10/11/2015

Le coming-out de Mgr Charamsa





Mgr Charamsa, le prélat polonais de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui avait fait son coming-out à la veille du synode, annonçant dans le même temps vivre avec un compagnon vient de donner une interview. http://cris-charamsa.blogspot.fr/2015/11/krzysztof-charamsa-lamour-fait-de-moi.html. Je me permets de donner mon avis.



1. D’abord, cinq points, assez secondaires, mais tout de même, ces imprécisions ou expressions ou partis pris suffiraient à discréditer le reste du texte, bien à tord.

« Je devais affronter cette réalité de l'homophobie profonde de l'Église catholique, que je servais au plus haut niveau. Je fais référence à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,… » Travailler au Vatican, voire à la CDF, c’est servir l’Eglise au plus haut niveau ! Quelle ecclésiologie !

« Les documents de la Congrégation qualifient l'amour homosexuel d'inhumain ! » Là, je demande la référence. Je ne connais pas et quand on tape : "congrégation pour la doctrine de la foi" "amour inhumain" dans un moteur de recherche, on ne trouve rien.

« Pour l'église, les homosexuels doivent souffrir d'une juste discrimination » Là encore, je n’ai jamais vu cette expression nulle part.

« Pour l'Église, les homosexuels sont des personnes intrinsèquement désordonnées » Je n’ai jamais lu cela non plus. Ce sont les relations sexuelles avec une personne du même sexe qui sont dites intrinsèquement désordonnées. J’accorde que se loge ici toute l’hypocrisie du discours qui ainsi ne pourrait être taxé d’homophobe, mais bon, pour combattre l’adversaire efficacement, mieux vaut viser juste.

A la toute fin, l’engagement pour l’indépendance de la Catalogne est légitime. Mais en quoi concerne-t-il la question de l’homosexualité des ecclésiastiques ? En quoi avoir un peu d’expérience sur la vie sexuelle des ecclésiastiques rend-il compétent pour parler de la Catalogne ? Aimer un Catalan ne suffit pas à faire de quelqu’un un expert en politique intérieure espagnole.



2. Sur le fond.

a. La vérité libère.
Oui, c’est d’ailleurs dans l’évangile de Jean (8,32). Faire son coming-out est sans aucun doute un acte de vérité et un acte libérateur pour de nombreux homosexuels. Cesser de mentir, je veux dire cesser d’être condamné à vivre dans la dissimulation parce qu’il est impossible d’exister comme on est, est libérateur. Qui plus est, cette dissimulation, avec ses stratégies, d’une part si importante de ce que l’on est finit par devenir un mensonge. On ne vit pas libre dans le mensonge.

Cela passe par des étapes, s’accepter soi-même, s’ouvrir aux proches, s’ouvrir plus largement, à ses collègues et voisins. Pas sûr qu’il y ait besoin de prendre la parole pour informer les gens qui ne vous connaissent pas. Il faut distinguer le coming-out comme acte de libération et le coming-out comme acte militant. Pas sûr que le second mène à la liberté comme le premier, non que l’on doive se défier de la militance, mais que la reconnaissance de l’intime ne signifie pas sa publicité et que cette publicité rend souvent esclave. Que l’intime ne soit pas à confondre avec le privé, ne signifie pas qu’il ait à devenir public, et encore moins tout public.

Il ne faudrait pas non plus confondre vérité et transparence. Etre dans la vérité, être vrai, n’est pas aussi simple qu’un coming-out, qui n’est déjà pas une simple affaire. Sans même aller chercher l’inconscient, encore que, la lucidité sur sa propre vie n’est jamais garantie. Le coming-out n’est pas un tout ou rien, passer de personne ne sait rien (pas même l’intéressé qui est dans le déni), du mensonge, à la terre entière le sait, enfin la vérité. Est-ce que si les amis savent, ce n’est pas suffisant pour vivre dans la vérité ? Le coming-out n’est pas en soi libération. C’est ce qu’on fait de sa vie, une prison ou non, le choix de sortir ou non de cette prison, qui dessine, sans qu’on en soit jamais assuré, une libération.

