23/03/2012

Qu'est-ce que la nouveauté de l'évangélisation ?

Quelle est la mission de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui ? Telle est la signification d’une interrogation sur l’évangélisation. Si nouveauté de l’évangélisation il y a, on ne le saura qu’en examinant ce en quoi la mission devrait consister. Et l’on ne peut répondre à cette question qu’en soulignant la mention du monde d’aujourd’hui.
On ne peut prétendre annoncer l’évangile si l’on ne connaît pas ceux auxquels on s’adresse. L’évangélisation n’est pas la même selon que l’on est au deuxième, au quinzième ou au vingt-et-unième siècle, selon que l’on s’adresse à des malgaches ou à des européens, à des milieux universitaires et scientifiques ou à des personnes sans accès à la culture livresque.
Cependant, paradoxalement, je ne partirai pas d’une analyse de ce monde pour dire la nouveauté de l’évangélisation. Cela, bien que fort légitime, pourrait laisser penser que l’évangélisation n’aurait de nouveauté que d’être à la remorque des changements du monde. Cela pourrait laisser penser que ces changements sont a priori bons, sont considérés comme des progrès. Je préfère ne pas entrer dans ce type de débats et partir des exigences internes de l’évangile et de sa proclamation. C’est l’évangile et sa proclamation qui nous apparaîtront, à nous hommes et femmes du XXIe siècle tout autant que disciples de Jésus, devoir exiger une nouveauté.
Dans un premier temps, je soulignerai que l’annonce de l’évangile relève plus de la déclaration d’amour que de l’enseignement d’une doctrine. Je le ferai en commentant le discours d’ouverture du dernier Concile par Jean XXIII. Dans un deuxième temps, comme une conséquence, nous serons amenés à prendre en compte l’historicité de la vérité et le tournant anthropologique de la théologie. Dans un troisième temps, une courte notre tournera notre regard du côté de celui auquel l’évangile est adressé comme une déclaration d’amour. Alors, en conclusion, nous pourrons caractériser la mission de l’Eglise, l’évangélisation, l’annonce de l’Evangile.

1. L’enseignement de l’Eglise : l’évangile
L’évangélisation ne se réduit pas à l’enseignement d’un message dont il suffirait de modifier la forme selon les époques et les lieux. Cela paraît d’ailleurs assez impossible, si le message c’est l’évangile. Quadrimorphe, l’évangile ne se résume pas en des formules à connaître. C’est dans l’écart instauré par les différences entre les quatre textes que se laisse entendre l’à jamais inouï de la bonne nouvelle. L’évangile ne se réduit pas aux quatre évangiles et ces vieux textes suscitent toujours de nouvelles lectures qui ne parviennent pas à l’épuiser, parce que l’évangile de Dieu, c’est Jésus lui-même.[1]
Lorsqu’il ouvre, il y a juste cinquante ans, le concile Vatican II, Jean XXIII demande à ce que la foi, ce qu’il appelle la doctrine authentique, soit exposée de manière pastorale, c’est-à-dire de façon à ce que l’on en saisisse le sens pour mener sa vie et non de façon érudite, scolaire ou technique, comme un savoir qui pourrait demeurer extérieur. Transformer l’évangile en enseignement et l’évangélisation en catéchisme, en cours de catéchisme ou en manuel plus ou moins scolaire, c’est faire de la vérité de la foi une leçon – potentiellement, très intelligente – alors qu’elle est une suite aventureuse : venez et vous verrez (Jn 1,39) mais soyez prévenus, le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête (Mt 8,20).
Il faut que cette doctrine authentique soit étudiée et exposée suivant les méthodes de recherche et la présentation dont use la pensée moderne. Car autre est la substance du dépôt de la foi, autre la formulation dont on la revêt ; et il faut tenir compte de cette distinction ‑ avec patience au besoin – en mesurant tout selon les formes et les proportions d’un magistère à caractère surtout pastoral.[2]
L’écoute de l’évangile et la prédication, l’évangélisation, sont entrée en dialogue ou ne sont pas. L’actualisation de la prédication n’est pas histoire de relookage qui laisserait le fond intact, immuablement sacré. A chaque génération, avec chaque personne, il faut recommencer le dialogue que Dieu mène comme avec ses amis. L’évangélisation, c’est comme l’éducation, toujours à recommencer. L’évangélisation ne se thésaurise pas ; elle est comme la manne qu’il faut ramasser chaque jour. On a cru que l’on était dans des pays chrétiens, des pays évangélisés et l’on a oublié de faire se rencontrer le Dieu qui s’adresse à chacun avec son peuple, et l’on a oublié que l’évangélisation était toujours à recommencer.
Le caractère pastoral de l’évangélisation selon Vatican II – et par conséquent le caractère pastoral du texte conciliaire lui-même ‑ n’est pas une couche de peinture qui mettrait au goût du jour l’antique doctrine. Pastoral signifie assurément contextuel, contingent, au sens où le dialogue que Dieu instaure avec l’humanité est toujours situé ; cependant cette contextualité, cette contingence, dit l’essence même de ce dialogue et, en ce sens, n’est absolument pas contextuel. Le paradoxe n’est pas contradiction ; il exprime le paradoxe de la foi, celle d’une Dieu éternel qui se révèle dans l’histoire. Il est impossible de parvenir au cœur de la foi indépendamment d’une situation dans laquelle on cherche à le dire. On ne peut pas plus distinguer le fond de la forme de l’évangile, de l’évangélisation, que d’une déclaration d’amour.
La pastoralité est la clef qui ouvre le sens de la doctrine. Qu’est la vérité de la Trinité tant qu’on la considère comme une opinion ou même un dogme ? La vérité du dogme trinitaire, dans son intelligence, ne s’ouvre qu’à ceux qui, par grâce, et dans la communauté, ont reconnu que Dieu le premier les a aimés (1 Jn 4,19). La doctrine n’est vraie, jusque dans sa rationalisation la plus radicale, qu’à être amour. Nous avons connu l’amour et nous y avons cru (1 Jn 4,16).
L’évangile est pour, comme le Christ est pour. C’est mon corps pour vous. Pour nous les hommes et pour notre salut. Un message privé de son destinataire n’est que rarement compréhensible. L’évangile n’est pas une recette ou un mode d’emploi. L’évangile s’apparente à une déclaration d’amour et à un acte d’adoption. Que serait l’amour ou la filiation sans alliance, sans partenariat, sans dialogue. La vérité de l’évangile est dialogale, elle est testamentaire. On ne saurait opposer doctrine et pastorale[3], comme s’il y avait la vérité doctrinale d’un côté et l’adaptation pastorale, nécessaire vulgarisation, appauvrissement. On peut penser que si nos amis, nos enfants, et tant de ceux que nous aimons ne partagent pas la foi, ce n’est pas tant qu’ils la rejettent, mais qu’ils n’ont pas compris de quoi il s’agit, qu’ils n’ont pas vu qu’on s’adressait à eux.
Le caractère pastoral de l’enseignement dont parle Jean XXIII désigne la seule façon d’envisager l’évangélisation à la suite du Dieu qui s’est lui-même fait connaître aux hommes. Ainsi s’exprime à son tour la constitution dogmatique sur la révélation : « Le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis, il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. »[4] C’est pourquoi nous pouvons dire, avec Paul VI que « l’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Eglise se fait parole ; l’Eglise se fait message ; l’Eglise se fait conversation. »[5]

