29/11/2019

Nous n'en pouvons plus de t'attendre (1er dimanche de l'avent)


Vivre en disciples c’est vivre en compagnie de Jésus. Nous sommes de ceux (qui sont) avec lui. Jour après jour, force est de constater qu’il n’est guère présent à nos côtés. On explique cela de trente-six manières. On se convainc que si, il est là. On raconte la parabole non biblique des pas sur la plage : une seule trace de pas, non parce que nous serions seuls, mais parce que Dieu nous porterait dans ses bras. Pourquoi pas.
Reste que vivre avec Jésus, c’est bien souvent vivre sans lui. Ce n’est pas seulement le fait du péché. C’est le fait de la vie chrétienne selon ce que Jésus lui-même enseigne : « il vous est bon que je m’en aille » (Jn 16, 7)
Le théologien luthérien Dietrich Bonhoeffer écrit alors qu’il est en camp, arrêté après une tentative avortée d’attentat contre Hitler. « Devant et avec Dieu, nous vivons sans Dieu. » N’est-ce pas exactement notre situation ? Nous nous tenons devant Dieu, nous tâchons de mener notre vie devant Dieu et avec lui. Et cependant, nous sommes sans Dieu, comme tous, dans un monde à bien des égards sorti du religieux.
La vie dans la foi n’est pas une illumination qui rendrait visible ce que les autres, faute de foi, ne pourraient voir. Elle est une façon de percevoir l’existence et, par suite, de mener cette existence. On pourrait parler de la foi comme style. Nous vivons comme des répondants. Nous ne sommes pas à l’origine de nous-mêmes, ni de notre subsistance, quand bien même nous gagnons notre vie. Alors, nous vivons de telle sorte que nous répondions à l’amour de Dieu qui, le premier, nous a aimés. Dans le même temps, cela nous fait responsables de nos frères, répondant d’eux.
Jésus est le chemin (Jn 14, 6) de l’existence chrétienne. C’est lui qui nous apprend, par sa vie et ses paroles, à vivre comme des répondants. Cela paraît aujourd’hui folie, non que l’enseignement de Jésus, ce qui fait de nous ses disciples, n’ait rien à dire en notre monde. Au contraire ! La responsabilité des frères nous convoque à une subversion des logiques mondaines, financières et commerciales. La paix comme la sauvegarde de la « maison commune » passent par un renversement de la haine née du chacun pour soi et du moi d’abord.
Cependant, Jésus n’est plus disponible, là. Il ne l’a jamais été. « Ne me retiens pas », dit-il à Madeleine au matin de la résurrection. Nous marchons comme si nous voyions l’invisible (He 11, 27), mais… ne le voyons pas. Alors nous attendons de le rencontrer, alors, nous attendons sa manifestation. Alors, nous sommes tendus vers lui, en veille, en éveil, en avent.
C’est le sens de cet avent qui s’ouvre. Qu’enfin, il vienne et nous rejoigne. Qu’enfin, sa présence accomplisse les prophéties, telle celle que nous avons entendue dans la première lecture : « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. » (Is 2, 4)
S’il est un moyen d’anticiper sa venue, s’il est un moyen de rendre un peu plus claire notre vision (2 Co 5, 7), c’est de vivre comme Jésus a vécu, répondant à Dieu, rendant grâce pour son amour premier, et répondant des frères, à l’inverse du refus fratricide de Caïn, « suis-je responsable de mon frère ? »
Consentir dans les actes à n’avoir pas l’initiative, mais à faire de toute notre existence une réponse, consentir à passer derrière parce que lui, et par lui tous les frères, sont premiers, cela lève le voile, révèle un peu de sa présence. Ce sont toutes les belles rencontres, même au creuset de la détresse, qui illuminent notre vie et nous soutiennent pour crier, avec les chrétiens des premières générations « Marana tha, Viens Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 16. 20 et 1 Co 16, 22)
Voilà notre avent. Quatre semaines pour réapprendre ce cri : « Viens, Seigneur Jésus, viens ! » Nous craquons, nous n’en pouvons plus d’attendre le Seigneur pour un monde réconcilié entre frères, nous n’en pouvons plus des haines, des violences, de la mort, et nous crions, « Viens Seigneur Jésus, viens ». « L’Esprit et l’épouse disent : "Viens !". »

22/11/2019

Aujourd'hui le paradis ! (Christ roi)


