06/05/2023

Post n°1000 ! Vérité et charité (Ep. 4, 15)

Le 28 août 2009, fête de saint Augustin, j’ouvrais ce blog. Un peu moins de quatorze ans plus tard, il atteint la millième publication. Deux tiers des articles sont des homélies. D’après le compteur, le texte le plus lu est « Pourquoi et comment remercier Dieu ? »

Je sais que ce qui est ici publié agace voire agresse certains. Des commentaires parfois violents m’en informent. Je sais que ces mêmes pages accompagnent d’autres personnes qui me font l’amitié et l’honneur parfois de me le confier, comme encore cette semaine.

Palea dit Thomas de ses écrits. De la paille ! Que dire des miens ? Ce n’est pas une coquetterie sous forme de fausse modestie. Il s’agit de remettre les choses à leur place. « La charité [seule] ne passera jamais. » (1 Co 13, 8)

Le Psaume (84, 2 et 11) est impayable. Imaginer que Dieu éprouve du ressentiment, ne serait-ce que pour l'oublier, est insupportable. Mais enfin : « Tu as aimé Seigneur cette terre. [...] Amour et vérité se rencontrent, justice est paix s’embrassent ». Paradis non pas terrestre, mais ciel sur la terre, vie de Dieu parmi les humains.

Veritatem autem facientes in caritate (Ephésiens 4, 15). La phrase est au pluriel et dit le but : « Faisant la vérité dans la charité, nous grandissons vers celui qui est la tête, le Christ ». Il faudrait que "vérifier" en français dise ce que son étymologie exprime, faire la vérité. Le verset est intraduisible : le verbe avec la racine vérité n’existe qu’en grec. C’est la Vulgate qui traduit par faire la vérité, sans doute meilleur que dire la vérité. « Vivant dans la vérité et dans la charité » essaie maladroitement la Bible de Jérusalem ; la TOB ne fait pas mieux avec « confessant la vérité dans l’amour ».

Augustin corrige la vérité par l’amour, discerne la vérité par l’amour.
« - Tu dis: Je n’aime que Dieu, Dieu le Père ?
- Tu mens. Si tu l’aimes, tu ne l’aimes pas lui seul, mais si tu aimes le Père, tu aimes aussi le Fils.
- Bien, dis-tu, j’aime le Père et j’aime le Fils : mais eux seuls [...].
- Tu mens. Si en effet tu aimes la tête, tu aimes aussi les membres ; mais si tu n’aimes pas les membres, tu n’aimes pas non plus la tête. » (Sur la 1ère épitre de Jean x, 3)

« Pour les hommes, c’est impossible. » Impossible de traduire et de dire. Au point qu’il vaudrait peut-être mieux se taire. Plus impossible encore de vivre selon le maître de vérité, vivants. Fra Bartolomeo, peintre florentin et dominicain (1472-1517) a représenté le fondateur de l’ordre des prêcheurs auquel appartenait Thomas par deux fois, que je sache, au couvent Saint Marc, le doigt sur la bouche.

vers 1510-1517 (San Marco - Florence)

 
vers 1511-1512 (San Marco - Florence)

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