2. L’historicité de la vérité
Le discours de Jean XXIII peut-être considéré comme la véritable charte du concile[6], « la clef pour comprendre le reste »[7]. Ses conséquences sont grandes et l’on tient peut-être la plus grande nouveauté du dernier Concile, dont il n’était sans doute pas conscient, la prise en compte non pas de l’histoire, mais de l’historicité[8], le fait que l’être de l’homme – et l’être de Dieu si l’on ose parler ainsi – n’est pas un invariant dans des contextes fluctuants, mais que le mouvement fluctuant du temps est un composant de cet être. Le temps est une manière d’être, de comprendre, de vivre. Nous avons aujourd’hui une conception pluraliste de ce que signifie être homme et femme. Le sens de notre humanité n’est pas donné, une fois pour toute, dans un état de nature ou une révélation. Il n’est pas non plus au devant de nous, dans une sorte de manifestation du grand soir. Le sens de notre humanité est une tâche, un devoir[9].
Etre, pour l’homme, cela ne veut pas dire être un animal rationnel. Cela veut dire être un vivant qui a la parole, autrement dit, un vivant qui découvre, à la différence des autres vivants, ce qu’il a à être en tentant de comprendre le monde qui l’entoure, les autres et lui-même. En reléguant une vision qui paraît désormais statique de l’être de l’homme, je ne prétends évidemment pas corriger l’Antiquité ni la période dite Moderne, d’Aristote à Descartes. Je constate que nous ne pensons plus de la même façon, ou du moins que les mots qu’employaient les anciens ne font plus sens pour nous[10]. L’homme est devenu à lui-même une question. Il ne lui suffit plus de savoir des choses, il faut qu’il perçoive en quoi cela le concerne. Le pluralisme culturel, servi sur un plateau par la facilité des transports et l’accès aux medias, ne fait qu’en rajouter au fait que l’existence est une existence questionnée.
Si la foi ne rejoint pas l’être de question, l’être de projet, elle ne fait pas sens, elle est insensée, indépendamment de toute mauvaise foi, de tout refus explicite, de tout combat idéologique athée. Ils sont très rares finalement les Michel Onfray à passer leur temps à détruire la foi. Nous n’en connaissons sans doute aucun personnellement. En revanche, et très près de nous, nous vivons avec des tas de gens pour qui l’évangile ne fait pas sens, ou alors au mieux comme un héritage culturel, ce qu’il est certes, mais de façon bien secondaire.
L’être de l’homme comme projet, comme devoir être fait de l’évangile une manière pour l’homme de répondre à ce projet, à ce devoir être. L’évangile et l’évangélisation sont humanisation ou ne sont pas. Avant même de savoir ce qu’est être homme, c’est-à-dire quel modèle d’humanité on vise, importe le service de cette capacité à être auquel Jésus-Christ s’est mis. Jésus n’a pas commencé par imposer un type de civilisation, un type de morale. Il s’est mis au service. Il n’est pas venu pour que les hommes croient en lui, mais pour qu’ils soient vivants. Il ne semble pas avoir conditionné le salut. L’évangile est sans condition le Dieu qui s’offre pour que les hommes aient la vie, à commencer par les pécheurs.
Il faut souligner un autre point du discours de Jean XXIII qui illustre la situation de pluralisme et met en évidence l’historicité de la vérité. Appliquer les méthodes modernes à l’enseignement de la foi, ainsi que le recommande le Pape, cela veut dire lire la doctrine avec les instruments sécularisés et non plus comme les partisans d’une idéologie à défendre, avec des méthodes qui leur seraient propres. Non qu’une herméneutique proprement chrétienne de l’enseignement chrétien serait de facto disqualifiée[11], mais elle ne sera possible qu’à condition de se confronter à d’autres lectures, à d’autres méthodes. On peut parler d’une sécularisation méthodologique dont le gain le plus grand pour l’herméneutique théologique elle-même réside dans le fait que l’on ne plus parler anhistoriquement de la vérité chrétienne.
L’évangile a une histoire, son annonce a une histoire, sa tradition est une histoire. Nous ne pouvons plus affirmer que Jésus a institué l’Eglise et que cette Eglise est celle que nous connaissons sans préciser que Jésus n’a sans doute jamais parlé de l’Eglise et que quand lui et surtout ses disciples ont parlé de l’Eglise, cela ne ressemblait pas du tout à ce que nous connaissons. Affirmer que l’Eglise telle que nous la connaissons est d’institution divine requiert le détour par l’interprétation théologique et historique.
Cette prise de conscience de l’historicité, de la féconde tension entre histoire et dogme, nous oblige à revenir à ce l’on n’a pas toujours vu ni compris, à savoir qu’il n’y a de connaissance de Dieu que par une connaissance de l’homme, que la théologie est anthropologie[12]. Certains ont dénoncé une sorte de désacralisation de la foi. Ils ont regretté l’anthropocentrisme du concile. Mais depuis que Dieu s’est fait homme, le chemin de la connaissance de Dieu passe par l’humanité.
Le monde moderne est sécularisé et ne se pense plus par rapport à Dieu, mais c’est l’évangile lui-même qui semble exiger une sorte de sécularisation de sa propre annonce. Certains sociologues parlent de « sécularisation interne du catholicisme »[13] ; certes, l’évangile exprime la foi mais dans une culture non-religieuse. D’autres parlent de « la sortie du catholicisme »[14] par l’Eglise catholique. L’Eglise catholique n’est pas liée à la forme sociale et politique du catholicisme. Nous ne pouvons confondre évangile et modèle social, même chrétien, évangile et civilisation, même chrétienne.

