28/02/2025

Dieu sens dessus dessous (8ème dimanche du temps)

Peinture-monde, sens dessus dessous - Centre Pompidou 

L’enseignement de Jésus reconstitué par Luc commence avec les Béatitudes et le renversement des axes de valeurs. Les pauvres sont heureux, et malheur aux riches. Ni revanche ni éloge de la misère qui avilit, ce renversement est la cause de la joie du Magnificat. Dieu s’est approché des rejetés de toute sorte. Cet enseignement est à ce point intempestif que l’on fait tout pour l’ignorer, même parmi les disciples. Pourtant, les pauvres, disons les exclus, si l’on veut bien les écouter et apprendre d’eux, révèlent la bonne nouvelle qui leur est annoncée (Lc 4, 18).

Tout aussi intempestive, l’exigence de l’amour des ennemis. Il ne s’agit pas tant d’une disposition personnelle que d’un projet en vue de la paix, un dispositif politique. Cela fait sourire les sages. Cela n’apparaît pas crédible. Que fais-tu si ton ennemi, profitant de l’amour que tu as pour lui, continue à t’oppresser ? Objection trop courte, s’il est vrai que dire non au mal peut-être une forme de l’amour des ennemis. Dire non au mal sans que cela soit vengeance, engrenage qui relance et décuple la violence, n’est-il pas le seul fondement à une paix et une réconciliation durable ?

Se pourrait-il que le ton du discours change et que les propos deviennent simple bon sens : un aveugle ne peut guider un aveugle, une poutre dans l’œil empêche de voir, on ne cueille pas du raisin sur des ronces ? Pourrait-on lire les trois petites paraboles de ce jour de sorte qu’elles soient aussi explosives que ce qui précède ?

L’aveuglement est dit par deux fois, de façon générale et par la poutre et la paille. Il est ici envisagé comme ce qui obère la vérité interpersonnelle, la possibilité d’emprunter avec et pour l’autre un bon chemin, d’éviter les obstacles rédhibitoires, la prétention à savoir indubitablement ce qui est bon pour l’autre.

Ce n’est pas une question d’humilité personnelle – on sait que la fausse humilité est un orgueil sans limites. La prétention à savoir est renversée car jamais rien n’est assuré. Et tous ceux qui prétendent savoir sont comme les pharisiens hypocrites qui ne désignent pas des Juifs mais des disciples, s’il est vrai que l’évangile est écrit pour la conversion de ces derniers.

La rencontre avec l’aveugle-né le dit très précisément. Il y en a qui prétendent voir et sont pourtant aveugles, pire qu’un aveugle de naissance. L’oracle prophétique est cité dans l’évangile, ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas.

S’il en est ainsi, on perçoit combien la parole de Jésus se révèle une nouvelle fois subversive, explosive. Aucun enseignement comme contenu de savoir n’est un absolu vrai indépendamment des circonstances où il est écouté. C’est la fin du savoir absolu, du savoir de nos pères, du savoir des religions, mektoub c’est écrit, la Bible dit que.

Il est bien quelques critères pour s’y repérer, le raisin et les figues ne se ramassent pas sur les épines. Mais l’on connaît les figues de barbarie, délicieuses ! On connaît aussi les salauds qui se font passer pour saints. L’histoire récente du catholicisme fourmille hélas de trop d’exemples. Un seul critère est décisif, celui qui précisément n’est pas accepté, l’amour inconditionnel des frères, jusqu’aux ennemis. Cela pose l’amour dans le registre de la grâce qui est le sien, et non dans celui du mérite, de la rétribution.

On dit que Dieu n’habite pas avec les pécheurs, que sa sainteté les fuit et qu’ils doivent se garder de s’approcher. Si le pécheur fuit la sainteté de Dieu par son mal, Jésus témoigne que Dieu ne craint pas de s’asseoir à sa table. Cela fait hurler, comme par hasard, les pharisiens. Que l’on pense à la femme de Lc 7, à Zachée ou au début du chapitre 15 de Luc. Dieu est injuste parce qu’il va chercher ceux qui sont perdus ! Mais voilà. Dieu, pour être lui-même, ainsi que déjà le proclame le prophète Osée, ne peut qu’aimer les pécheurs. Non qu’il considère le mal sans importance, pire, le valide ; au contraire ! Mais c’est en aimant qu’il rend bon et justifie.