La royauté du Christ est un thème biblique assez technique. Il a été récupéré dans une logique de confrontation plus ou moins violente, selon les moments, entre l’Eglise et le monde moderne. Lors de l’institution de la fête du Christ roi de l'univers en 1925, le soviétisme se développe et l’on sort de la première guerre mondiale. Il semblait urgent de dire que celui qui gouverne l’univers, c’est le Christ, qu’un système politique ne peut se prévaloir d’offrir le paradis !
Dans les Ecritures, dans l’évangile, la royauté est un thème récurrent. Tous les jours ne redisons-nous pas : « que ton règne vienne » ? Notons qu’il s’agit du royaume de Dieu et non de la royauté de Jésus. Notons que, lorsqu’on veut prendre Jésus pour le faire roi, il s’esquive. « Jésus, se rendant compte qu’ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul. » (Jn 6, 15) Notons que dans le texte d’aujourd’hui (Lc 23, 35-43) c’est dans la bouche de ses adversaires que l’on trouve les termes de roi et de messie. « Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’élu ! » « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
La royauté, comme on le voit, est liée au messianisme. Le roi est messie parce qu’il a reçu l’onction. Le messie c’est, littéralement, celui qui a reçu l’onction. Et en grec, on dit Christ. La filiation davidique mais aussi la figure du nouveau Moïse servent à exprimer qui est Jésus en même temps qu’elles égarent. Jésus lui-même, par la rencontre des autres, la connaissance des Ecritures, la réflexion sur son action, la prière et la vie en présence de Dieu, a compris et construit sa mission à partir des cadres socio-théologiques disponibles. L’étude des titres qui lui sont donnés est décisive pour tâcher de saisir, à partir des courants de pensée contemporains qu’il a repris ou dont il s’est démarqué, ce qu’il a vécu.
Mais aujourd’hui, que signifie que Jésus est roi ? Et même qu’il est messie ? Quel sens cela a-t-il, alors que ces thèmes ne jouent plus aucun rôle ni dans la société ni dans la pratique habituelle, quotidienne de la foi ? En outre, la thématique du serviteur, autrement plus présente sur l’ensemble des paroles et gestes de Jésus, nous paraît davantage pertinente pour exprimer notre foi et ce à quoi elle nous engage. Même l’ambiguïté du contexte politique et idéologique qui préside à l’érection de la fête de ce jour, n’a pu empêcher de faire lire un évangile qui renverse la royauté !
Où Jésus est-il roi ? En quoi consiste son intronisation ? Quel est son trône ? Le trône de Jésus, c’est la croix. Son intronisation est sa mort. Sa royauté signe sa fidélité à ceux qui sont méprisés, rebus de l’humanité, parias, qu’ils soient coupables ou victimes. Jésus meurt comme eux, criminel ou maudit. Ceux qui, reprenant le psaume se moquent et ainsi accomplissent la prophétie, ceux qui le provoquent jusque dans ses prétentions messianiques, pas si explicites que cela dans les textes évangéliques, ne font que manifester l’injustice de sa condamnation, la méchanceté dont le cœur humain est capable, le contraire de ce qu’aura fait Jésus, regarder la misère d’autrui avec le cœur.
Il arrive qu’un roi soit injustement traité, soit tué comme un moins que rien. L’évangile de Luc raconte autre chose. C’est à la croix que Jésus est roi et messie, qu’il reçoit l’onction et est intronisé. Nulle part ailleurs ce thème est à ce point développé. La royauté de Jésus, c’est la folie du salut : même suspendu au gibet, l’homme Jésus, et par lui tout homme, est roi. Rien n’est à ce point méprisable ou perdu qu’il ne demeure, dans cet instant même, un roi, disons, en des termes plus actuels, que sa dignité humaine ne demeure : N’est-ce pas exactement le sens de la déclaration de Jésus : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi en paradis. »
Vocabulaire mythologique du paradis. Affirmation, promesse assurée, foi de ce que rien, « ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 20). C’est cela le paradis. Pas besoin d’attendre la mort, la mort infamante. Dès lors que l’on regarde avec le cœur les autres en misère, même au plus fort de l’enfer, ainsi que le raconte ce texte, nous vivons, si vous voulez en paradis, nous vivons avec Jésus, aujourd’hui même.

19/11/2019

Les émissions sur les victimes de l'Eglise

Les dérives sectaires et les abus de pouvoir, l’emprise spirituel et les crimes et agressions sexuels doivent être dénoncés implacablement. Non seulement les victimes y ont droit, mais l’Eglise ne pourra survivre qu’à cette condition, nécessaire à défaut d’être suffisante.

Est-il possible, sur le fond de cette prémisse, d’interroger les victimes, lorsqu’elles sont majeures et non-vulnérables (uniquement dans ce cas) ?