3. Un dialogue, deux interlocuteurs
Ces réflexions nous ont permis de dire que l’évangélisation est
- un dialogue, une rencontre, dérivée du dessein d’alliance de Dieu lui-même avec les hommes
- est une histoire d’alliance, ce que le vocabulaire biblique exprime sous les schèmes conjugaux, amicaux ou filiaux, déclaration d’amour ou acte d’adoption
- est une affaire d’humanisation, permettant aux hommes de répondre à ce qu’ils ont à être, à la suite du Christ qui s’est fait le serviteur de la vie des hommes.
- toujours contextualisée, n’est limitée ou ne s’identifie à aucune forme de culture, de civilisation ou de morale.
Penser l’annonce de l’évangile comme un dialogue est plus surprenant qu’il y paraît. Si les chrétiens ont quelque chose à dire, ils le doivent dans le dialogue, ce qui signifie qu’ils ont aussi quelque chose à écouter.
La constitution pastorale Gaudium et spes en son numéro 44 estime que l’Eglise doit apprendre du monde. La distinction Eglise-monde comme deux entités extérieures l’une à l’autre est contestable. On aurait sans doute intérêt à dire que l’Eglise c’est l’humanité, et peut-être même le monde, en tant que sauvée. Mais acceptons cette facilité que suggère le modèle du dialogue.
Il est bien évident que les cultures qui ont reçu l’évangile, à commencer par celle du peuple Juif, sont celles qui ont donné ses mots à l’évangile. Mais ce n’est pas ce fait historique, sans cesse renouvelé, que je veux souligner ici. Ce sont aussi de cultures non croyantes voire adversaires de l’évangile que les chrétiens sont invités à apprendre.
L’Église, surtout de nos jours où les choses vont si vite et où les façons de penser sont extrêmement variées, a particulièrement besoin de l’apport de ceux qui vivent dans le monde, et en épousent les formes mentales, qu’il s’agisse des croyants ou des incroyants. […] L’Église reconnaît que, de l’opposition même de ses adversaires et de ses persécuteurs, elle a tiré de grands avantages et qu’elle peut continuer à le faire.
Il ne s’agit pas de faire de l’athée le héros des temps modernes. Le croyant est souvent bien plus critique[15] et l’athée est aussi un croyant, celui qui croit que Dieu n’est pas[16]. En cette affaire, personne n’a d’avantage sur personne. Qui sont les athées ? Sans doute pas une catégorie homogène de personnes. Adversaire de l’Eglise ne signifie pas de facto adversaire de l’évangile ; athée militant, philosophe ou libertin, indifférent ou agnostique, combien de postures difficilement comparables. Parlons de cette indifférence toujours plus réelle de ceux de nos familles, de nos voisins, de nos collègues de travail. Nous ne pouvons évidemment pas les considérer tous comme des dépravés ou des gens qui refusent de réfléchir honnêtement.
Il ne suffit pas de déplorer la fermeture des cœurs à la transcendance. C’est de toute façon, en un premier temps impossible, si l’on veut entrer en dialogue. Certes, des pans de la société veulent se débarrasser de Dieu et, sous prétexte de laïcité, sont anti-chrétiens. La déchristianisation ne reviendra pas en arrière. Elle gagne même du terrain. Mais l’évangile est trop discrédité comme force de conversion vues les basses œuvres des chrétiens hier et aujourd’hui pour que nous puissions commencer par faire la morale aux autres.
La posture de ceux qui, de multiples manières, ne reçoivent pas l’évangile nous convoque à la purification de l’expression et de la pratique de l’évangile. Est désormais un fait de l’expérience que l’on peut être homme, et très bien, sans Dieu[17]. La foi n’est plus même alors contestée dans telle ou telle de ses affirmations ou pratiques. Elle apparaît inutile. Elle n’a rien perdu de sa capacité à répondre aux exigences de la raison, mais elle n’a plus de raison. On ne peut pas dire qu’il soit stupide de croire, mais il n’y a pas de raison de croire. On ne croit pas pour être heureux puisque c’est possible autrement. Oserait-on alors affirmer que nous en avons besoin ? D’autres répondront que tel n’est pas leur cas.
La foi apparaît dans sa faiblesse. Mais c’est sans doute sa chance. Elle n’arrive plus avec le prestige de l’avantage, de la grandeur aux yeux du monde. La raison d’aimer Dieu, c’est Dieu même[18]. Nous ne savons pas dire autre chose que le fait d’avoir été saisi sans nous-mêmes saisir déjà (Ph 3,12). Non pas l’irrationnel de la foi, mais le refus de réduire l’évangile à un moyen en vue d’autre chose. Plus encore, critique radicale de tout utilitarisme, de tout ce qui ne connaît comme seul critère de jugement que l’utilité. Dieu ne sert à rien. Il s’offre par amour. Qui, ayant entendu cela, pourrait lui dire qu’il n’en a rien à faire ?

