Le confinement et la suspension non seulement des
cultes mais de toutes les activités pastorales publiques, en dehors de la
charité, ont posé la question de l’utilité de la foi.
Jamais l’Eglise ou les religions n’avaient été considérées
de la sorte dans l’histoire de l’humanité. Elles n’étaient pas de « première
nécessité », on devait donc s’en passer.
Nous sommes certes nombreux à avoir continué à pratiquer la
foi. Le service des autres, la prière, aidée par la messe à la télé, la lecture
et les commentaires des Ecritures, des gestes pour vivre Pâques et continuer le
caté avec ses enfants, tout cela, aussi important que ce soit, était cantonné ‑ enfin !
diront certains ‑ à la sphère privée.
De là à penser que la foi ne sert à rien, il n’y a qu’un
pas.
Mais de même que ce qui n’a pas de prix ne vaut pas rien, de
même, ce qui ne sert à rien pourrait se révéler précieux.
Avec Dieu, c’est comme avec l’amour et l’amitié. On ne
compte pas. ‑ Dieu ne sait pas compter ! ‑ La foi relève de la
gratuité, de ce qui est gracieux et généreux, de la grâce, disent les
théologiens.
L’expérience de la relégation pourrait rappeler à l’Eglise
sa mission et son mode d’action. Elle ne peut se vouloir témoin de la grâce et
raisonner en terme de nécessité.
Disciples de Jésus, nous avons un rôle prophétique à jouer
pour provoquer le monde. Non, tout ne s’achète pas. Et pour qu’un « monde
d’après » soit possible, il est urgent de prendre acte que le rendement et
le « toujours plus », le « moi d’abord » nous mènent dans
le mur.
« Là où tu mets ton trésor, là aussi tu mets ton
cœur. »
Il ne s’agit pas de mépriser l’économie, surtout au moment
où beaucoup seront violentés par les conséquences du confinement. Il s’agit de
savoir quel modèle économique nous voulons. Quelle écologie, quelle maison
commune, quelle place pour ceux qui ne sont pas ultra-performants ? C’était
déjà les questions de François dans son encyclique Laudato si’, il y a cinq ans !
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