28/03/2018

Du sacrifice au repas (Jeudi saint)


Une très vieille histoire, transmise de génération en génération, « je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu ». Une très vieille histoire qui, pour n’être pas légende ou folklore, mais notre histoire, doit être d’une actualité brûlante. Nous y brûlons-nous ?
Il s’agit d’un homme « la nuit où il fut livré ». Il commande aux siens de manger du pain et de boire à la coupe de vin, un même pain, une même coupe. « Ceci est mon corps pour vous », « ceci est la nouvelle alliance en mon sang. »
Ce n’est pas son corps, c’est son corps pour nous. Ce n’est pas son sang, mais le sang d’une nouvelle alliance. Pour entrer dans la compréhension de ces paroles, il faut les écouter en entier. Nous n’avons pas, comme diraient les aristotéliciens, la catégorie de la substance (ou de l’essence selon la façon que vous traduisez un terme impossible) mais celle de la relation. La chose n’est pas dite en soi mais sous la désignation de la relation. Pourquoi les théologiens médiévaux, et Thomas en particulier, n’ont-ils pas été attentifs à cela, concentrés sur la seule substance alors qu’ils excellaient à lire Aristote ? C’est une énigme qui coûta très cher à la théologie de l’eucharistie, et encore aujourd’hui.
On ne parle pas du corps et du sang, ce qu’ils sont, on dit que le corps est donné, pour nous, que par ou avec ou dans le sang, (« par lui, avec lui et en lui ») une nouvelle alliance est conclue, avec nous. C’est un don, et donner son corps, se donner corps et âme, dirait-on aujourd’hui, corps et sang dit le sémitisme, c’est donner sa vie.
Avec un peu de culture juive, je veux dire avec un peu de fréquentation du premier Testament, nous savons qu’une alliance se scelle avec du sang. Il faut donc un sacrifice, tuer quelques animaux, qu’il s’agisse d’une alliance entre deux personnes, elles convoquent alors leurs dieux comme garants de leur alliance, qu’il s’agisse d’une alliance avec Dieu-même.
L’autel et les participants sont aspergés de sang (Cf. Ex 24, 6-8 et He 9, 19). « Ceci est le sang de l'Alliance que le Seigneur a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses. » Mais voilà, ce n’est plus le sang d’animaux, mais celui de Jésus, enfin du vin qui est dit par Jésus être son sang ; les contractants ne sont plus aspergés mais boivent. La nouvelle alliance utilise des éléments de la première, mais les subvertit.
C’est l’un des contractants, Jésus, qui donne son sang, qui est à boire, et plus aucune clause n’est formulée. Dieu se donne sans condition. C’est une alliance unilatérale, une alliance proposée, offerte, pour nous, mais irréversible, quoi qu’il en soit de ce nous en faveur de qui la nouvelle alliance est établie. Nous n’avons, si l’on peut dire, qu’une seule obligation, répéter le geste. « Faites cela en mémoire de moi. » Ainsi gardons-nous la mémoire de Jésus, « proclamant [sa] mort jusqu’à ce qu’il vienne ».
Répéter le geste fait-il entrer dans un rite, prononcer l’action de grâce sur le pain et la coupe, ou dans une vie retournée, donner sa vie, se donner aux autres corps et âme, corps et sang, ainsi que Jésus. Disons que le rite n’est justement répétition, consentement à l’ordre de faire cela en mémoire de lui, qu’à exprimer ce que nous faisons par notre vie pour les autres comme il a fait pour nous.
Que le sang soit bu et non jeté sur le peuple, qu’on y associe une nourriture, fait passer le vocabulaire du champ sémantique du sacrifice à celui du repas, le repas par excellence, le dernier. Dieu se donne pour que nous vivions. De même que nous mangeons pour vivre, de même nous mangeons ce pain et buvons ce vin pour confesser que Jésus nous fait vivre, qu’il est notre vie, pour vivre de sa vie.
Les sacrifices censés établir une alliance impossible sont caduques comme l’alliance. (Attention, l’alliance de Dieu est sans repentance, en ce sens, elle n’est pas caduque et ne peut l’être, mais c’est pour les hommes qu’elle est impossible, et c’est précisément pour maintenir la première et unique alliance, qu’une alliance nouvelle vient en changer les termes. Dieu s’engage, unilatéralement en notre faveur, quoi qu’il en soit de notre réponse.)
Pour dire l’alliance avec Dieu, il n’y a plus rien à offrir puisque c’est Dieu qui s’offre. Il faut passer à table, il se fait nourriture. Le sacrifice n’est plus, si jamais il l’a été, ce qui gère les relations des hommes avec Dieu, mais la commensalité, le don. Ce n’est plus l’homme qui donne, pas même Dieu, c’est Dieu qui se donne, qui « le premier nous a aimés ».
Et c’est pour vivre de ce don, que depuis avant Paul, parmi les disciples, on se transmet ce que l’on a reçu : « Le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : ‟Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi”. Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : ‟Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi”. »

