Qu’est-ce qu’un dieu, sinon un être supérieur à qui l’on doit honneur et crainte ? L’homme se doit de le servir, ou au moins tente de se le rendre favorable par quelques sacrifices. Plus ces sacrifices coûtent cher, jusqu’au sacrifice du fils premier né, plus le dieu est susceptible d’épargner ses serviteurs.
Le Larousse a décidé de donner deux définitions du mot, selon qu’on l’écrirait avec une majuscule ou non. « (Au singulier ou au pluriel, avec une minuscule, et un féminin, déesse). Dans les religions polythéistes, être supérieur doué d'un pouvoir surnaturel sur les hommes ; divinité. » Suivent deux emplois dérivés, dire de quelqu’un qu’il est un dieu ou que l’argent est un dieu. « Dans les religions monothéistes, être suprême, transcendant, unique et universel créateur et auteur de toutes choses, principe de salut pour l'humanité, qui se révèle dans le déroulement de l'histoire (avec majuscule, considéré comme un nom propre). »
La chose est curieuse, bien ethnocentrique. On ignore tout des religions orientales. Pourquoi distinguer ici les religions polythéistes et monothéistes ? Dieu serait un mot des religions et non un mot de la langue de tous les jours. Et que dire de l’athée, pour qui Dieu serait, par exemple, le fruit de l’imagination humaine qui sert comme explication des choses, source de la morale et des règles sociales.
Et vous, quelle définition donneriez-vous ? Résisteriez-vous à parler de Jésus pour rester neutre et objectif ? Mais peut-on parler du coucher de soleil sur la mer sans s’y impliquer complètement de sorte que la définition dite objective, scientifique « effet de la rotation de la terre qui correspond au moment où, pour un endroit de la Terre, le soleil n’est plus visible », échappe complètement à ce dont il s’agit de parler.
Si pour le coucher de soleil on ne peut que s’impliquer, combien plus s’il s’agit de parler des autres, de ceux qu’on aime, et de Dieu aussi. Parler de Dieu sans s’impliquer, c’est à coup sûr parler d’autre chose. Imaginez un conjoint qui parlerait de son conjoint sans dire qui il est pour lui, mais seulement en énumérant les mentions de l’état civil. Son propos serait mensonge bien qu’il n’ait rient dit de faux.
Et pourtant nos définitions de dieu sont aussi discréditées à être le fruit d’un témoignage, le déballage de nos tripes. On le comprend d’ailleurs ; il est une tyrannie de l’émotionnel qui vous prend en otage, vous empêche de contester ou de discuter, vous oblige poings et mains liés à accepter ce qu’on vous dit ou à vous taire.
Comment s’en sortir ? Comment parler de Dieu si le définir objectivement c’est en faire autre chose que ce qu’il est, si s’impliquer personnellement dans sa définition, c’est risquer d’enfermer dans les rets de notre sensiblerie ?
Avec Blaise Pascal, nous pourrions proposer que seul Dieu parle bien de Dieu. Nous n’allons tout de même pas dé-finir, délimiter Dieu ! Il faudrait qu’il s’offre à nous, qu’il se dévoile, au moins un peu. Ce n’est pas l’homme qui dit Dieu, c’est Dieu qui parle. Et Dieu dit, faisons l’homme à notre image. Et il en fut ainsi. Il y eut un soir, il y eu un matin, sixième jour.
Ce sera pour une autre fois de réfléchir sur la possibilité pour nos oreilles de chair et de sang d’entendre une parole de Dieu. Evidemment, Dieu ne parle pas comme vous et moi. Seuls les illuminés l’entendent ainsi. Mais si nous écoutons Jésus, alors, tout est renversé de nos savoirs. Jésus n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Si sa grandeur dit le divin, elle n’est jamais aussi élevée que dans l’abaissement du serviteur, de l’esclave.
Et si c’était cela que nous trouvions dans notre définition de Dieu : La grandeur, si vous voulez, au service du bonheur des hommes. Le pouvoir, si vous voulez, au service de la vie des hommes, quitte à passer la tenue de service, quitte à prendre le rôle de l’esclave.
C’est aussi parce que nous continuons à penser comme les chefs des nations païennes qui commandent en maître et les grands qui font sentir leur pouvoir que tant de ceux avec qui nous vivons, que nous aimons ne peuvent être disciples de notre Dieu.
Ils ont bien raison d’être athées, si c’est le moyen de congédier les horribles définitions de dieu par lesquelles nous avons commencé. Moi aussi je suis athée de ces dieux là. Point de sacrifice pour se concilier la divinité ou pour expier. Non, mais un Dieu qui se donne pour que les hommes aient la vie, qui se fait le serviteur, l’esclave de notre bonheur et de notre joie.
Textes de St Jacques Apôtre, Patron de l'Espagne, Année jubilaire à Compostelle: Ac 4,33. 5, 12. 27-33. 12,2 ; 2 Co 4, 7-15 ; Mt 20, 20-28
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