20/10/2020

Après un énième attentat et avant le suivant... (30ème dimanche du temps)

Chaque fois qu’un attentat émeut la population et que cette émotion est mise en scène par les médias, les réseaux sociaux, les politiques et autres ‑ tous les attentats n’émeuvent pas et toutes les émotions ne sont pas mises en scène ‑ on a droit aux mêmes commentaires. Un copier-coller du coup précédent ; on change le nom de la victime et son métier.

Comment cela se fait-il que l’on se croie si sincère alors que l’on a déjà dit tant de fois la même chose, avec la même détermination ? Si ces déclarations ne sont pas rodomontades, n’est-ce pas qu’elles nous font croire que nous avons fait quelque chose contre le crime, que nous nous en sommes désolidarisés ? Au passage, nous aurons bonne conscience.

J’ai lu cette fois encore pas mal de tribunes, opinions et analyses. Un autre extrémisme se nourrit des traumatismes sociaux, tout comme les hussards de la laïcité. Dans tous les cas, le problème, c’est la religion. La laïcité est parfois aussi une question de foi, de conviction, alors qu'elle est censée poser le cadre de l'expression des différences de convictions. La liberté d’expression, et à juste titre, est une déesse, un transcendant, de l’imaginaire républicain. Lorsque la foi laïque s'impose à tous publiquement et contraint les religions à un strict confinement privé, on est en pleine contradiction, et la violence n'est pas loin.

Ceux qui gouvernent ou veulent gouverner gesticulent. Il faut faire quelque chose. Oh certes ! Mais ce n’est pas à expulser quelques dizaines de personnes et à fermer une moquée qu’on résoudra le problème. Où se retrouveront-ils les musulmans de Pantin ? Ils ne vont pas disparaître parce qu’on ferme administrativement leur mosquée pour six mois. S’ils sont coupables, iront-ils « contaminer » les autres mosquées ? S’ils sont innocents, peut-on les priver de la liberté de culte ? Même si tous ceux qui sont fichés S et en situation irrégulière étaient expulsés ‑ ce qui est légalement et moralement impossible ‑ le problème serait encore là. Monsieur le ministre, nous sommes fatigués de votre incurie, celle de vos collègues et prédécesseurs. Nous prenez-vous pour des imbéciles avec vos effets d’annonces ? Le respect de la devise républicaine suffit à un gouvernement. Ce serait un grand pas vers la paix dans notre pays de s’y cantonner : liberté certes et oh combien, mais aussi égalité et fraternité.

Toute punition collective est injuste et crée un peu plus de ressentiment. Qui va faire les frais de ces mesures et discours ? Qu’est-ce que cette rhétorique infantile qui stigmatise les méchants pour mieux nous convaincre que nous sommes évidemment dans le bon camp, celui de la culture, des Lumières, de la tolérance, etc. ?

La solution ? Elle n’existe pas ! La baguette magique est un accessoire de conte de fée. Ce qui est certain, c’est que prétendre apporter un peu de paix ne peut se faire sans une remise en cause de la société et de son idéologie, « nous » les bons, « eux », ceux qui ne pensent pas comme nous, les méchants. Prétendre apporter un peu de paix ne pourra se faire sans aimer, y compris ses ennemis. La guerre à la guerre, c’est encore la guerre. Il faut certes se protéger et au besoin utiliser la force, mais ce n’est pas résoudre le conflit. « Aucune guerre n’est juste. La seule chose juste, c’est la paix. » La fin de la guerre c’est l’amitié entre les peuples et les personnes. Quel gouvernant aura la trempe de le dire et de le promouvoir effectivement ?

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt 22, 34-40)

On ne saurait aimer ou servir Dieu sans aimer les frères, même ennemis. Le mensonge du terrorisme musulman est dénoncé on ne peut plus clairement. Mais la similitude des deux commandements dénonce tout autant le hiatus entre les grands principes, les « valeurs » comme l’on dit, de notre République, et notre attitude entre concitoyens, même ennemis.

Quel souci les uns des autres construit notre société ? Comment nous, disciples de Jésus, au nom de notre amour pour le Père, sommes-nous engagés dans un amour des frères, de tous les frères, fratelli tutti ?

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