 

 

 

21/02/2025

Sainteté personnelle versus Royaume de Dieu (7ème dimanche du temps)

 


Reprenons. Les pauvres sont heureux, non de la misère qui les avilit, mais de ce Dieu ne voit qu’eux. « J’ai vu la misère de mon peuple. » Ceux que les sociétés écartent jusqu’à les invisibiliser voire les supprimer, ce sont ceux que Dieu considère. Jésus s’adresse à eux : « heureux, vous, les pauvres ». S’il voit les autres c’est à travers eux. Les derniers sont premiers. C’est ainsi, le Royaume. On était prévenu dès le chapitre premier avec le Magnificat. « Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. »

Ce n’est pas que les pauvres aient des qualités supérieures aux autres, qu’ils seraient préparés au Royaume parce qu’attendant tout de l’autre, experts de l’existence gracieuse. Non, la vie de misère n’est pas gracieuse. Mais restaurés dans la société par le regard de Dieu-même, l’ordre des injustices, des inégalités s’achève pour eux et avec eux. Un monde nouveau « est déjà là, ne le voyez-vous pas ? » Dès que l’on considère les pauvres, il saute aux yeux.

Cela ne se passe pas demain, après la mort, mais aujourd’hui, parce que « c’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit », « que le salut est entré dans cette maison ». Certes, c’est toujours à recommencer. Le salut se renouvelle chaque jour comme le Royaume se définit par sa venue. La soif n’est apaisée que pour un temps seulement, il faudra boire de nouveau. Cela ne disqualifie pas l’eau de la vie. Cela ne dit pas que le salut n’a pas lieu. Dans l’aujourd’hui se dit son caractère définitif, acquis.

Le Secours Catholique ou ATD le disent : « un pauvre devient a priori un profiteur ». J’ai dénoncé sur Facebook un post qui disait, « Ne vole pas mes outils, je paye ton RSA ». Et l’on ne voit pas que la haine des pauvres et leur stigmatisation fassent problème. La propagande anti-pauvre n’est pas condamnable. On comprend que demeure la malédiction des riches. Ils s’essuient les pieds sur les pauvres. Récemment, un élu constatait qu’aux Etats-Unis d’Amérique « Ce n’est pas un gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, comme le souhait Lincoln en 1863, mais un gouvernement de la classe des millionnaires, par les millionnaires, pour les millionnaires » ; et cela ne vaut pas qu’aux USA même si la brutalité de la politique outre-Atlantique ne rend plus nécessaire que cela soit dissimulé.

Les versets que nous entendons aujourd’hui font suite immédiatement aux malédictions des riches. Il ne s’agit pas de conseil pour sauver son âme, pour son salut personnel, pour ceux qui veulent être parfaits, pour jouir d’une conscience pure. Il s’agit d’’exactement la même chose que dimanche dernier, le renversement des puissants de leur trône, parce que dans le Royaume, personne ne s’essuie les pieds sur personne, personne n’est réduit à être le marchepied de qui que ce soit.

L’appel à l’amour des ennemis et à la miséricorde est le chemin du renversement, parce que c’est ainsi que tout commence, lorsque Dieu confesse à Moïse ; j’ai vu la misère de mon peuple. Voir la misère d’autrui avec le cœur, c’est cela la miséricorde. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »

L’amour des ennemis n’est pas une ascèse personnelle mais un commandement politique, au sens de la vie en société. La réconciliation franco-allemande a mis fin à trois quarts de siècle de guerre. On estime à 270 000 morts en 1870, 9 millions en 1918 et une cinquantaine en 1945. Fallait que ça s’arrête. Nos 80 ans de paix n’ont pas arrêté tous les massacres. Toujours plus, à tout prix. Qu’est-ce que la vie d’un pauvre ?

Le rejet du renversement, insurrection, résurrection de Jésus par les pharisiens est aujourd’hui celui de nombreux chrétiens, défenseurs des valeurs chrétiennes et contempteurs des pauvres. Ils spiritualisent l’enseignement de Jésus. « Les riches aussi sont pauvres ! » Le Royaume fait penser autrement. Rien n’est affaire de mérite ou de rétribution, mais seulement don. Que Dieu donne à qui l’on méprise nous agresse. Il n’y aurait pas de justice. Hypocrites ! L’injustice c’est la pauvreté de tant d’hommes et de femmes, d’enfants, dont se repaissent ceux qui en veulent toujours plus. L’insurrection du salut consiste se réjouir de la munificence sans pourquoi, gratuite, offerte. Et reculent, ici et maintenant, le mal et l’injustice. C’est ainsi que Dieu prononce le jugement dernier, définitif, non absolu au mal, son extirpation.

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Les pauvres ne prennent pas la place des riches en tant qu’ils oppriment. Le renversement des béatitudes et du Magnificat n’est pas une revanche, une vengeance ; ce n’est une menace pour personne parce que tous sont considérés si les pauvres le sont. Ecrire l’histoire du côté des perdants, vivre l’histoire avec les pauvres, c’est déjà l’advenue du royaume.

La bonté de Dieu va aussi aux salauds, « il est bon pour les ingrats et les méchants. » Parce que Dieu est bon, les riches en profitent. Dieu ne peut pas se renier et cesser d’être bon.