4. La mission de l’Eglise ou l’évangélisation aujourd’hui
Que devient la mission de l’Eglise dans un monde qui vit très bien sans Dieu, ou du moins qui ne vit pas plus mal avec ou sans Dieu ? Qu’est l’évangélisation, l’annonce de l’évangile ?
Si l’évangile est la gratuité, il ne peut s’imposer par quelque moyen de puissance que ce soit, miracle, prestige de telle ou telle personnalité ou vedette, dimension gigantesque de grands rassemblements, campagne de pub à la manière d’un marketing, etc. Il ne peut que s’offrir et n’a rien à démontrer. Il doit avancer démuni, ainsi que le Christ qui désarmait ses interlocuteurs par la manière désintéressée d’aller à la rencontre, espérant qu’une main saisirait celle qu’il tend.
C’est pourquoi l’Eglise n’a pas à se préoccuper d’elle-même. Elle aussi doit être désintéressée. L’annonce de l’évangile n’a pas pour but de christianiser le monde. L’annonce de l’évangile est préoccupée seulement par la rencontre avec ceux qui pour l’heure n’ont pas encore réussi à l’entendre comme une bonne nouvelle. L’Eglise n’a d’autre chemin que celui de son Maître, et celui-ci n’a pas callé même devant la mort.
Faudra-t-il que l’Eglise, que nos Eglises meurent ? Je n’en sais rien. Elles sont déjà petit troupeau (LG 5 et 9, Lc 12,32) et doivent consentir à ce qu’elles sont. Ne doit pas leur importer leur devenir mais leur mission qui est celle du Fils : que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10,10).
Est-ce à dire que nous n’aurions pas à annoncer l’évangile ? Assurément pas. C’est la seule chose que nous ayons à faire, en nous approchant, désarmés, de tous ceux que nous aimons, c’est-à-dire de tous, car c’est tous que nous devons aimer.
L’évangélisation réside dans le service de l’humanité, dans le service de la fraternité. Le reste sera donné par surcroît. Cherchez le Royaume et sa justice, et le reste sera donné par surcroît (Mt 6,33, Lc 12,31). Nous savons bien que les hérauts de l’évangile sont les géants de la charité. La mission de l’Eglise c’est le service de la fraternité. C’est en étant au service d’une humanité fraternelle qu’elle annonce l’évangile : Dieu en son Fils fait de nous tous des frères, fait de nous tous ses enfants.
Alors notre mission interroge notre fraternité, entre nous, déjà rassemblés. Est-ce bien cela une communauté chrétienne ? Est-ce une fraternité ? Le caté, la prédication, la messe du dimanche, que sais-je encore, est-ce une fraternité ?[19] Vivre en frères est notre mission si c’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que nous serons reconnus comme ses disciples (Jn 13,35). C’est cela l’évangélisation. L’Eglise est anticipation et signe du Règne.
Cependant il est bien clair que le but de cette fraternité n’est pas la constitution d’une fraternité séparée, bien chaude, à l’abri du reste. Le devenir de l’Eglise n’est pas notre affaire. La fraternité de l’Eglise est service de la fraternité humaine. Il n’y a qu’une fraternité humaine au service de laquelle l’Eglise est engagée. Construire la fraternité est sa mission, sa manière de répondre à la vocation reçue du Seigneur. Le service du frère est l’unique et véritable culte et la liturgie n’est que l’expression en quelque sorte métonymique de ce culte.
Mais l’Eglise n’est pas la seule à construire la fraternité. Il y a ailleurs aussi de la fraternité et la mission de l’Eglise, l’évangélisation, c’est encore de nommer les signes de fraternité, repérer la fraternité, relever les signes des temps. Le Seigneur Jésus peut n’être pas reconnu, peu importe. Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25,40). Nous sommes au service de la manifestation de la fraternité. Cela signifie, négativement, que nous sommes aussi tenus de dénoncer l’injustice. L’évangile n’a rien perdu de sa puissance critique et sa force éthique.
La nouveauté de l’évangélisation n’est pas nouvelle, parce que la nouveauté de l’évangile n’est pas une affaire de date, hier, aujourd’hui ou demain ; elle est celle de l’homme nouveau (Ep 2,15 ; 4,24) qui fait toute chose nouvelle (Is 43,19 ; 2 Co 5,17 ; Ap 21,5). La nouvelle évangélisation, c’est la nécessité pour l’Eglise de s’engager dans une conversion, afin d’être remise en face de sa mission, la fraternité, de se déposséder d’elle-même et d’annoncer par la pratique de la justice la paternité de celui qui en son fils fait de tous les hommes ses enfants d’adoption. La nouvelle évangélisation ne réclame pas tant que nous sortions de nos sacristies, que nous organisions des choses, que nous osions prendre la parole. Elle exige notre conversion, le renouvellement de nos manières de penser (Rm 12,2), y compris en pastorale, de tout ce à quoi nous tenons tant, de nos découpages paroissiaux, nos manières de faire, nos coutumes. Il nous faut mettre l’évangile avant nos habitudes même les meilleures, avant l’Eglise et sa visibilité.