Peut-être la libération a-t-elle été, pour Mgr Charamsa, plus que le coming-out, la fin de la double vie. Elle aussi est un enfer qui enferme, du moins très souvent, surtout quand on prêche et croit en la fidélité !



b. « L’amour a fait de moi un meilleur prêtre » dit Mgr Charamsa.
Oui, sans aucun doute. Cela, nombre de prêtres, de religieuses, disons de consacrés, qui sont tombés amoureux, peuvent en témoigner. T. Radcliffe l’avait dit dans un superbe texte du mercredi des cendres 1998, repris dans Je vous appelle amis. Il s’appuyait en outre sur l’expérience de Thomas Merton.

« Tomber amoureux peut être le moment où se déchire notre égocentrisme et nous découvrons que nous ne sommes pas le centre du monde. [Et je rajoute, pour le clergé, ce n’est pas rien ! ils n’ont ni femmes ni enfants qui les obligent à l’humilité en les conduisant par les liens de l’amour ; ils sont tellement encensés pour leur sacrifice, ainsi que l’on dit, eux qui « ont tout donné », qu’ils n’imaginent même pas qu’on puisse leur faire la leçon. Ou bien, en situation de pouvoir, ils n’acceptent guère ou ne laisse guère ceux avec lesquels ils travaillent, les inviter à ce décentrement. Le texte se poursuit :]

Cela peut démolir, au moins pour un temps, ce souci de soi qui nous tue. Tomber amoureux, c’est "pour beaucoup de gens l’expérience la plus extraordinaire et révélatrice de leur vie, par laquelle le centre signifiant est soudain arraché au moi et l’ego rêveur est contraint de prendre conscience d’une réalité entièrement distincte". »

Radcliffe était tout de même maître de l’Ordre ! Il faut lire au moins les pages 229-232. Bon, même si sous les pontificats précédents, on ne l’aimait guère, beaucoup savaient cela, directement ou par leurs lectures.

C’est sans doute par peur de devenir amoureux, de déloger l’ego, que certains préfèrent rester célibataires. Vivre dans l’illusion est, au moins à court terme, plus confortable. Dénoncer cela c’est en rajouter au réquisitoire déjà sévère contre l’Eglise de Mgr Charamsa.

La question, quand on est engagé, soit avec un conjoint, soit dans le célibat, est de savoir ce que l’on fait lorsqu’on tombe amoureux. Faire mourir un amour par fidélité à une parole déjà donnée est un chemin terrible. Il faut mourir, même si c’est pour vivre, même si c’est pour les autres. Que c’est violent. Peut-on effectivement traverser cette mort ? Tout le monde en a-t-il la force ? Quand un conjoint ou des enfants sont là, peut-être est-ce plus facile que lorsque c’est une Eglise envers laquelle on s’est engagée, plus abstraite que les figures du conjoint, des enfants ; et si en plus cette Eglise est violente, comme dans le cas justement dénoncé de cette homophobie paranoïaque !

Autre solution, la double vie. Elle a rendu et rend tant de conjoints de prêtres malheureuses ou malheureux… Est-ce une solution ? Difficile de la conseiller. Mais bien des doubles vies ont aussi existé qui ont limité le mal…

On peut enfin décider de rompre avec son engagement. Je me garderais bien de penser que c’est une mauvaise solution. La vie ne se fait pas comme dans un catéchisme avec le bien clairement distinct du mal. Reste que l’on n’a pas tenu parole et que là où on avait dit « je serai », on n’est pas. Tout n’est évidemment pas fini pour autant ; parfois, le courage de dire, « je ne veux pas être ici comme cela » est une vraie renaissance.



c. L’homophobie dans l’Eglise.

C’est une évidence. Elle commence par exemple quand on parle en même temps, dans une même partie d’un rapport présynodal, des divorcés et des homos. Les premiers ont, à tord ou à raison, connu un échec. Parfois, ils en sont responsables ; parfois, il convient de reconnaître un péché (dans lequel évidemment personne n’est enfermé définitivement si l’on en croit la parole de Jésus contrairement à ce que veulent faire croire certains.) En quoi consisterait l’échec de l’homosexuel ? Et sa responsabilité ?

