16/09/2016

Voulons-nous vraiment la paix ? (25ème dimanche)

En ces temps de violence, mais en fût-il jamais autrement, la parabole de l’intendant malhonnête(LC 16, 1-13) est un encouragement. Si l’on s’est allié pour le pire, si l’on sait s’organiser pour tuer, recruter des enfants pour en faire des soldats, faire travailler des enfants pour payer des tee-shirts deux euros, on devrait pouvoir s’organiser pour la justice et la paix.
Les organisations internationales sont elles-mêmes trop souvent au service de ceux qui oppriment. On dénonce régulièrement le lobbying des intérêts industriels et financiers à Bruxelles, au mépris des citoyens, de la santé, de la sauvegarde de la planète. L’ONU est bloquée pour agir par exemple en Syrie. De fait, elle devient l’allié des terroristes. A refuser de trouver une solution, on laisse prospérer la violence. On peut même se demander si l’on n’est pas trop content de ne pas trouver de solutions. Pendant ce temps, on continue à vendre des armes, à affirmer son leadership sur telle ou telle partie du monde, etc.
Nous sommes très forts pour nous organiser à détruire, qui plus est avec la bonne conscience que donne le soutien aux organisations internationales. Un discours à l’ONU permet de se faire le héraut des droits de l’homme. Pendant ce temps, on ne modifie rien de sa stratégie. Que l’on ne vienne pas dire qu’il est impossible de s’entendre, puisque nous nous entendons, avec nos ennemis, pour nous battre et, avec nos amis, pour que chacun poursuivre la défense de ses intérêts.
La géopolitique n’est malheureusement pas le seul domaine où nous nous organisons pour le pire, où nous organisons le pire. C’est ainsi dans l’Eglise massacrée par les divisions d’hier et d’aujourd’hui, c’est ainsi dans nos familles. Les artisans de paix sont l’exception ; nous sommes exceptionnellement artisans de paix. Le reste du temps, comme l’intendant malhonnête, nous organisons notre intérêt.
Certains ne comprennent pas cette parabole, choquante, qui loue le gérant malhonnête. Nous sommes scandalisés de l’éloge de la malhonnêteté ; mais la parabole ne fait que nous mettre en scène. Hypocrites ! Il n’y a rien d’autre à comprendre dans cette parabole que nos vies diaboliques. La parabole ne fait que les raconter. Ce qui est choquant, ce sont nos vies, pas la parabole.
Ce faisant, la parabole nous encourage à nous organiser pour le bien. Puisque vous savez trouver votre intérêt, puisque vous savez vous organiser pour votre intérêt, ne changez rien, si ce n’est l’intérêt lui-même. Qu’il ne soit plus de toujours plus d’argent et de puissance, par la violence et l’injustice, mais toujours plus de fraternité et d’amour, par la paix et le dialogue.
Kant disait qu’on arrêterait de faire la guerre quand elle coûterait trop cher. Son réaliste était encore bien idéaliste. La guerre rapporte plus qu’elle ne coûte ! Palmyre certes nous préoccupe, mais c’est comme touristes potentiels : que faisons-nous pour les centaines de milliers de syriens tués ou que nous refusons d’accueillir ! J’ai bien peur que dans les familles, au travail, comme à l’échelle internationale, la haine ne nous coûte pas encore assez cher. Elle nous rapporte, ne serait-ce que de croire ne pas perdre la face !
Quel plaisir prennent certains à relayer sur internet les discours islamophobes ou racistes ? Pourquoi entretenir ainsi que titrent certains journaux « les assistés, comment ils ruinent la France ? ». Pourquoi acheter encore ces journaux ? On sait que c’est faux. Pourquoi les hommes politiques mentent-ils sur ces sujets, si ce n’est parce que nous les élirons pour ces mensonges, ou pour le moins, ne sanctionnerons pas ces mensonges qui sèment la division dans la nation ?
C’est notre mission, à nous disciples de Jésus, de nous démener sans limite pour la paix. François montre l’exemple. Il sera dans deux jours à Assise pour la paix. Qu’attendons-nous ? Nous n’avons aucune excuse. Ourdir la paix n’est pas plus compliqué que de privilégier ses intérêts. Reste de faire de la paix notre intérêt. Le voulons-nous vraiment ?

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