[1] Expression de Paul VI dans son exhortation apostolique de 1975 Evangilii nuntiani § 7.
[2] Traduction du texte italien donnée par C. Theobald, La réception du Concile Vatican II, I, Paris, Cerf, 2009, p. 255. Le texte latin publié par l’Osservatore Romano et traduit par la DC 1383 (1962) dit : « Il faut que cette doctrine [la foi catholique] certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ses vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. » Le texte italien du Pape a été cité par le Pape le 23 décembre de la même année, lui conférant ainsi un statut certain, autre que celui d’une traduction défectueuse (DC 1931 (1963), p. 101).
[3] C. Theobald, La réception du Concile Vatican II, op. cit., p. 255.
[4] Dei Verbum 2 (avec renvois à Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15 et Ba 3,28).
[5] Paul vi, Ecclesiam suam (6 août 1964). La citation constitue à elle seule le n°67 dans l’édition française.
[6] A. Wenger, Vatican II, chronique de la première session, Centurion, Paris 1963, p. 38
[7] J.-B. Montini, « Lettre du Concile », L’Italia, 14 octobre 1962, cité par A. Wenger, op. cit., p. 69.
[8] Cf. M.-D. Chenu, « Vérité évangélique et métaphysique wolffienne à Vatican II », RSPT 57 (1973), pp. 632-640.
[9] Cf. « La conscience n’est pas origine mais tâche. », P. Ricœur, Le conflit des interprétations, Seuil, Paris 1969, p. 109.
[10] Cf. la périodisation établie par K. Rahner, dans le volume XIV des Schriften justement à propos du tournant conciliaire, citée par C. Theobald, op. cit., pp. 513-514, la courte période du judéo-christianisme, la longue présence de l’Eglise dans la culture européenne, l’entrée dans une ère du pluralisme. On retrouve cela dans K. Rahner, Le courage du théologien, Cerf, Paris 1985, pp. 223-224.
[11] N’allons pas croire que parce que ces méthodes seraient modernes elles seraient, elles, dépourvues d’idéologie ; elles seraient elles, neutres. Non, aucune méthode scientifique ne rend la réalité telle qu’elle est mais répond toujours déjà à une interprétation ou au minimum un point de vue sur la réalité. Mais si l’on use des méthodes modernes pour lire le dogme chrétien, on partagera avec nombre de contemporains la possibilité d’un point de vue commun. La foi n’a rien à craindre d’un regard qui se veut scientifique. Les erreurs seront dénoncées, certes, mais c’est le chemin d’une conversion de toute façon indispensable. Les indices de vérité seront mieux compris, et ce n’est que service de l’évangile.
[12] K. Rahner, « Humanisme chrétien », Ecrits théologiques 10, DDB / Mame, Bruges 1970, p. 51 : « Il n’y a plus pour le christianisme de théologie qui ne soit en même temps, sans mélange et sans séparation, une anthropologie. »
[13] Cf.F.-A. Isambert, « la sécularisation interne du christianisme », Revue française de sociologie 17 (1976), pp. 573-589.
[14] H. Legrand, « Relecture et évaluation de L’histoire du concile Vatican II d’un point de vue ecclésiologique », Vatican II sous le regard des historiens, Mediasèvres, Paris 2006, p. 60.
[15] On ne saurait oublier que les premiers chrétiens furent souvent condamnés pour athéisme. Cf. P. F. Beatrice, « L’accusation d’athéisme contre les chrétiens », Hellénisme et christianisme, Presses universitaires du Septentrion, 2004, pp. 133-152.
[16] Cf. S. Germain, Rendez-vous nomades, Albin Michel, Paris 2012, p. 73.
[17] Cf. E. Jüngel, Dieu mystère du monde, Fondement de la théologie du crucifié dans le débat entre théisme et athéisme (1977), Paris, Cerf 1983, pp. [19-21] : « L’homme peut être humain sans Dieu. Le critère de la nécessité et de la réalité propres à l’homme n’est plus Dieu ; l’homme se comprend, que ce soit comme hasard ou comme nécessité, à partir de soi-même. Et voilà pourquoi il pose à son tour la question : Dieu est-il nécessaire ? […] En face de cela, j’ose affirmer que la découverte de la non-nécessité mondaine de Dieu peut être exploitée par la pensée théologique d’une manière authentiquement théologique et qu’on peut même y voir une découverte authentiquement théologique, non pas évidemment pour revendiquer à son profit une priorité historique, mais simplement pour rappeler à la théologie le caractère vraiment théologique de cette vérité. »
[18] Bernard de Clervaux, Traité de l’amour de Dieu, I,1.
[19] L’article de J. Ratzinger, « Fraternité » Dictionnaire de spiritualité V, Beauchesne, Paris 1964, col 1147 et 1151 demeure une référence sur la fraternité comme titre ecclésial après 1 P 2,17 et 5,19.

