17/05/2019

La mission hier et l'Eglise aujourd'hui (5ème dimanche de Pâques)


Avec le cours extrait des Actes des Apôtres (14, 21-27) que nous venons d’entendre, nous avons un aperçu, partiel, de ce qu’était la vie de l’Eglise naissante. A travers le prisme, forcément un peu déformant, de la lecture de ce jour, la vie de l’Eglise se comprend comme structurée par la mission, le voyage missionnaire.
La vie de l’Eglise, c’est la mission et la mission est un déplacement, non seulement pour aller à la rencontre des autres, ce qui est évidemment indispensable, mais encore pour se décentrer, pour se bouger. Il n’est pas possible pour l’Eglise d’être missionnaire en restant chez elle. C’est une évidence, mais est-ce bien ce que nous vivons en Eglise ?
Notre Eglise se déplace-t-elle à la rencontre des gens ? Il ne s’agit pas seulement, je le redis, de déplacement géographique, mais d’aller à la rencontre de ceux qui ne viennent pas, et n’ont d’ailleurs aucune raison de venir. Pourquoi donc les contemporains des Actes seraient-ils allés rencontrer les chrétiens dont ils ignoraient tout ? Pour l’Eglise primitive, aller à la rencontre était la seule solution. Cela le demeure pour nous.
L’activité de la mission est confiée par l’Eglise à quelques uns. Bien sûr, chaque disciple est missionnaire. Et nous pouvons nous demander comment nous sommes les porteurs de Jésus autour de nous. Le hasard du lectionnaire nous offre la réponse la plus urgente (Jn 13, 31-35) : « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
La charité est le premier pas de la mission. Comment notre communauté est-elle connue pour sa charité ? Si elle l’est par ses déchirures, ses convenances, son ambiance froide, ne nous étonnons pas de ce qu’elle ne soit guère missionnaire. Semer l’amour, toujours, sans cesse ; vivre de l’amour, toujours, sans cesse ; nous n’avons rien d’autre à faire, ou plutôt, nous ne pourrons penser faire autre chose que lorsque nous mettrons en pratique la parole du Seigneur : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Et pour ceux qui ont peur que l’Eglise devienne une simple ONG à vivre d’amour plutôt qu’à annoncer l’évangile, comme si aimer n’était pas annoncer l’évangile, qu’ils n’oublient pas que c’est comme Jésus nous a aimés que nous devons nous aimer.
Le déplacement, disais-je, n’est pas que géographique, il est aussi de décentrage et de sortie de nos habitudes pépères ; il nous faut nous bouger. Et si les pratiquants de l’évangile, c’était tous ceux qui mettent l’amour au centre de leur vie. La mission consiste à reconnaître Dieu où il est déjà, mais pas encore connu, reconnu. Nous n’avons pas d’abord des trucs à apprendre aux gens sur Jésus. Nous avons à penser que l’évangile et Jésus sont déjà vécus par bien des gens. Il nous revient seulement de le nommer, de leur rendre possible de le nommer.
C’est l’Eglise qui envoie en mission, non le chef, non l’évêque. Et c’est à l’Eglise que les missionnaires rendent compte de leur voyage. Cette affaire est d’importance. Non seulement parce que le sujet de la foi et de la mission, ce n’est pas tel ou tel, mais la communauté de l’Eglise, mais parce que la mission de tel ou tel, c’est l’affaire de la communauté. Tous dans la communauté n’entreprennent pas le voyage missionnaire dans les cercles sociaux qui ne sont ceux des chrétiens, mais le travail missionnaire de tel ou tel est important pour tous, est l’affaire de la communauté. Nous sommes-nous racontés comment nous étions missionnaires ? Si non, comment cela sera-t-il l’affaire de tous ?
Enfin, il faut s’organiser. Alors, les missionnaires instituent des anciens. Eux-mêmes ne sont pas « anciens », mais envoyés (littéralement apôtres) ou prophètes. Anciens, en grec, cela se dit prêtres. Non pas ceux qui sont chargés du culte, les sacerdotes, mais des gens reconnus comme solides et sages. Ainsi, les Actes présentent la diversité de l’Eglise : la communauté de l’Eglise, les missionnaires, qui sont apôtres ou prophètes, envoyés ou prédicateurs, et les anciens pour que la communauté vive après le départ des missionnaires.
Cet aperçu de l’Eglise naissante pourrait nous servir pour nous organiser et pour vivre aujourd’hui le commandement du Seigneur de nous aimer comme il nous a aimés.

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