Oui, le discours de certains, ceux qui disent ce que l’on doit penser, le catéchisme de Jean-Paul II, tout cela est homophobe. Comment ceux qui pensent que le célibat continent est une vocation peuvent-ils l’imposer à quelqu’un (puisque les homosexuels n’ont d’autre possibilité que celle-là) ? Non seulement ils piétinent les homosexuels, mais en plus ils salissent le célibat consacré. Ce sont les mêmes qui prient pour les vocations. Etonnez-vous qu’il y ait une crise des vocations (ce n’est bien sûr pas la seule raison, on s’en doute).

Certains formateurs aident les séminaristes à vivre dans la vérité en offrant un cadre de parole où ils peuvent choisir plus librement leur engagement dans le célibat ou le fait de quitter le séminaire. D’autres ne font rien, ou plutôt font semblant de ne pas voir, d’une part parce qu’il n’y a pas tant de candidats que cela, d’autre part pour ne pas être posés en face de leurs propres défis qu’ils pensaient avoir gentiment glissés sous le tapis. Parfois, si le candidat « avoue » (quel horreur ce mot, encore un indice de l’homophobie latente, comme si l’on en état coupable) son homosexualité, la seule solution est de l’envoyer chez un psy. On aurait envoyé chez les psy tous psychorigides, les obsessionnels de la vérité (du catéchisme, de la doctrine, et que sais-je) on n’en serait sans doute pas au même point dans l’Eglise !

Entre prêtres, certains s’aident par les seules conversations qu’ils échangent où ils ne sont plus obligés de tricher, de dissimuler cette part si importante de la vie. La violence de l’homophobie commence dans l’Eglise plus qu’ailleurs encore par l’obligation de se taire.

Ne pas répéter le discours des ayatollahs du catéchisme de l’Eglise catholique, que les deux derniers pontificats ont particulièrement promus, sur l’homosexualité comme sur tant d’autres sujets, et vous êtes ostracisés. L’homophobie atteint ainsi des personnes qui ne sont pas homosexuelles dès lors qu’elles refusent le discours idéologiques. Impossible à vérifier, mais le discours de François aurait sans doute empêché la violence homophobe qu’a connu l’Eglise de France lors des Manifs pour tous (et ce malgré sa piété poussiéreuse, sa théologie pas toujours rigoureuse, sa conception vieillotte de la famille aussi (il semble que sa grand-mère soit son modèle, sa référence en la matière). Que des prêtres, en chaire, aient invité à aller manifester, que des diocèses aient organisés des transports, non seulement est scandaleux, mais encore est une preuve de l’homophobie de l’Eglise. Statistiquement, ces braves petits soldats de l’institution qui ont ainsi prêché comptent parmi eux quelques homos. Bonne illustration de la haine retournée contre soi dont parle Mgr Charamsa. Plus on a besoin de dissimuler qu’on est PD, plus on est homophobe. C’est vrai dans l’Eglise comme dans la société.

L’homophobie latente est plus courante et plus contraignante que les éructations inconsidérées de quelques vociférateurs aujourd’hui susceptibles d’être poursuivis devant la justice, au moins dans nos pays. C’est une homophobie dont on ne se rend même pas compte, comme on ne se rend pas compte qu’on est machiste, tellement conditionné. Qu’il y ait à travailler, à militer, dans la société, dans les sociétés et dans l’Eglise, c’est une nécessité.

Dans l’Eglise, en outre, on devra affronter l’hypocrisie. Il y a plus de scandale à vivre avec un compagnon que d’habiter un appartement qu’on dit avoir rénové sur ses propres deniers pour 300 000 €. Comment un cardinal, qui plus est religieux, donc ayant fait vœu de pauvreté, peut-il avoir une telle fortune ? Il a sans doute piétiné son vœu d’obéissance au passage. Les questions sexuelles sont toujours plus dénoncées que celles de l’argent. Dans l’évangile, c’est juste l’inverse. Curieux, non ?



d. un peu de réalisme.