9 commentaires:

  1. 1 -

    Il m'est arrivé de vous critiquer, parfois de façon forte, raison de plus vous dire mon appréciation globale pour ce texte. Puissiez-vous être entendu par vos pairs dans la justesse de votre analyse. (et cela m'étonnerait…)
    Cependant il y a loin de la coupe aux lèvres, en particulier lorsqu'on constate que des pratiques réifiées perdurent et même s'accentuent chez des rares jeunes qui cherchent un engagement dans l'église catholique.

    Sur ce fond global d'appréciation positive, je me permets quelque remarques sélectionnées parmi d'autres que j'aurais pu formuler.
    ———

    "Si la foi ne rejoint pas l’être de question, l’être de projet, elle ne fait pas sens,"

    Encore faudrait-il que les gens d'église commencent par avoir « foi » en l'homme, en son être profond, plutôt que de considérer que l'homme ne vaut pas grand-chose, si ce n'est rien, surtout s'il n'est pas adepte de votre église. Voilà ce qui concourt à votre déclin, par exemple, et pour être concret, lorsqu'on entend un responsable d'église déclarer au cours d'une homélie : « ce psychologue est dangereux, il croit en l'homme, alors qu'il faut croire en Dieu ».
    Le Fils de l'Homme a dû se retourner dans sa tombe ! (Car finalement on ne cesse de le remettre au tombeau…).
    Car, comme vous le dites avec justesse. "Il n’est pas venu pour que les hommes croient en lui, mais pour qu’ils soient vivants."