23/03/2018

"Voyant comment il avait expiré" (Rameaux)

« Voyant comment il avait expiré. » C’est à voir comment Jésus meurt que le centurion confesse la foi « Pour de vrai, cet homme était le fils de Dieu. » Il faut voir Jésus mourir pour confesser la foi.
Dans l’évangile de Marc, d’autres connaissent l’identité de Jésus mais ne confessent pas la foi. Ainsi, dès le premier chapitre, un esprit mauvais déclare : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. » et Jésus lui intime l’ordre de se taire. Au même chapitre, la scène est généralisée : Jésus « chassa beaucoup de démons. Et il ne laissait pas parler les démons, parce qu'ils savaient qui il était. » Les esprits mauvais savent n’ont pas vu comment Jésus meurt.
Entre ces démons et le centurion, il y a les disciples. On s’attendrait à ce que soit eux qui confessent l’identité de Jésus. Au chapitre 8, Pierre déclare « Tu es le Christ » Alors « Jésus enjoignit [aux disciples] de ne parler de lui à personne. » et de suite annonce une première fois sa passion. Pierre corrige Jésus, impossible de parler ainsi. Mais Jésus, « se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit : "Passe derrière moi, Satan ! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes !" » Pierre est rangé du côté des esprits mauvais.
Il y a deux autres annonces de la passion, aux chapitres 9 et 10, mais les disciples ne comprennent pas. Pour confesser Jésus, il faut voir comment il meurt. Les disciples n’ont pas vu, ils ne le verront pas, puisqu’ils auront tous abandonné Jésus… Ils devront apprendre du centurion, païen, qui n’est pas de leur groupe, choisi par Jésus, comment Jésus est mort.
C’est à la croix que Dieu se révèle comme jamais, que Dieu se donne à connaître. Impensable évidemment de reconnaître dans le crucifié, le condamné défiguré par la souffrance, le dernier mot de Dieu sur lui-même. Et l’on comprend que Pierre ait repris Jésus. Le Christ ne peut mourir dans les souffrances, pire comme un maudit, un malfaiteur dit Marc.
Parler de Dieu sans être allé à la croix, c’est parler de travers, et mieux vaut être réduit au silence. Les grandes idées sur Dieu ne valent que pour autant qu’elles ont été passées au tamis de la mort en croix. Et si nous sommes là, c’est parce que, seulement au pied de la croix, la confession de foi est possible.
Comme Pierre et tous les disciples, depuis le premier d’entre eux, le centurion, nous avons refait le trajet de l’évangile et sommes venu contempler (comme les femmes qui « regardaient de loin ») Jésus en train de mourir. Contempler non par sadisme, goût de la souffrance ‑ le texte est plus que soft ‑ mais pour faire mourir en nous une fausse idée de Dieu. La conversion nous conduit du phantasme de toute-puissance au Dieu qui a le pouvoir de se faire proche de tous ceux dont l’humanité est niée, méprisée, meurtrie.
Voyant comment il avait expiré, nous confessons, « pour de vrai, cet homme était le fils de Dieu ».


- Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné ton Eglise aux folies du pouvoir et de l’argent ? Que le don de sa vie de ton fils, une fois pour toutes, soit la pierre angulaire sur laquelle elle puisse se reconstruire au service de tous, à commencer les plus pauvres.
- Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné le monde aux folies de la violence et du sang ? La réaction de tant de Français au don de sa vie d’un gendarme chrétien en échange d’un otage laisse deviner que l’acte d’offrande de ton fils est attendu, espéré.
- Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné chacun de nous qui devons vivre sans toi, dans un monde sans Dieu. Que ton fils, abandonné à la mort, soit notre guide pour être, à sa suite, les témoins de ton amour pour tous.
 

