Samedi saint, plus rien.
Un grand vide. Une blessure pour les amoureux de l’époux, les bras ouverts pour embrasser ce qui n’est plus.
En disparaissant dans la mort, non seulement Jésus, mais aussi son Dieu et père, s’effacent. Pourra-t-on les retrouver ?
Je parle loin de tout animisme, y compris celui qui s’ignore et se pratique en nos contrées, où, pour résister à la violence des deuils, on se persuade qu’ils ne sont pas morts, qu’ils continuent de vivre, avec nous, qu’ils veillent sur nous, étoile dans le ciel ou je ne sais quoi d’autre. Non, ils ne sont plus. En les déposant en terre, nos bras demeurent vides comme nos cœurs.
Un grand vide. Enfin la liturgie est-elle accordée à la foi ordinaire de tant d’entre nous. C’est moins le silence de mort que le bruit, insupportable, qui tue, occupe la place de ce, ceux, que l’on voudrait aimer. Les célibataires qui n’ont pas su ou pu trouver quelqu’un, les mariés qui ont été abandonnés et trahis. Ils sont nombreux à connaître ce manque crucifiant, grand vide, blessure.
Il y a une sorte de paix à ce que la liturgie s’accorde à la corporéité de la foi, à l’incarnation en un corps de disciples esseulés, abandonnés, errants, plus perdus que nomades.
Il y a une sorte de joie à vivre sans lui, liturgiquement, dogmatiquement, ne cessant cependant de penser à lui. C’est l’ordinaire des jours des disciples consacré par la grâce de cet unique jour ; disciples, sentinelles du désir qui soulèvent le monde.
Il se relève premier-né des morts chaque fois que des frères sont relevés, s’il est vrai qu’il est assassiné chaque fois que ces mêmes frères sont piétinés.
La tombe est scellée, Dieu demeure hors de portée. Il a déserté le ciel et la terre le retient prisonnier, porté disparu. Un chemin laisse deviner que l’on pourrait ne pas en avoir fini avec lui, qu’il n’en finit pas avec nous, le soin des frères, marcher, comme lui, Jésus, a marché.
Pour Fred
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