    ———
    Affirmer que l’Eglise telle que nous la connaissons est d’institution divine requiert le détour par l’interprétation théologique et historique.

    Pour ma part je n'y vais pas par quatre chemins.Je considère que l'église que j'ai connue ne peux être d'inspiration divine. J'ai dû m'en extraire, l'extirper de mon psychisme, pour enfin, peut-être, rencontrer Jésus et son Évangile.
    Je relate actuellement cette histoire personnelle sur mon nouveau blog. Quand je vois les commentaires laissés par les personnes, je constate que je suis loin d'être le seul, et d'ailleurs des millions de Français ont déserté…
    Ce en quoi ils ont eu raison.
    (...à suivre...)

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  2. … Adversaire de l’Eglise ne signifie pas de facto adversaire de l’évangile ; athée militant, (…) Nous ne pouvons évidemment pas les considérer tous comme des dépravés ou des gens qui refusent de réfléchir honnêtement.

    Ce paragraphe en dit long quand même sur la perception que votre église se fait habituellement des mécréants que nous sommes… Le diable en personne ! C'est pourtant en priorité à tous ces gens-là que Jésus s'adressait. Il vilipendait plutôt les « croyants de l'époque », tellement bardés de leurs certitudes inébranlables, qu'ils étaient étouffés par leur propre suffisance. Combien de curés que j'ai rencontrés sont ainsi plus de 2000 ans après…
    Si certains ont changé, c'est parce qu'ils ont pris conscience de l'absence totale de leur crédibilité au XXIe siècle. Ils ont peut-être changé de comportement, mais n'ont certainement pas changé leur coeur tel qu'il fut formaté au séminaire dans leur jeunesse… J'en ai encore eu un exemple tout récemment à l'occasion d'une rencontre fortuite de l'un d'eux.

    Plus loin dans votre texte, vous posez la question : Faudra-t-il que l’Eglise, que nos Eglises meurent ?
    j'aurais tendance à répondre largement : oui !
    En effet, il me semble, au point où vous en êtes arrivés, que les choses sont tellement compromises pour ne pas dire corrompues, qu'il vaudrait mieux que tout cela disparaissent, comme on démolit une maison atteinte par la lèpre et les champignons, plutôt que de tenter de la restaurer, car alors, la contamination ne tarderait pas à reprendre…
    Et d'autant plus qu'il est évident que trop souvent cette église frise le contre témoignage, et, que plus d'une fois, elle l'incarne totalement. (Je voyais tout récemment une cérémonie ou un prélat catholique bénissait les chiens-chiens-à-sa-mémère, lors de je ne sais quelle rencontre chicos de ces dames… N'a-t-il donc que cela à faire pour annoncer l'Évangile ?)

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    La mission de l’Eglise c’est le service de la fraternité. , dites-vous.
    La mission de la laïcité républicaine est exactement la même. L'engagement de ceux que vous appelez athées et qui oeuvrent, comme ils peuvent, au service de leurs semblables et largement aussi noble que celle que vous vous définissez.

    D'une certaine manière, vous avez totalement « raté le coche » de la rencontre avec le monde déchristianisé qui vous entoure.
    À déclarer sans cesse que vous détenez la Vérité des Vérité sur tout, cela ne peut que stériliser le dialogue.
    Dans le meilleur des cas, ou peut-être faudrait-il dire dans le plus mauvais des cas, vous « faites semblant » d'entrer en dialogue, mais ce n'est, au final, que pour aboutir au monologue hégémonique qui cherche sans cesse à convaincre de cette fameuse Vérité, obnubilés que vous êtes par l'idée qu'il faut ramener au troupeau la brebis égarée que je suis, ainsi que mes semblables…

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  3. 3-


    Alors certes, je reconnais dans votre texte un certain nombre de passages qui me rejoignent, et un certain désir d'ouvrir d'autres chemins que les impasses vers lesquelles l'église continue de se diriger, avec sans doute les meilleures intentions du monde.
    Sans doute faut-il que quelques-uns prêchent dans le désert… Mais il n'y a plus grand monde pour les entendre…
    Ceux que vous avez assoiffés, en ne leur montrant pas la source de vie qui coule en eux, mais en les déshydratants avec de paroles desséchées, moralisatrices et désespérantes, ainsi que des pratiques cultuelles vides de sens pour eux, sont partis ailleurs.
    Ils sont partis là où coulent d'autres eaux, malheureusement le plus souvent frelatées et polluées, et qui ne désaltèrent pas comme l'eau vive intérieure dont on leur avait fait promesse.
    En quelque sorte vous êtes passés à côté de votre mission.

    Et voyez-vous, cela me désespère moi-même beaucoup, et je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine amertume, parce que j'aime Jésus.