1. Dans nombre de reportages est annoncé que la personne dont il s’agit est « très croyante ». Qu’est-ce que veut dire cette expression passe-partout ? Qui juge du « très croyant » ? La personne elle-même ? C’est curieux et ressemble à la parabole du pharisien et du publicain. Ses proches ? La presse qui éventuellement n’y connait pas grand-chose ? Selon quels critères ? Cette expression, qui plus est dans la bouche de catholiques, fait problème. Je m’étonne que personne ne s’y arrête et qu’on la gobe comme évidente.

2. J’étais engagé chez les Scouts de France dans les années Preynat, chef puis animateur départemental comme on disait, précisément sur le territoire où se trouve la paroisse St Luc. Nous entendions régulièrement les bons catholiques, et bourgeois, nous mettre en accusation, car nous n’étions pas comme les scouts de Preynat, si bien, eux. Ce ne sont pas que les ecclésiastiques qui ont couvert Preynat. Ce sont les bourgeois de Sainte Foy lès Lyon et alentour (dont des parents qui pour certains refusaient de voir pour des raisons idéologiques, et ont organisé la défense de Preynat. A ce sujet j’ai quelques anecdotes sous le coude, et le livre d’I. de Gaulmyn est bien trop cul et chemise avec tout ce petit monde pour être juste, alors même qu’il a déjà beaucoup apporté !). Qui en parle ? Ils n’étaient pas bernés par Preynat. Ils étaient tellement accrochés à leur idéologie que tout ce qui s’en écartait était mensonge ou danger. Ce n’est pas une affaire de manipulation, cela. C’est un milieu qui doit être mis en accusation. Mitterrand venait de prendre le pouvoir et 68 devenait la bête-noire de tout ce petit milieu. Celui qui aujourd’hui encore, prétend savoir mieux que tout le monde ce qui est bon pour l’Eglise.

3. Dans les mêmes années, j’étais séminariste. La communauté nouvelle à l’époque et dans le coin qui se présentait et était présentée par les mêmes bourgeois comme le salut de la pastorale et de l’Eglise, c’était les Petits Gris. Leurs enfants n’entraient plus chez les jésuites, mais à Saint Jean. (Je peux fournir des exemples.) Quelques années plus tard, les séminaristes passés par Paray-le-Monial, qui n’avaient donc pas suivi mes cours, me reprochaient de ne pas enseigner MD Philippe au séminaire. Je me suis fait des ennemis et mon mandat n’a pas été renouvelé par l’évêque de Lyon. Un certain Cardinal Barbarin. Toujours une affaire de bons bourgeois.

4. Qui en France, en dehors des bourgeois, allait et va chez les Légionnaires, à l’Emmanuel, dans nombre de communautés nouvelles ? Je suis surpris que l’on instruise le procès de l’Eglise et non celui d’une classe sociale. Ce n’est pas exclusif d’ailleurs. Mais Marx a été trop vite enterré en 1989. Ce qui se passe dans l’Eglise, ce n’est pas seulement la crise d’un clergé criminel et/ou complice par non-dénonciation, (je le redis, à poursuivre implacablement, j'ai aussi perdu pas mal de plume dans mes dénonciations dudit Barbarin !) c’est la folie de la mainmise de la droite conservatrice sur l’Eglise. Je suis étonné de n’en voir nulle part la dénonciation.

Regardez d’où sortent les prêtres et les évêques aujourd’hui ; et l’on comprendra l’impossibilité des réformes.

15/11/2019

Quelle mission aujourd'hui ? (33ème dimanche)