16/03/2018

La déroute de Jésus (5ème dimanche de carême)

Quelques versets de l’évangile de Jean nous font entrer dans l’angoisse de Jésus. On ne sait comment le rédacteur est renseigné. Comment sait-il ce que vit Jésus ? Laissons là la piste du reportage, et optons pour le témoignage théologique. Que disent ces versets de Jésus, de Jésus pour et avec nous ?
A la fin de la présentation de tout ce que Jésus a fait durant son ministère, à la fin de la première partie de l’évangile de Jean, les chapitres 1 à 12, avant d’entrer dans la seconde partie, la passion, une angoisse saute à la gorge de Jésus, qui le déboussole. La fidélité à tout ce qu’il est, la fidélité à son Père et la fidélité aux hommes qu’il aime jusqu’au bout, au but, à l’extrême, passent par la mort. Y échapper serait trahir. Mais comment affronter la mort autrement qu’à avoir peur, à suer sang et eau ?
Jésus n’est pas de ces stoïciens qui apprennent à bien mourir, pour qui la mort n’est rien, puisque vivants, ils n’y sont pas, et morts, ils n’y sont plus. La mort, avant d’être la nôtre est celle des autres, et le solipsisme stoïcien est aussi factice qu’inefficient. Jésus éprouve la rébellion viscérale contre la finitude, mourir comme une bête. Nous mourons tous comme des bêtes, parce que c’est d’être un vivant, un animal, un être animé qui nous conduit à la mort.
On pourra dire que c’est dans l’ordre des choses, que c’est la vie. La comparaison du grain de blé pourrait aller dans ce sens. Mais il ne semble pas que cela convainque Jésus, en tout cas, ces bonnes raisons et comparaisons n’éliminent pas la déroute ni le désarroi devant la mort. Et comment pourrait-il ‑ pourrions-nous ‑ se garder serein d’affirmer que la mort, c’est la vie ? La mort, c’est la négation de la vie, ce pour quoi l’homme n’est pas fait et ne s’expérimente pas fait. C’est l’humanité qui est niée par la mort, « un ver, pas un homme » dit le psaume. « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! »
Je suis profondément réconforté à entendre Jésus avoir été ainsi bouleversé. Non que l’effroi de tous et le sien rendent chacun des nôtres moins terrifiants. Mais si Jésus aussi, ce Jésus que nous aimons, a connu cette angoisse, on n’est peut-être pas dans l’errance à refuser les consolations à deux sous, trop ratiocinantes pour avoir quelque once de vérité anthropologique, on n’est pas dans l’errance à renvoyer la fière attitude stoïcienne comme un déni d’humanité. Non, nous ne sommes pas des vers, mais des hommes. C’est à l’image et ressemblance de Dieu que nous avons été créés, c’est pour vivre que nous avons été créés, pas pour mourir. « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? »
Certes, quelques versets avant cet effroi, et comme commentaire au grain de blé tombé en terre, Jésus avertit : il faut consentir à tout perdre pour vivre, et qui se conserve perd tout. Cela, nous l’apprenons dès les premières frustrations de l’enfance, parce que tout n’est pas possible ­– foutue finitude ; c’est encore et surtout le chemin de la paix, d’une humanité réconciliée. Vivre, c’est passer derrière l’autre. C’est déjà la mort, c’est déjà une mort.
Mais si s’effacer fait vivre et l’autre, et nous d’avoir été féconds, cet effacement n’est pas la fin. La vie de l’autre à laquelle nous aurons pu contribuer rejaillit en vie, nous fait vivre avec l’autre, avec et pour les autres. Voilà le but, la vie. Et plus l’on aime, plus se donner est vie. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » lit-on quelques versets plus loin. Ce n’est pas un sacrifice, comme on le dit trop vite. On n’offre rien à Dieu ‑ ce qu’est le sacrifice ‑ on s'aime, on sème et la récolte est plus que vie, source de vie, à l’image de Dieu.
Cette expérience du don qui fait vivre et l’autre et nous et tous, pourra-t-elle aider à consentir à la mort, à la fin, au plus jamais ? Si ce qui meurt en nous, nous le savons, au moins parfois, être source de vie, nous aurions de quoi recueillir l’esquisse d’une issue, l’esquisse d’un passage, l’esquisse d’une Pâque. Si dans le don, il y a la vie. Si Jésus lui-même consent à s’effacer, lui notre Pâque (1 Co 5, 7), tout en résistant de toutes les fibres de son être à la mort, nous pourrions au moins ne pas tout vivre à l’ombre de la mort, nous pourrions faire reculer déjà, ici et maintenant, la contamination de tout et de tous par la mort, n’être pas « pour la mort ».
Vivre, ainsi, serait s’en remettre à Jésus comme lui s’en était remis à la volonté du Père, non que le Père voulût sa mort, mais qu’au cœur même de l’angoisse et de l’effroi, dans l’impossibilité de les réduire nullement, cette volonté du Père est qu’une issue soit ouverte, que Jésus soit notre Pâque, notre passage. « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? »

14/03/2018

Discipulos misioneros



Leyendo las paginas 29-34 de la carta arzobispal Iglesia ¡anuncia a Jesucristo! Eres luz y sal del mundo, me apodero de tal o tal reflexión, en vez de proponer una explicación o un comentario.

