17/06/2022

Qui célèbre la messe ? (Le saint sacrement)

Qui célèbre la messe ? Les textes de la liturgie le disent sans ambiguïté : c’est nous. La prière eucharistique commence par ces mots : « Toi qui es vraiment saint, toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur, nous te prions. » L’Eglise assemblée est le sujet de l’eucharistie.

Quoi qu’il en soit des textes qui pourraient laisser penser qu’il en va autrement, on ne peut que constater et appuyer le retour à la grande tradition, notamment scripturaire et patristique que le dernier Concile a décidément consacré. On lit dans le premier texte voté, la constitution dogmatique sur la liturgie : « Le jour même de la Pentecôte, où l’Église apparut au monde, "ceux qui accueillirent la parole" de Pierre "furent baptisés". "Et ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle dans la fraction du pain et aux prières... louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple" (Ac 2, 41-47). Jamais, dans la suite, l’Eglise n’omit de se réunir pour célébrer le mystère pascal ; en lisant "dans toutes les Écritures ce qui le concernait" (Lc 24, 27), en célébrant l’Eucharistie dans laquelle "sont rendus présents la victoire et le triomphe de sa mort" et en rendant en même temps grâces "à Dieu pour son don ineffable" (2 Co 9, 15) dans le Christ Jésus "pour la louange de sa gloire" (Ep 1, 12) par la puissance de l’Esprit Saint. » (SC 6)

La constitution dogmatique sur l’Eglise définit la chose très clairement : « Toutes les activités des fidèles laïcs, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient "offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ" (cf. 1 P 2, 5), et dans la célébration eucharistique, rejoint l’oblation du Corps du Seigneur pour être offert en toute piété au Père. C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu par la sainteté de leur vie un culte d’adoration. » (LG 34)

La Présentation générale du Missel Romain, même dans sa dernière version est très explicite même si elle n’est pas vraiment univoque ou cohérente. « La célébration eucharistique est l’action du Christ et de l’Eglise qui est le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité de l’évêque. C’est pourquoi elle concerne le Corps tout entier de l’Eglise ; elle le manifeste et l’affecte ; en réalité, elle atteint chacun de ses membres, de façon variée, selon la diversité des ordres, des fonctions et de leur participation effective. De cette manière, le peuple chrétien, "race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté", manifeste sa cohésion et son organisation hiérarchique. » (n°91 cf. aussi n°5)

Le Catéchisme de 1983 est encore plus explicite. « C’est toute la Communauté, le Corps du Christ uni à son Chef, qui célèbre. "Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église […] L’assemblée qui célèbre est la communauté des baptisés qui, "par la régénération et l’onction de l’Esprit Saint, sont consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, moyennant toutes les œuvres du chrétien, des sacrifices spirituels" (LG 10). Ce "sacerdoce commun" est celui du Christ, unique Prêtre, participé par tous ses membres. (n°1140 et 1141. Cf. aussi n°1119)

J’ai cité longuement quelques-uns seulement des textes parce que nous continuons à penser que c’est le prêtre qui célèbre. « Elle était très bien votre messe », « J’ai servi la messe du père Untel », etc. Tant que nous n’entérinerons pas l’enseignement de la foi, nous ne pourrons qu’être schizophrènes, vivant autre chose que ce que nous déclarons confesser. Notre Eglise est malade de cette schizophrénie, interprétée comme lutte entre progressistes et traditionalistes. Cette interprétation est pernicieuse. Il en va de ce que nous croyons.

Nous n’avons pas encore pris au sérieux les conséquences des affirmations conciliaires. Ainsi, et contre le Concile, s’il n’est pas possible de célébrer la messe sans prêtre, il ne devrait pas être possible de célébrer la messe sans assemblée. Ainsi nous ne sommes pas en rang d’oignons, à regarder ou écouter ce que le prêtre fait dans le sanctuaire, mais réunis autour de la table de la parole et de l’eucharistie. Ainsi, l’acte liturgique ne peut être séparé ni pensé indépendamment de la vie dans l’Esprit toute entière, parce que de la charité à l’action de grâce, c’est la même offrande spirituelle que l’assemblée des baptisés présente à son Seigneur. Ainsi, chacun à sa manière et avec les autres est ministre de l’action de grâce.

1 commentaire:

  1. L’espaçe liturgique a vraiment besoin d’être repensé en tenant compte de cet « ensembles autour de la table » tous et toutes célébrants . Ceci n’est absolument pas perceptible dans ces espaces liturgiques laissant à penser que l’assemblée est spectatrice !

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