Qu’est-ce que la mission aujourd’hui ? La question se doit d’être posée alors que les disciples de Jésus sont de moins en moins nombreux dans nos pays, et que la déchristianisation guette aussi les pays du Sud qui aujourd’hui, par leur démographie, continuent à faire croître le nombre de chrétiens dans le monde.
Les causes de la déchristianisation sont multiples. J’en note quatre qui me paraissent jouer plus que les autres. Premièrement la liberté de conscience et la liberté religieuse : plus rien n’oblige à croire. Deuxièmement, le recul de la misère économique et de la violence guerrière. Après plus de soixante-dix ans sans guerre sur le territoire national, plus de deux générations, même si la pauvreté demeure élevée dans nos pays ‑ 14% de la population en France ‑, et que le sentiment de précarité augmente, on a moins besoin de crier vers Dieu. Troisièmement, le ciment social qui, peut-être, fait défaut n’est plus la religion. Le monde est régi par des lois scientifiques, y compris en économie, du moins le pense-t-on, ; ce qui ne sert à rien n’a aucun intérêt. Quatrièmement, l’Eglise est d’une part ouvertement contestée et accusée, à juste titre, et d’autre part elle est objet de ressentiment. La crise des abus sexuels, qui ne concerne pas que l’Eglise, le manifeste éloquemment.
Beaucoup vivent la déchristianisation comme une catastrophe, du moins parmi les chrétiens ou les anciens chrétiens. Cela ne les empêche pas d’avoir un rapport très distant avec la vie chrétienne. J’entendais un monsieur se plaindre du « grand remplacement » par les musulmans, thèse, soit dit en passant, d’extrême droite dont on s’étonne qu’elle soit reprise par des disciples de Jésus. Avant de se plaindre du soi-disant remplacement, ce monsieur ne devrait-il pas contraindre ses enfants et petits-enfants à fréquenter les églises ?
La religion est assimilée au merveilleux, ainsi l’émerveillement des enfants à Noël, et la nostalgie des adultes pour cet émerveillement. Ce serait cela la foi. Ce serait cela qu’il faudrait perpétuer. Parler de la mort de Jésus, c’est plus compliqué. On attend de la religion qu’elle fasse rêver… alors même qu’on l’accuse de surfer sur l’illusion au point que même les chrétiens savent rarement répondre aux remises en cause de l’existence historique de Jésus.
Sombre tableau ? Pas sûr. La déchristianisation est une chance pour l’évangile. Il en ressort dans sa pauvreté provocante, dans sa vertu critique désarmante. L’Eglise ne gagnera plus de parts de marché par la force du prestige. Elle n’aurait jamais dû jouer cette partie !
L’évangile de ce jour (Lc 21, 5-19) le dit explicitement. Le merveilleux et la puissance n’ont rien à voir avec l’évangile. La beauté des temples ou des églises, les prophètes qui disent venir au nom de Jésus et remplissent les mouvements sectaires y compris au sein de l’Eglise catholique – et quelques décennies plus tard, ils se retrouvent devant les tribunaux –, rien de tout cela n’a à voir avec l’évangile. « Ne marchez pas derrière eux ! » Et l’évangile décrit avec une précision de reportage ce que nous voyons : dérèglement climatique, catastrophes apocalyptiques, guerres et même l’oppression des chrétiens, 4 300 en 2018, surtout en Afrique, continent de la supposée relève pour l’Eglise !
La mission qui nous incombe est premièrement de consentir à un retour à l’évangile, l’évangile dans sa pauvreté et sa radicalité. Rien, pas de fioritures, pas de merveilleux ni de rêve pour le faire avaler. La crèche est une prédication de la mise au tombeau. Si l’évangile n’est pas crédible, n’est-ce pas, finalement, qu’il ne change pas grand-chose dans nos vies ?
La mission nous convoque deuxièmement à l’hospitalité de Jésus, à sa commensalité. Nous sommes avec lui engagés en vue de la fraternité. La lutte pour la dignité de toute personne humaine, expression de l’amour que nous avons les uns pour les autres, est l’unique manière de faire signe vers Dieu. C’est à cela que sont reconnus les disciples. (Jn 13, 35)
La mission ne vise pas à faire de toutes les nations des disciples, mais à ce que, en tout lieu, des disciples soient ferments du royaume, fraternité née de la paternité de Dieu. Le ferment ne garde sa vertu que si les disciples sont attachés à Jésus comme le sarment au cep (Jn 15). La mission troisièmement nous oblige à une conversion jamais achevée. Comment l’écoute de Jésus nous tourne-t-elle vers le Père ? C’est-à-dire ‑ les illusions n’ayant plus d’avenir ‑ comment Jésus nous tourne-t-il vers les autres, dans la communauté qui nous engendre ‑ on n’est pas chrétien tout seul, et le baptême, le nom de chrétien aussi, nous les avons reçus des autres ‑ vers les autres auxquels nous devons faire signe.
Le modèle de la vie religieuse, y compris sous sa forme monastique, s’impose à la mission. Si des sympathisants de la foi ont toute leur place dans l’Eglise, et si les chrétiens ont une place dans la société, c’est par la prise au sérieux du baptême, à la racine, radicalement.


