La résurrection, c’est dans la mort, les morts que nous ne cessons d’habiter ou qui ne cessent ne nous hanter, le germe d’une autre vie, la promesse de la vie. « Ce n’est pas une vie » dit-on, jusqu’à la résignation. Non ! « O toi qui dors, réveille-toi ; lève-toi d’entre les morts, et sur toi luira le Christ. » (Ep 5, 14)
La résurrection est appel au refus de la mort, être moribond, vivre comme si nous étions morts, que nous soyons en prison, malades, au fond de la dépression, victimes d’injustice, victime de nous-mêmes, victimes des autres. « Réveille-toi, sors de ta léthargie, de ton sommeil. » Ce n’est pas le baiser d’un prince charmant mais le Dieu qui épouse l’humanité qui te relève.
La résurrection c’est pour maintenant que tu es moribond et Jésus, tel le Samaritain, te recueille dans le fossé où tu gis laissé pour mort, prend soin de toi, te mène à l’auberge où des frères et sœurs en humanité vont de requinquer. Jésus s’avance vers toi parce qu’il a lui-même été relevé, parce que son insurrection contre la violence et la haine l’a tenu, y compris brisé sur la croix et couché au creux de la grotte sépulcrale. Debout dans le tombeau, il ne pouvait tenir, se tenir, alors il est sorti, relevant tous les autres.
La résurrection, avant d’être ton retour à la vie, après ta mort, est ta vie ici et maintenant, et c’est en accueillant la vie que Dieu te donne, celle que Jésus te met sous les yeux pour que tu la voies, la désires, l’épouses que tu rends tout honneur au Dieu que tu pries. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. »
Contrairement à ce que disent Thomas et beaucoup à sa suite qui ne croient que ce qu’ils voient, nous avons mainte occasion de voir le relèvement, le soulèvement, l’insurrection pascale, la victoire de la vie. Nous voulons voir le miracle, l’exceptionnel et nous ratons le don extraordinairement ordinaire par Dieu de lui-même. C’est l’ordinaire, Dieu qui donne la vie, parce que c’est cela Dieu, parce qu’il ne sait pas faire autre chose que de se donner, de donner la vie.
Nous autres voyons en Jésus le prophète de la vie nouvelle. Mieux encore, c’est lui la vie nouvelle. C’est ce qu’il dit à Marthe au bord du tombeau : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » (Jn 11, 25) La résurrection n’est pas pour la fin, au dernier jour, ainsi que le dit Marthe, elle est une personne qui renverse même la mort.
La résurrection c’est l’insurrection que Jésus fait au cœur des religions, lorsqu’il renverse les tables des changeurs, détruit les murs que nous ne cessons d’ériger, qui séparent justes et pécheurs, hommes et femmes, Juifs et païens, esclaves et libres. Il met le prix et conteste l’ordre social, hier et aujourd’hui. Mais qui ne sait, au fond de lui, que sa vocation est une fraternité universelle, où tous sont fils et filles ainsi que l’évangélise le Fils ? Parce qu’il dit le cœur du cœur, il est plus fort que nos morts. Insurrection pour le relèvement de tous.
Il y a mensonge à dire Jésus fils de Dieu si cela ne fait pas de nous, ici et maintenant, des fils et filles de Dieu, des vivants en fils et filles, frères et sœurs de Jésus. On se tape de confesser la résurrection et la nature divine de Jésus si nous ne marchons comme lui a marché. Vivons en enfants de lumière sur les chemins où Jésus nous conduit. Que vive en nous le nom du Père ! Voilà la résurrection.
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