 

 Picasso, 1903, La tragédie / Les pauvres au bord de la mer

14/02/2025

« Heureux, vous, les pauvres » Vraiment ? (6ème dimanche du temps)

 

v 1260 Psautier Rutland

Au chapitre sixième de Luc, c’est comme si l’on entendait l’enseignement de Jésus pour la première fois. Ce n’est littérairement pas exactement vrai ‑ lors de ses dialogues avec les uns et les autres, on a déjà pu entendre Jésus ‑ mais pas complètement faux non plus.

Ce qui en a été rapporté bouscule ce que pensent les gens. Avec les béatitudes (Lc 6, 20-26) cela va carrément à rebrousse-poil. C’est le contraire des évidences, sous toutes les latitudes. « Bienheureux les pauvres. » « Quel malheur pour vous, les riches ! » Avec cet enseignement, on n’est pas déçu ou, au contraire, on a de quoi l’être. Rien sur Dieu. Rien sur la loi, rien sur la religion, et le bon sens retourné comme un gant ! Certains disent de façon dépréciative, que c’est du pur humanitarisme ! Prenons garde d’aller chercher ailleurs ou autre chose.

Rien sur Dieu ? Pas sûr. On apprend avec Jésus que pour parler de Dieu et vivre avec lui, il n’y a d’autre voie que de considérer avec dignité les humains, les méprisés d’abord. Quant au bon sens, il biaise car il entérine qu’il y a des pauvres et que mieux vaut être riche.

Jésus ne voit aucun bonheur dans l’avilissement de la pauvreté. Dans l’évangile, ce qui défigure l’humain relève de l’adversaire. Celui qui souffre d’être avili n’est pas un maudit. Il faut le dire : les pauvres ne sont pas maudits, n’ont pas à l’être, au point que Jésus les dit bienheureux. C’est clair, non ? Inversement, les riches ne sont en rien bénis. Le riche porte un masque grimaçant et refuse de le savoir. Vingt siècles après Jésus, parmi qui se veut chrétien, il en est qui stigmatisent ceux qui profiteraient des aides sociales et se la couleraient douce. C’est aussi insultant, humiliant que constant.

Les associations et institutions rappellent que la fraude fiscale coûte à la France entre 80 et 100 milliards d’euro par an, la fraude aux charges sociales de 5 à 8 milliards et la fraude aux prestations sociales, qui est loin de n’être le fait que des pauvres, de 2 à 3 milliards. Combien cela fait-il à l’échelle de la planète ? Le taux de recouvrement est de l’ordre de 15% pour les fraudes fiscale et sociale, mais 30% pour les prestations sociales. Cherchez l’erreur.

La pauvreté est pensée comme la faute de ceux qui la subissent. Il n’y a que la rue à traverser ! On n’incrimine pas ce qui la produit, le contexte culturel, patrimonial et social, les modes de vie et préjugés. Le mépris et l’humiliation des pauvres sont cause et conséquence de la pauvreté. Marx est enterré. On parle des pauvres indépendamment de la société qui produit et entretient la pauvreté et les inégalités sont non seulement sanctuarisées, mais augmentent.

Heureux les pauvres ? Non ! La pauvreté est une situation de dépendance dégradante et des gouvernants démantèlent l’aide sociale, rendent les démarches toujours plus contraignantes. Il faut se battre pour s’en sortir, se battre pour ne pas se laisser abattre, se battre pour la dignité, se battre avec les autres car la pauvreté est un fait social, produit par la société. Les pauvres savent d’expérience que l’on ne peut vivre sans les autres, dans le partage et la générosité. La solidarité est une nécessité ; elle crée une sociabilité originale dont on n’a guère idée tant qu’on ne l’a pas vécue. Des associations s’y consacrent et le constatent.

Le renversement ici et maintenant de l’avilissement de la dépendance laisse percevoir que la relation ne relève pas du mérite mais du don, de la grâce. En matière de relation, le mérite n’a pas de sens : on n’aime pas quelqu’un en rétribution de quoi que ce soit. La relation est grâce, mode de vie du Royaume. Qui comprend les béatitudes selon une justice rétributive non seulement insulte les victimes de la misère, mais se range du côté des riches pour qui le mérite est « la » valeur. Même en morale, ils parlent comme en bourse !