Traduction de Jean-François Garneau
What is mission today? The question must be raised anew more insistently than ever, given that the followers of Jesus are less and less numerous in our countries, and that de-Christianization is also watching the countries of the South which today, by their demography, continue to grow the number of Christians in the world.
De-Christianization causes are numerous. I mention four of them of the top of the list, since my belief is that they play a bigger role than most others.
First of all freedom of conscience and religious freedom: nothing forces us to believe anymore.
Second, the decline of economic misery and warlike violence. After more than seventy years without war on the national territory (France) –more than two generations--, and even if poverty remains high in our countries --14% of the population in France—and though the “feeling” of insecurity increases, we feel less of a need to cry to God out of the depths of our misery.
Thirdly, the social cement –which is perhaps lacking, but that’s another question-- is no longer to be made out of religion. The world is governed by scientific laws, including in economics –or, at least, so it is thought; what is useless has no interest (and religion is thought of as useless).
Fourthly, the Church is on the one hand, openly challenged and rightly accused and, on the other hand, is an object of resentment. The crisis of sexual abuse, which does not concern only the Church, manifests this state of affairs very eloquently.
Many are experiencing de-Christianization as a catastrophe, at least among Christians or FORMER Christians. This does not prevent them from having a very distant relationship with the Christian life. I heard a gentleman voicing the theory of the "great replacement" by Muslims, a thesis, incidentally, coined by the extreme right –which makes it astonishing that it should be taken up by self-proclaimed disciples of Jesus (or people pretending to speak on their behalf). Yet before complaining about this so-called “replacement”, should this gentleman not force his children and grandchildren to attend church, and practice the very religion he does not wish to see replaced?
Religion is likened to the marvelous –the wonder of children at Christmas--, and the nostalgia of adults for this wonder (the so-called Max Weber theory about the “disenchantment of the world”, which GK Chesterton also developed in a more literary than sociological tone). That capacity to believe in magic (or so these people believe) is what faith is about. “That” is what religion is meant to perpetuate. To speak of the death of Jesus, for them, is more complicated (better speak of his resurrection and turn it into a magic trick meant to refute incredulity –and therefore reinforce a magical view of religion). Religion is expected to make people dream ... often by the very same people who will then accuse it of surfing on the illusion that even Christians rarely know how to answer the questions addressed to them about the historical existence of Jesus.
Am I painting too dark a picture of our predicament? Not sure! One thing is sure, however, and it is that de-Christianization presents us with a great opportunity for the Gospel itself to be heard anew (as opposed to all those centuries of cultural sediments. It survives the de-Christianization process in its provocative poverty, in its disarming critical virtue. The Church will no longer gain market share by the force of prestige. She should never have played this part!
Today's Gospel (Lk 21: 5-19) says so explicitly. Wonder (magic) and power have nothing to do with the Gospel. The beauty of the temples or of the churches, the prophets who say they come in the name of Jesus, fill sectarian movements holier than everybody else (including within the Catholic Church), only to end up in court, decades later: None of this has anything to do with the Gospel. "Do not walk behind them! What the Gospel does describe, however, and with great precision reporting is what we can see all around us with our naked eyes: climate change, apocalyptic disasters, wars and even the oppression of Christians (4,300 killed in 2018 alone, especially in Africa, the continent of the supposed future growth of the Church)!
Our mission, in these circumstances, is to agree first to a return to the Gospel, the Gospel in its poverty and its radicality. Nothing –no frills, no wonder and no dream to sweeten the pill and make it easier to swallow. The manger is a preaching of the burial of Christ and what His death is meant to signify (that He be food for our animality). After all, if the Gospel is not credible, is it not, primarily because it does not change much in our lives?
The mission invites us secondly to the sort of hospitality that Jesus displays, to his commensality. We must be, with him, committed to fraternity building. The fight for the dignity of every human person, an expression of the love we have for one another, is the only way to draw attention to what God is. This is what the disciples are recognized for (John 13:35).
The mission (make disciples of all nations –Mt 28: 19) does not aim to make that all nations be disciples of Christ, it calls upon those called to ensure that, in every place (and from every place), there should be disciples of Christ who will act as ferments of the kingdom within those communities (nations), creating thus a fraternity born out our recognition of God (and only God) as our real Father, Dominus and Lord. That capacity to ferment nations (and to be the salt of the earth) will keep its fermenting virtue only if the disciples are attached to Jesus as the branches to the vine (Jn 15). The mission forces us therefore, and thirdly, to a never completed conversion towards the Father (God is Love) by listening to Jesus.
But how can listening to Jesus turns us towards the Father --that is to say (given that the illusions of our Christian past have been shown to be devoid of a future): How can listening to the Gospel turn sus towards one another, in the sort of community that can engender us as sons and daughters of the Father (for we are not Christians alone, and our baptism, as well as our very name of “Christian”, we have all received them from others) so that we all can be a sign to the others, outside of our midst (in all nations) to whom we must be a sign.
The model of the religious life, including in its monastic form, imposes itself on our mission. If sympathizers of faith have their place in the Church, and if Christians have a place in society, it is by taking baptism seriously, at its root, i.e.: radically.