témoin de ta bénédiction pour tous les peuples.
Que ceux qui se soumettent à toi, l’unique et le miséricordieux, s’engagent pour la paix dans le monde d’aujourd’hui, pluraliste, critique, laïc.
Que tous aillent jusqu’au bout de leur foi et de leur conviction pour construire la paix. Qu’ils soient respectés et accueillis par tous, dans le dépassement des réflexes identitaires et sécuritaires. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour tant d’hommes et de femmes qui ne veulent pas entendre parler de Dieu, qui refusent toute mention chrétienne ou religieuse dans la société. Que la haine de l’Eglise soit pour l’Eglise un appel à la conversion.
Que les disciples entendent la vérité de ceux qui ne croient pas en toi. Ils obligent à la lucidité, la conversion et la fidélité.
Seigneur, ouvre le cœur de chacun au respect de l’autre et de ses convictions pour vivre en paix dans la pluralité des opinions. Eclaire l’esprit de tous pour que la laïcité permette de vivre en paix et ne soit pas le porte-drapeau de l’exclusion. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour ceux qui gouvernent et qui doivent prendre des décisions inédites et difficiles.
Qu’ils se mettent au service de leurs concitoyens, se détournent de l’enrichissement personnel et des honneurs. Que nous autres citoyens, prenions soin de la démocratie comme d’un bien précieux pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
Seigneur, nous te prions pour que les discours d’exclusion se taisent ; pour que le respect de la personne humaine soit promu, pour que le partage ne soit pas un vain mot, pour que nous ayons le souci de vivre ensemble dans un monde globalisé et des sociétés toujours plus diversifiées. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les réfugiés, les déplacés, les immigrés.
L’Europe qui défend les droits de l’homme, signataire de la convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, ne respecte pas sa signature et se barricade derrière des barbelés ; la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver leur situation.
Seigneur, nous te prions pour ceux que nous refusons d’accueillir dussent-ils en mourir. Nous te prions pour nous qui refusons de nous sentir responsables de nos frères. Viens au secours de ceux qui souffrent. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour tous ceux qui sont éprouvés par l’épidémie de coronavirus, pour les malades, les familles endeuillées, les personnes qui meurent des mesures sanitaires.
Dieu éternel et tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, regarde avec compassion ceux qui se trouvent, en ces jours, dans le désarroi. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.