13/06/2025

P. Autréaux, L’Epoux

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 Patrick Autréaux, L’Epoux, Gallimard, Labor et fides, Paris 2025

 

Une histoire d’amour. Non pas une passion, mais la longue patience et obstination de la fidélité, parce qu’il est inenvisageable de faire souffrir celui que l’on aime. Pour l’aimer encore, le narrateur apprend une nouvelle langue, lit les Ecritures juives, revisite avec sérieux ce qui n’avait été qu’un christianisme de façade, aidé par ses compétences professionnelles, biologie, médecine, psychiatrie, littérature.

Comme un écrin, l’histoire encadre et protège une réflexion sur les certitudes, les croyances, le chantier qui consiste à les déconstruire pour n’en être point trop dupe, jusqu’à ne plus croire. Mais croire sans la critique, est-ce croire ? Loin de l’austérité d’un traité, l’ensemble est porté par la poésie de l’écriture qui lui confère beaucoup de douceur.

Les solutions faciles, en oui et non, binaires, ‑ Juif et goy, croyant et athée, scientifique et littéraire, médecin et malade, prose et poésie, etc. ‑ sont des attrape-nigauds, comme la division de l’humanité en deux genres fait l’un pour l’autre à l’exclusion de tout autre forme d’alliance. La preuve ? L’amour, les relations familiales ou amicales, les relations humaines sont toujours hybridation, qui brouillent jusqu’à les effacer les frontières. A moins que les frontières des lieux de passage et rencontre. Etre soi est un chemin non tracé de la conception jusqu’au dernier souffle, non un donné mais une tâche que l’auteur s’évertue à rendre douce malgré tous les heurts et violences.

L’inconfort de tout soumettre sans cesse à la question conduit à vivre dangereusement, au bord de l’abîme qui appelle jusqu’au néant. « Faut-il donc aller vers ce qui meurt en soi pour toujours ? Ne jamais dormir, ne jamais être certain, ne jamais savoir, ne jamais accepté d’être consolé à bon compte, mais seulement partager notre vertige avec qui le vit. […] Comment vivre ? Sinon en continuant d’écouter ces voix d’une agonie qui n’en finit pas et demeurer ainsi dans une veille qui scrute le moment de l’accomplissement inachevé qu’est notre vie. » S’il est possible de croire, c’est comme la suspension de tout, y compris du sens.

Le texte s’intitule L’époux. On ne peut pas penser (y compris et d’abord la foi) si l’on ne consent à laisser un autre entrer dans sa vie, de sorte qu’il y a homologie entre vie de la pensée, vie de foi et vie amoureuse ‑ avec leurs blessures, obstacles, empêchements, attentions, douceurs, bienveillance et confiance. Une mystique nuptiale se laisse deviner. Et s’il s’agit de ne pas croire, pour que l’on ne soit pas re(con)duit à une certitude dogmatique, celle de l’athéisme par exemple, il faut que de l’autre encore fasse irruption et soit accueilli de façon hospitalière. Les pensées de différents auteurs, en italique, que le texte héberge en sont la pratique et l’indice


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