Il y a des prêtres homosexuels. Combien ? C’est difficile à dire. Un livre déjà ancien, d’un vicaire épiscopal aux Etats Unis (D. Cozzens, Le nouveau visage des prêtres, traduction française 2002) estimait que plus de la moitié des séminaristes états-uniens étaient alors homosexuels. On a d’ailleurs pensé que l’instruction de la Congrégation pour l’Education Catholique de 2005 qui demandait à ce que l’on ne laisse pas accéder aux ordres « ceux qui pratiquent l'homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu'on appelle la culture gay » était surtout une réaction au fameux lobby gay (le livre de Cozzens parle effectivement de la culture gay).

A mes risques et périls, sans pouvoir véritablement prouver ce que j’avance, mais non sans recourir à un certain nombre d’observations, je considère que la proportion d’homosexuels dans le clergé est bien plus élevée que dans le reste de la société. Faut-il aller jusqu’à 50%, je n’en sais rien. Je suis convaincu que 30% est une estimation basse. Je pense aussi que nombre de ces prêtres sont abstinents, cherchent à l’être, et considèrent qu’un coup de canif dans le contrat, n’est ni la fin des haricots, ni un accident de parcours sans gravité.

Les évêques étant choisis parmi les prêtres, statistiquement, ils sont tout autant concernés. Enfin, pas tout à fait. Les services compétents auront en général écarté les candidats dont on aurait eu connaissance d’une vie peu conforme au célibat abstinent, ou trop ouvertement « ouverts », si l’on peut dire, sur la question. De sorte que dans l’épiscopat, l’homosexualité est encore plus taboue. On peut penser que des hommes qui ont plus d’expérience et de maturité ne passent pas du tabou au refoulé, qu’ils ont pu apprendre à s’aimer paisiblement. Mais quand tel n’est pas le cas, leur homophobie n’en est que plus viscérale et virulente.

Eh alors, me direz-vous. Tous ces prêtres ou évêques ne font pas plus mal que les autres. Ou du moins si les mauvais prêtres étaient les PD, ce serait pratique pour les repérer et les virer. Nombre d’entre eux sont bons prêtres à avoir appris à s’aimer tels qu’ils sont, c’est-à-dire appelés à la conversion, non de leur sexualité, mais de leur vie à la suite du Christ. Puisque dans l’Eglise et encore dans la société, l’homosexualité est une infamie, savoir s’aimer dans ces conditions, c’est avoir pratiqué la miséricorde. Et les prêtres miséricordieux sont des disciples authentiques, souvent de bons prêtres. (Je le redis, l’homosexualité n’a pas à être considérée comme un péché, et que l’Eglise ne contribue pas à changer le regard sur l’homosexualité, surtout en Afrique, relève de son homophobie.)

Après ces constats, encore un pas du côté du réalisme. Pour certains de ces prêtres, pour la majorité, importe plus l’évangile que leur coming-out. Importe plus les gens auxquels ils sont envoyés qu’une relation amoureuse ou une pratique sexuelle. Cela est vrai de nombre d’hétérosexuels aussi. Il y a fort à parier que la majorité aurait choisi le mariage, si cela avait été possible, avec une femme… ou avec un homme. Il y a quelques célibats décidés, il y a beaucoup de célibats consentis au service de l’évangile. Il y a aussi de faux célibataires, soit qu’ils aient une double vie, soit qu’ils trouvent dans le célibat le moyen de ne pas assumer leur sexualité, quelle qu’elle soit.

Le mariage des prêtres n’est sans doute pas la solution à la soi-disant crise des vocations. Mais il serait plus que salutaire pour beaucoup. Quoi qu’il en soit, la majorité des prêtres a accepté le célibat abstinent, parce qu’elle croit plus important le ministère, c’est-à-dire le service des communautés. Je ne vois rien de tout cela dans l’interview et je m’en étonne.



e. pour conclure

Ces prêtres qui ne font pas un coming-out général, auprès des paroissiens par exemple, ne diront pas sur la place publique leur intimité, et encore moins au cours d’une conférence de presse. S’ils ont quelque chose à dire, qu’ils sont homosexuels mais aussi qu’ils ont une compagne, un compagnon ou qu’ils sont dans le refoulement plus ou moins pathologique, ce sera à leur accompagnateur, à leurs amis, ceux avec qui ils partagent une proximité certaine. Cela ne regarde pas, ce me semble, les autres. On dira que j’encourage ainsi le tabou. Ce n’est pas faux. Mais je répète qu’il faut distinguer coming-out et publicité. De plus, il y a d’autres moyens pour lutter contre l’homophobie que le coming-out.

