05/05/2022

La vocation ? Vivre comme Jésus (4ème dimanche de Pâques)

Qu’est-ce que c’est être chrétien ? Qu’est-ce que la vocation chrétienne ? Nous imaginons naïvement que Dieu appelle, et que si nous n’avons rien entendu, c’est que nous ne sommes pas appelés, que nous sommes appelés à rien. Ouf, les exigences du célibat et de la vie religieuse ne sont pas pour nous !

Quelle fumisterie ! Si l’on veut être certain de ne pas entendre Dieu, surtout, ne changeons rien à cette mythologie. Dieu ne parle pas de telle sorte que, l’ayant entendu, nous pourrions lui répondre et que lui répondre signifierait entrer dans les ordres. Dieu parle, et comme disent les Ecritures, le monde, et l’humanité sont créés. Et Dieu voit, c’est très bon.

Dieu parle et nous sommes. Nous sommes sa parole. Répondre à son appel c’est saisir notre propre existence comme parole que Dieu nous adresse : sois ! Et nous sommes. Jour premier, chaque jour, jour sans début ni fin de l’amour de Dieu, de la vie avec lui.

Etre chrétien, être baptisé, être appelé par Dieu, répondre à son appel, vivre notre vocation chrétienne c’est entendre notre existence avec et pour les autres comme la parole que Dieu nous adresse, c’est choisir le mode de vie de Jésus pour le nôtre, nous décentrer, faire place à l’autre, Dieu, tout frère, à commencer les plus petits, puisque tout ce que nous avons fait, ou non, à ces plus petits, c’est à lui que nous l’avons fait, ou non.

A-t-on besoin de suivre Jésus pour se décentrer, laissant à Dieu et aux frères la place première ? Assurément pas. On connaît des baptisés qui n’en font rien quand des personnes d’autres religions ou sans religion s’évertuent à ce qu’autrui soit considéré dignement.

Le nombre de ceux qui acceptent de recevoir le sacrement de l’ordre est, en Occident du moins, très faible. Peut-être devrions-nous entendre ce fait comme un signe des temps, locus theologicus. Les déplorations aussi vaines que culpabilisantes, les neuvaines et pèlerinages qui font croire qu’on a tout fait nous détournent d’écouter l’appel de Dieu, notre vocation. Cela ne va pas comme nous vivons les ministères, en particulier ordonnés. Cela ne va pas comme nous vivons la vocation de et dans l’Eglise. Il est temps de nous convertir.

A force de sacraliser des schémas religieux, on prive les communautés et des ministères et des sacrements. Il faut hiérarchiser les vérités ! L’eucharistie partagée, le baptême, c’est tout de même autrement plus central pour la foi que de savoir si les prêtres doivent être célibataires, hommes ou femmes ! Notre Eglise n’est-elle pas de ces pharisiens hypocrites qui annulent le commandement de Dieu au profit de nos traditions humaines ?

Vivre en chrétien, se comprendre appelés de sorte que puissions faire de nos vies une réponse au Dieu qui le premier nous a aimés, nous est aussi naturel que difficile. Naturel, puisque c’est ce à quoi nous sommes appelés, nous avons été créés capables de répondre, nous avons été créés répondant, à Dieu et des frères. Et pourtant, cette inclination, cette connaturalité est sans cesse empêchée pas la propension à occuper le centre : « moi d’abord ».

Le style de Jésus est autant naturel qu’épreuve du dépouillement, chemin de vie autant qu’apprentissage de l’abandon de nous-mêmes où l’hôte plus intérieur se révèle en transparence. Un entretien de Michel Bouquet à propos de la vie de comédien donne des mots extrêmement justes pour la vocation de disciples, de baptisés, notre vocation chrétienne. Je me contente de modifier l’un ou l’autre terme.

- Suivre avec ferveur sa vocation fait-il une vie heureuse ?
- Non, cela fait une vie de malheur.
- De malheur ?
- Le malheur de savoir que c’est si dur, chaque fois si dur. On risque sa vie à chaque [situation] rôle, et si [la situation] le rôle ne veut pas vous parler, [si l’on ne sait entendre Dieu dans la situation] si l’auteur se refuse à vous renseigner, c’est foutu. Et c’est tragique.
- Mais quand vous réussissez ? Quand votre [réponse] interprétation sonne parfaitement juste et que [votre vie dit Dieu] le public applaudit acteur et auteur ?
- Eh bien on se jette [à ses pieds] aux pieds de l’auteur et on [le loue et l’implore] cire ses chaussures pour que [la réponse] elles soient encore plus belles. Il n’y a aucune gloire à tirer. Aucun orgueil.
- Au moins une certaine satisfaction !
- Non. Jamais. Parce que c’est encore à refaire le lendemain. Et le surlendemain. D’ailleurs, je vous quitte parce que je joue ce soir. Je ne peux pas y échapper. Je dois me reposer et puis me préparer.
- Allons ! Il y a dans votre œil des paillettes de gaîté quand vous parlez de [foi] théâtre.
- Je suis en effet habité par quelque chose. Mais ne vous méprenez pas. Ce sont bel et bien des devoirs. Ma vie ne m’appartient plus, elle est à mes devoirs. Et je suis toujours [comme au premier jour] dans ce vestibule de la rue de Rivoli, attendant de dire mon poème. Espérant le miracle qui se produit de temps en temps.
- Soixante-treize ans après votre rencontre avec Escande, vous avez donc toujours la même angoisse ?
- Oui. Car c’est [Dieu] l’auteur qui donne [de le suivre] le talent. Et c’est lui qu’il faut supplier de parler. La quête est incessante… Il faut cette fois que je vous quitte. Je m’en vais vers mon doute.

 

 

 

 

Seigneur Jésus, en ce dimanche de prière pour les vocations, aide ton Eglise à comprendre pourquoi si peu, aujourd’hui, désirent être prêtre. Donne-lui la force de savoir se remettre en cause. Qu’elle ne prive ton peuple ni du ministère ordonné, ni des sacrements.

Seigneur Jésus, en ce jour où nous célébrons l’armistice de la seconde guerre mondiale, aide le monde à comprendre que tu es le prince de la paix. Conformer sa vie à la tienne, quand bien même on ne confesserait pas ta divinité, est chemin de fraternité.

Seigneur Jésus, en ce temps pascal, ne cesse pas de faire jaillir en notre communauté la source du baptême. Nous te confions Emma, Maïlo et Vicky. Que les parents qui présentent un enfant au baptême soit entrainés par chacun de nous à vivre de ton amour.

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