08/11/2019

« Fils de la résurrection » 32ème dimanche


Parler de résurrection, c’est commencer par oublier toutes les représentations que nous en avons. La parabole que nous venons de lire montre que penser la résurrection comme prolongement après la mort des logiques de notre monde conduit aux pires inepties.
Disciples de Jésus, la mort n’est pas devant vous, mais derrière puisque « vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 3, 1). La résurrection n’est pas à venir. Tant que nous ne nous débarrasserons pas de ces balivernes plus ou moins consolatrices devant la souffrance du deuil, nous n’entendrons rien à Jésus ni à la résurrection. C’est lui, la résurrection (Jn 11, 25) La résurrection est notre avenir parce qu’elle est déjà notre vie.
Il y a une drôle d’expression dans notre texte : fils de la résurrection. Qu’est donc la résurrection pour avoir des enfants ? Et l’expression entière est encore plus curieuse, « ils sont fils de Dieu en étant fils de la résurrection ». Les interlocuteurs de Jésus avaient de quoi être autant surpris que nous, et plus encore. En effet, le mot de résurrection n’existait pas, de sorte que Jésus a dit : « ils sont fils de Dieu en étant fils du lever ».
Vous imaginez la tête des interlocuteurs ? Ils avaient cru balader Jésus avec une histoire sans queue ni tête, ils ont été payés en retour ! Fils de Dieu en étant fils du lever
Nous lever, c’est ce qui nous arrive régulièrement. Ceux d’entre nous qui sortent de maladie et qui peuvent enfin de nouveau se lever savent combien le lever chaque matin n’a rien de banal. On revit ! Chaque matin, nous venons au jour, nous sommes enfantés à la vie. On pourrait ainsi comprendre cette énigme des fils de se lever, des enfants d’un lever.
Mais le texte parle non d’un lever, comme chaque matin, mais du lever. De quel lever s’agit-il ? Ce lever nous fait fils de Dieu, enfants de Dieu. Ils sont enfants de Dieu en étant enfants du lever. Ce lever nous engendre et, dans l’instant, la reconnaissance de paternité : nous sommes enfants de Dieu.
« Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! […] Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » (1 Jn 3, 1-2)
Dieu fait de nous ses enfants, ses fils et filles. Que les hommes et les femmes soient engendrés de Dieu, voilà qui devrait nous étonner autant que l’expression de Jésus : fils de Dieu en étant fils du lever. Or c’est cela la résurrection : que la vie des hommes et des femmes soit vie de Dieu. On n’a pas tout dit de la vie quand on a parlé de biologie ou de zoologie. La résurrection, ce n’est pas après la mort. La vie humaine qui coule en nos veines est divine. La vie est plus que la vie. C’est cela que nous appelons Dieu, c’est cela que nous appelons résurrection.
La résurrection, c’est la vie avec Dieu. « Vivre, pour moi, c’est le Christ » (Ph 1, 21), dit Paul, que l’on ne trahit pas en commentant, vivre, pour moi, ce sont les frères, puisque le Christ est l’aîné d’une multitude de frères (Rm 8, 29) et que l’humanité est fraternité.
L’Epitre de Jean le dit, cela ne saute pas aux yeux, cela n’a pas encore été manifesté. C’est pour cela que beaucoup comprennent la résurrection pour après la mort. Mais il n’en est rien. Déjà Dieu est père, déjà nous sommes ses enfants, déjà nous vivons de sa vie, nous recevons sa vie en héritage, déjà nous sommes fils et filles de la résurrection.
Etre enfants de Dieu, c’est permettre à Dieu d’être reconnus. Ressuscités, nous sommes les témoins que vivre c’est aimer et que haïr, c’est être homicide (1 Jn 3, 15) et mourir, même si prospèrent ceux qui haïssent les frères et que sont poursuivis ceux qui s’essayent au « principe de fraternité ».
Dans le bourbier que peuvent être nos vies, témoigner que vivre est autre chose, vivre que vivre est autre chose que survivre et peiner, c’est renverser la mort, la faire reculer au moins ; c’est se voir relevés. Tous ceux qui sont engagés dans le corps à corps avec la mort manifestent qu’une autre vie appelée amour est déjà commencée, qu’une autre vie appelée par l’amour est déjà commencée.

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