Le coming-out de Mgr Charamsa a-t-il joué un rôle positif pour les gays dans le clergé et plus généralement dans l’Eglise ? Il aurait sans doute aidé plus encore à ne pas être assorti de la révélation de l’amour d’un compagnon. Cela aurait été difficile de le virer si on n’avait pu lui reprocher une rupture du célibat. Mais on ne refait pas l’histoire. Ce coming-out aura au moins montré, s’il était besoin, qu’il y a des homosexuels à la Curie. Alors que ses membres sont majoritairement de ceux qui bloquent l’Eglise, sur les questions de morale affective et sexuelle en particulier, il souligne l’hypocrisie et le mensonge d’un système qui doit changer.

Le courant de sympathie qui s’est manifesté à son égard, même s’il a dû aussi en prendre plein la figure, même s’il lui faut changer de vie, abandonner un métier que sans doute il aimait, est le signe que, pour beaucoup, l’obligation du célibat ne fait plus sens, et que, si les prêtres pouvaient se marier, ils le pourraient aussi bien avec un homme qu’avec une femme.

3 commentaires:

  1. ce texte, par ailleurs intéressant est totalement décridibilisé par l usage du terme PD....quelle confusion !! reste a savoir pourquoi l abstinence (que je suis prête à remettre en cause) semble impossible aux pesons homosexuelles.
    ac arnaud

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    1. Je propose que tous les gens qui habitent le 15ème arrondissement, ou tous ceux qui ont les yeux bleus, l'abstinence leur soit déclarée seule convenable. C'est absurde, mais pas moins que de l'imposer, indépendamment des personnes, de leur vocation, de leurs désirs, aux homosexuels.
      Je ne suis pas certain par ailleurs de comprendre ce que vous dite d'un mot qui discréditerait tout un texte... Quelle confusion ? J'imagine que PD venant de pédéraste, vous ne voulez pas confondre avec homosexuel. Si c'est cela, je vous accorde que marginalement la chose, car dans le langage usuel, PD ne veut pas dire pédophile. L'étymologie ne dit pas toujours le sens des mots.

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  2. H M, ashem20/11/15 07:41

    Réflexions tout à fait intéressantes mais trop focalisées à mon sens sur la seule homophobie de l'Eglise ou dans l'Eglise. C'est plus largement tout ce qui touche à la chair et à la sexualité qui pose problème et n'est pas admis dans la religion. Et encore la religion chrétienne n'est pas la pire sur cette question. En réalité, c'est la base même du christianisme, son génie propre, qui n'est pas pris au sérieux, je veux dire l'Incarnation. Marie n'est admise comme mère de Dieu que parce qu'elle est vierge avant, pendant et après la naissance de Jésus. Pour les détails gynécologiques, vous demandez à votre théologien préféré. Marie est en outre l'immaculée conception, exempte du péché originel, traduction : toutes les autres conceptions sont maculées. Conséquences : les femmes sont impures, leurs règles sont impures, le sexe est impur, le clergé ne peut être que mâle et chaste, la moindre branlette est péché mortel, la pilule idem, le mariage et les rapports sexuels un moindre mal pour donner naissance à plein de petits chrétiens. A l'automne de ma vie, j'espérais encore voir disparaitre le caté de mon enfance et les questions déplacées en confession de quelques soutanes rances. Mais JP II est arrivé, avec sa devise mariolâtrique sans référence au Christ, le soutien à Maciel, le fric de l'Opus Dei, la condamnation du clergé et des chrétiens trop proches des damnés de la terre. Tout ça pour vous dire que les mamours homophiles du pauvre prélat polonais de la Curie qui va devoir trouver un nouveau job me laissent de marbre. Ce qui serait un vraie bonne nouvelle, ce serait que les humains qui se réfèrent au Christ aiment vraiment tous les humains. Quels qu'ils soient. Tels qu'ils sont.

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