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  4. Faut-il répondre ? Le puis-je ?
    Marginalement, je saisis deux de vos remarques, ce qui ne veut pas dire que je ne retiens pas le reste.
    1. A propos de l'athéisme. Pas certain qu'il n'y ait que l'Eglise pour stigmatiser l'athéisme. Il se pourrait que les athées eux-mêmes se soient aventurés de ce côté. Du moins certains d'entre eux. La critique n'est pas toujours du côté que l'on croit, et parfois, l'Eglise est bien plus critique que ceux qui se prétendent ses opposants.
    L'athée est un croyant comme un autre. Il croit que Dieu n'est pas. Mais il le croit. Car cela ne relève pas d'un savoir, matérialisme dialectique ou autre, quoi qu'on en ait dit.
    2. Quant à la République, si mission elle a, elle se l'est donnée. Ce n'est pas tout à fait une mission, du moins reçue. Je voudrais être certain que la République ait autant que l'Eglise le souci du service de la fraternité, quels que soient les errements, non excusables, de l'Eglise. Mais vous remarquerez que dans mon texte, l'Eglise n'a pas le monopole de la fraternité. Appartient aussi à sa mission de repérer, comme signe des temps, la fraternité où qu'elle se trouve.
    Par ailleurs, je voudrais être certain que la République prend autant soin de sa mission que l'Eglise. Aujourd'hui, l'Eglise se lève pour contester les discours politiques qui spolient la République et tuent la fraternité. Elle n'est pas la seule, mais elle y est. Aujourd'hui, l'Eglise se retrousse les manches dans les associations, confessionnelles ou non, pour la fraternité. Elle n'est pas la seule, mais elle y est.

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  5. Faut-il répondre ?
    Bien sûr qu'il faut répondre… Pour une fois que quelqu'un commente… Sinon vous demeurez dans un discours ex cathedra.
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    Je relève ceci, qui m'interpelle :
    Quant à la République, si mission elle a, elle se l'est donnée. Ce n'est pas tout à fait une mission, du moins reçue.

    Il est vrai que l'église considère qu'elle exécute un ordre divin d'annoncer l'Évangile.
    Quel est alors selon vous le système politique et social ( Dont on ne peut se passer), qui convienne à un « monde évangélisé » ?

    La république vous apparaît-elle comme un « déviance » au regard de l'ancien régime, c'est-à-dire une monarchie de droit divin détenant son autorité et sa légitimité de la volonté de Dieu ?

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  6. Qu'est-ce qui vous laisse penser que la République me paraîtrait une déviance ? Je ne crois pas avoir jamais laissé entendre cela.
    Ce n'est pas parce que la mission de la République ne me paraît pas relever du même genre de missions que celle de l'Eglise, que je la déprécie.
    Vous y allez bêtement dans le procès d'intention. Vous avez d'ailleurs oublié la la ploutocratie et la théocratie dans votre liste.

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  7. Pourquoi toujours botter en touche en prétendant que je vous fais un procès d'intention ?
    Je repose ma première question, à laquelle vous n'avez pas répondu, si toutefois vous acceptez de considérer qu'elle est sérieuse à mes yeux :

    Quel est alors selon vous le système politique et social ( Dont on ne peut se passer), qui convienne à un « monde évangélisé » ?

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  8. Je n'ai pas répondu parce qu'il me semblait que cela allait de soi, surtout à lire mon texte. Mes compétences en philosophie politique sont plus qu'indigentes, de sorte que je ne saurais être précis. Il est clair qu'un régime politique digne de ce nom ne peut que donner la parole à ceux dont il a la charge de conduire la vie commune.
    Si je ne dis pas immédiatement la démocratie, ce n'est pas que je la rejette, loin s'en faut, je ne vois même pas comment imaginer autre chose. Mais d'une part elle a plusieurs formes, (Républiques, monarchies constitutionnelles) et d'autre part, et surtout, nous en connaissons trop les limites.
    Aussi, je voudrais être un démocrate aussi inconditionnel que critique. C'est même la critique qui rend possible la démocratie tant dans son fondement que dans son fonctionnement. Nous faire croire que les gesticulations sarkosiennes, les affaires Bettencourt ou Guérini, c'est la démocratie, ça non.
    Mais je ne comprends pas bien la nécessité où vous étiez que je sois aussi explicite...

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  9. A propos de ploutocratie, il faut sans doute préciser que nous y sommes quasiment. La démocratie est confisquée par les plus riches, les hyper-riches comme l'ont dit, et le président candidat aura été leur homme de main.
    La démocratie est le régime le plus fragile, il est possible que nous l'ayons supprimée en France et dans les pays dits riches sans même le savoir. C'est cela notre problème politique aujourd'hui, et non la confiscation du pouvoir par l'Eglise.
    Je redis cependant ce que j'écrivais : L’Eglise catholique n’est pas liée à la forme sociale et politique du catholicisme. Nous ne pouvons confondre évangile et modèle social, même chrétien, évangile et civilisation, même chrétienne.

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