16/06/2017

Jésus fait vivre (Corps et sang du Seigneur)


Que faisons-nous à communier au corps et au sang du Seigneur ? Nous confessons notre foi. Nous déclarons notre foi au Dieu qui se donne pour que nous vivions. C’est incroyable cette parole de Jésus : C’est mon corps, prenez, mangez, c’est mon sang, prenez, buvez. Avant de savoir quoi que ce soit de la transsubstantiation, il importe de s’arrêter un instant sur ces propos étonnants. Il se donne pour qu’on le mange.
Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? De même que nous mangeons pour vivre, de même nous mangeons ce pain et buvons cette coupe parce que Jésus nous fait vivre. Voilà ce que nous croyons. Jésus nous fait vivre. Alors, naturellement, nous mangeons son corps qui, comme toute nourriture, fait vivre.
Qu’il n’y ait pas que le pain et le vin, ce qui se mange, qui fassent vivre, cela, tout le monde le sait. Pourrions-nous vivre sans l’amour des autres ? « Je ne peux vivre sans toi » se disent mutuellement les amants qui pourtant ne se mangent pas. Il nous arrive aussi de dévorer un livre, comme s’il fallait en parler en termes de nourriture, et même de nourriture irrésistible, pour une faim d’ogre. On dévore aussi ceux que l’on aime, les enfants particulièrement, de bisous. Finalement, à nous écouter parler, nous mangeons beaucoup de nourritures qui ne sont pas servies à table, mais qui ont toutes en commun, de nous faire vivre.
Qu’est-ce que cela signifie donc que Jésus nous fait vivre ?
Il tient dans notre vie un rôle comparable à celui de ceux de qui nous avons tant reçu, tous ceux que nous aimons. Se déclarer chrétiens, faire profession de foi, c’est reconnaître que parmi tous ceux qui comptent tellement pour notre vie, se trouve Jésus. N’allons pas imaginer protection surnaturelle ou bénédiction que l’on ne voit pas pourquoi elles devraient être réservées à ceux seulement qui se déclarent chrétiens. Nous ne sommes pas chrétiens pour recevoir je ne sais quoi de plus. Nous sommes chrétiens, parce que nous avons déjà tout reçu, reçu Jésus lui-même qui se donne. Prenez, c’est mon corps pour vous, Prenez, c’est mon sang pour vous.
En communiant, nous faisons mémoire de ce don que Jésus nous fait de sa vie, de la vie du Père, de lui-même. Il ne nous donne pas un truc de plus, sa grâce, avec l’hostie. Le pain que nous offrons en action de grâce, en remerciement, est le sacrement, le signe visible et efficace, du don que Jésus ne cesse de faire de lui-même.
Comment Jésus est-il pour nous un de ceux de qui nous avons tant reçu, un de ceux de qui nous recevons la vie, un de ceux qui nous fait, nous façonne, tant son amour pour nous, et notre amour pour lui, sont constitutifs de ce que nous sommes ? Dire je crois et communier sont ici une seule et même chose : reconnaître, dans la reconnaissance, le remerciement, ce qu’est Jésus pour notre vie. Eucharistie signifie merci, reconnaissance, action de grâce.
Vous avez remarqué, l’eucharistie n’est pas dans le texte des credo. On y parle du baptême, mais pas de l’eucharistie. Ce n’est pas qu’elle serait moins importante, facultative ou du moins venant bien après tout ce qui a été retenu comme décisif dans la profession de foi. C’est qu’elle est déjà dite en cette profession : Je crois en un seul Dieu, créateur. Le créateur est la source, celui qui se donne. Par lui, Jésus, tout a été fait. Il a avec le Père part à la création, comme celui par qui nous est transmis le don de Dieu. Sa vie dans la chair est, elle aussi, de don : pour nous les hommes et pour notre salut, entendons, pour notre vie plus forte que tout, que le péché et la mort mêmes. Et l’on répète ; il faut que ce soit important, pour que l’on prenne la peine de répéter quelque chose dans un texte si court : crucifié pour nous. En ce qui concerne le don de la vie, on n’en a pas fini. L’Esprit est Seigneur et donne la vie.
Communier n’est donc pas un rite religieux qu’une obligation nous demanderait d’accomplir si nous pensons devoir nous dire chrétiens, une étape de la vie chrétienne avec la première communion. C’est le lieu et le temps où ne cessons de reconnaitre, d'être reconnaissants à notre Dieu de la vie qu’il nous donne, de son amour, parce qu’il nous fait vivre, est nourriture, corps livré, sang versé. Et nous disons Amen, oui, je crois, oui, c’est solide, j’y tiens, je m’y tiens, je suis sou-tenu, c’est ce qui me sou-tient. Cette reconnaissance est encore don de Dieu, pain de Dieu pour la route, pain de vie qui fait vivre.

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