La palabra “discípulos misioneros” proviene de un documento del CELAM, título del texto de Aparecida en 2007, cuyo el Cardenal Bergoglio coordinó la redacción.
La palabra “discípulos misioneros” significa que la misión no es asunto propio de algunos en la Iglesia. Nadie puede confiscar la misión en favor de una casta de bautizados. Ninguna palabra de las Escrituras se dirige a los sacerdotes solos, con exclusión de los demás fieles. “¡Ay de mí si no anunciara el evangelio!” (1 Co 9, 16) Y así de todas las palabras escriturales.
La palabra “discípulos misioneros” significa que la fe no consiste en ritos tampoco en una religión, como para los paganos. ¡Hay una manera pagana de ser cristiano! Pablo ya se desconfiaba de los hombres demasiado religiosos: “viri athenienses per omnia quasi superstitiosiores vos video”. (He 17, 22)
La palabra “discípulos misioneros” significa que nuestro país ya no es cristiano, sí tiene un sentido hablar de países cristianos (hablamos como sociólogos, no como el evangelio). La misión es una manera de vivir la fe, dirigiéndose a los demás.
La misión no consiste en volver a hacer cristianos a nuestros hermanos.
-  En una sociedad ya no regida por normas de autoridad (todavía hay normas, las de la publicidad, de la moda, pero actúan de otra manera), la religión será siempre una minoría. Un marco apremiante, organizador, regulador ya no existe a partir de una autoridad.
-  Estamos de forma duradera en un mundo pluralista (en el mismo momento universalizado).
-  Es una suerte por la fe. No que antes sea peor, pero que somos discípulos a causa de Cristo, no en favor tampoco a causa de un modelo social.
-  No se trata de que todos o el máximo sean discípulos. La sal de la tierra da su sabor o conserva los alimentos, pero no se toma la sal de conservación, no todo el plato es sal.
La misión no consiste en hacer público un discurso, un catecismo, un sistema del mundo. La palabra de la Iglesia en la sociedad no es una ideología en medio de otras, por ejemplo, contra el género, contra la homosexualidad, contra la eutanasia, contra el comunismo o el capitalismo, el desreglamento del mercado, los emigrantes. Podríamos contar los momentos durante los cuales Jesús se puso contra. ¡Quizá solamente contra la hipocresía religiosa!
Lo que decide la ley de las naciones puede ser en contradicción con la fe. Muy a menudo, a medida que los cristianos sean menos numerosos, la ley no hará caso de sus convicciones. Tenemos que mantener una postura profética, sin arrogancia porque la hipocresía siempre “está a estla puerta, acechando”. Testimoniar solamente que la vida está abierta, necesita apertura.
La fe no consiste en un sistema ideológico, un dogma, sino en un anuncio, una palabra sin palabra (“No hay lenguaje ni palabras”, dice el salmo 19,3), una manera de vivir que hace una señal hacia Cristo. No somos encargados de obligar a los demás a hacer el bien (si, al menos, no lo hacen), queremos ser señal del bien, de vida buena, es decir, de vida abierta a lo que le falta.
No somos discípulos para conocer el sentido de la vida. Somos como los demás, despojado ante de la absurdidad del mal, del sufrimiento, de la muerte. El mal no tiene sentido y es favorecer el mal dar explicaciones del mal, dar razón al mal, porque el mal nunca tiene razón. Al contrario, y más que los demás, tenemos que luchar contra los ídolos, todo lo que se presenta como sentido recapitulativo, pensándose integral, único, exclusivo, exhaustivo, todo sistema. No podemos hacer de la fe, del catecismo un ídolo conceptual que veneramos porqué no es sistema explicativo del mundo ni de la vida. Como Jesús delante de la muerte no quedemos derrotados: “Mi alma está muy triste, hasta la muerte.” (Mc 14, 34). La fe es seguida de Cristo hasta Getsemaní.
La fe se convierte así en un servicio, se dice un ministerio. Jesús nunca pidió por creer en él. Vino par que la gente tenga vida y la tenga en abundancia (Jo 10, 10). Es servidor de la vida de la gente. Tenemos que hacer lo mismo. Es la misión.
Más que de métodos para una nueva evangelización, se urge el amor, la caridad. Cuando se piensa en la Iglesia, en los cristianos, no se piensa primero en la caridad. Es lo que tenemos que cambiar, antes de hablar de métodos de evangelización. “En esto conocerán todos que sois mis discípulos, si tenéis amor los unos por los otros.” (Jo 13, 35)
Se podría decir que seamos nosotros, discípulos, que ocultamos a Dios, el contrario de la misión. Nos preocupamos de verdad, de éxito de la Iglesia, cuando se trata de testiguar del amor, lo que se hace sólo amando. Antes de enseñar, de hablar, Jesús curó, tuvo piedad y compasión, amó, salvó, libró. No es Jesús por lo tanto una ONG. Es el exceso de humanidad que indica a Dios, que es el propio de los discípulos misionarios. Dios es un sembrador no segador. No cesa de sembrar, de dar, incluso donde no puede crecer la semilla, al exceso. La parábola es la del sembrador, no de los terrenos o de la cosecha. Dios nunca se fastidia en darse hasta el extremo.
En Atenas (He 17) ¿tenemos un éxito o un fracaso de la misión paulina? Solamente dos o tres se convirtieron. No son los miles como en los resúmenes de los Hechos. “Cuando oyeron lo de la resurrección de los muertos, unos se burlaban y otros decían: "Ya te oiremos acerca de esto otra vez". Entonces Pablo salió de en medio de ellos.” Según la respuesta, tenemos a dos concepciones de la misión, quizá una con los criterios del mundo, el éxito, el número, otra con los del Reino.
Salir de sí mismo, renunciar a sí mismo, incluso a nuestro entendimiento siempre demasiado estrecho, pues falso, de Jesús y del evangelio. “Y decía a todos: -- Si alguno quiere venir en pos de mí, niéguese a sí mismo, tome su cruz cada día y sígame.” (Lc 9, 23)
La plegaria no es una cosa que tendríamos que hacer. Todavía es pagano. Es solamente mantenerse delante de Dios, para nada… sino él mismo. Así es posible orar sin cesar, mantenerse delante de Dios. La plegaria es expresión de la gracia, del don, es decir de la gratuidad. Dios nos ama sin razón. La razón de amar a Dios es Dios mismo, dice San Bernardo. Ser discípulo significa intentar de ser semejante a él. “Nosotros lo amamos a él porque él nos amó primero.” (1 Jo 4, 19)
Mientras hablamos mitológicamente, “experimentar el amor del Señor”, no somos creíbles. Experimentar el amor del Señor es una manera de hablar que puede tener su sentido, pero que no tiene sentido para muchos, incluso cristianos. Tenemos que estar “siempre preparados para presentar defensa con mansedumbre y reverencia ante todo el que os demande razón de la esperanza que hay en vosotros.” (1 P 3, 15). Presentar defensa, mejor traducido, dar la razón. No se experimenta el amor de Dios como las demás cosas, incluso mas grandes. Sabemos que no hablamos en primer nivel, o bien, estamos en plena mitología.
Hablar de la alegría de la fe me pone nervioso. No se decreta la alegría tampoco se busca. Son las técnicas contemporáneas de bienestar que la venden. Buscamos a Dios, no la alegría. Si somos felices ¡que lo aprovechemos! Pero sin arrogancia para los que “apenan en los caminos de la vida perfecta” (Papa Gelasio). La alegría es una promesa escatológica (Cf. Is 65 o Sm 136). La meta del ser discípulos no es la alegría, porque hay vidas de fidelidad que no pueden conocer la alegría, porque el camino del servicio y del renunciamiento a menudo es muy pesado, porque cuando hermanos están muriendo, sufriendo ¿cómo podríamos ser felices? El amor purifica, y hace daño, empobrece y no es siempre alegría. ¿Pero a quien iríamos? Tiene él, palabras de vida.
Por supuesto no busquemos el sufrimiento. Mejor, lo queremos rechazar. No tenemos que entretener un resentimiento o la acedía. Pero lo que importa, no es ser feliz, como dicen los programas de bienestar, sino ser fieles a Cristo, es decir a sus hermanos, empezando por los más pequeños. Leyendo la pasión según Marcos, se entiende donde y como se reconoce a Jesús, se indica como convertirse en discípulo. “viendo como había expirado” (Mc 15, 39). En el evangelio de Marcos, no existe el gozo de la resurrección. Se reconoce a Jesús como mesías e hijo de dios, viendo como había expirado” También es una teología cristiana.