Frères et sœurs des pauvres, les pauvres en premier le sont. Frères et sœurs des pauvres, ainsi François d’Assise, on entre dans un monde insoupçonné, aussi violente et agressive que soit la vie. La pauvreté qui défigure et humilie ne parle pas de Dieu, mais Dieu en parle. Il se fait pauvre pour dénoncer l’humiliation des pauvres, et « renvoie les riches les mains vides ». Eprouver dans sa chair que l’on n’existe que par autrui est parabole de la grâce. Seulement recevoir. L’identité va avec la possession, la vie avec la relation. C’est la Trinité où chacun existe de recevoir, se recevoir. Jésus ne parle pas des pauvres, il s’adresse à eux, les considère et ainsi les relève : « Heureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous. »

07/02/2025

Peut-on faire confiance à cette parole ? (5ème dimanche du temps)

 


Quel rapport y a-t-il entre la pêche miraculeuse et la suite de Jésus (Lc 5, 1-11) ? La succession des scènes n’établit aucun lien de cause à effet. Consécution n’est pas conséquence. Ce n’est pas parce que l’on a pris de nombreux poissons, qu’on pêchera des hommes.

La tâche des disciples ne consiste pas à attraper des hommes. « Je t’ai bien eu », « je t’ai bien attrapé ». « Nous nous sommes fait attraper », « nous nous sommes bien fait avoir ». Est-ce ce dont parle le texte ? L’expression « prendre des hommes » ne revient nulle part dans les textes ou la tradition. A la différence de la métaphore du pasteur ou berger, celle du pêcheur d’hommes n’a aucune postérité. Les hommes ne sont pas à capturer, fût-ce par l’évangile parce qu’il est libération. Jésus ne lie pas, n’attache pas. On le sait : en un chapitre il a délivré la belle-mère de Pierre de sa fièvre, les possédés de leurs démons, les malades de leurs maux. Pierre et les chrétiens se sont-ils vu puissants et riches à capturer des hommes pour entendre ce mot ? Comprendront-ils à la fin du parcours que ce n’est pas la question ?

Luc détaille l’étonnement et la remise en cause que suscite la pêche. « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés. » Jésus est-il un esprit mauvais dont on veut qu’il s’éloigne ? Met-il à jour ce que nous sommes, des pécheurs, ceux du péché, que nous nous sentions indignes ou dénoncés ? La frayeur de Pierre est la même que celle qui, quelques versets plus haut, avait pris la foule après un exorcisme.

Les professionnels de la pêche auraient mieux fait de demander à Jésus son truc pour s’en servir une autre fois. Loin de là, maintenant qu’ils sont des pécheurs aux pouvoirs incroyables, ils abandonnent leur métier !

Le rapport entre la pêche et l’appel réside dans l’étonnement et la remise en cause. L’abondance de la pêche n’a d’autre but que de forcer l’interrogation. La pêche miraculeuse émerveille autant qu’elle étonne ; c’est le même mot en grec. Il n’y a rien d’automatique à suivre Jésus. Ce n’est pas parce que « nous avons tout fait » quand nous étions petits que nous suivons Jésus. Ce n’est pas parce que « nous ne sommes pas des animaux » que nous croyons en Dieu. C’est chaque jour que se renouvelle l’aujourd’hui de la parole. Avec la pêche, Jésus installe une rupture dans l’ordre des choses, avec les évidences.

Luc met en scène la capacité de la parole de Jésus à être crue : « Cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » ; « aux autres villes aussi il faut l’annoncer […] et il prêchait dans les synagogues de la Judée » ; « la foule le serrait de près et écoutait la parole de Dieu ». La parole semble aussi efficace que déroutante et surprenante au point d’être effrayante voire démoniaque.

Quel est le statut de la parole de Jésus ? A Nazareth, on s’interroge : « tous [...] étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » pour aussitôt après être remplis de fureur et le précipiter du haut d’un escarpement. A Capharnaüm, immédiatement après, « ils étaient frappés de son enseignement, car il parlait avec autorité. »

La guérison de la belle-mère de Pierre n’a rien changé à la vie de Pierre. Avec la pêche, c’est différent. Sa barque sert de tribune pour que la parole de Jésus parvienne à tous, lui compris. S’il est quelqu’un d’attrapé, c’est Pierre et ses compagnons. « Sur ta parole. » Pierre accepte de jeter les filets, aussi insensée que ce soit : ils ont peiné en vain toute la nuit, au moment favorable pour la pêche. Ce n’est pas avec le jour et le bruit qu’il vont capturer quelque chose. Commence-t-il à croire la parole ?

Jésus ne demande pas qu’on le suive. La suite de Jésus est seulement notifiée sans qu’on sache si elle naît de la liberté des disciples. Cette fois, la parole a bousculé des vies. Pas de suite de Jésus sans vie bousculée, loin des évidences et des convenances, du bon sens, pour un monde nouveau.

Est-il possible de faire confiance à cet homme et sa parole ? Comment le croire quand il dit que la fraternité est la vocation de l’humanité, que le culte divin c’est l’amour des parias et non des sacrifices ou des liturgies, que l’avenir est à la miséricorde et à la vérité, non à la punition et au mensonge, que les premiers sont les derniers, qu’il n’y a plus ni Juifs ni grecs, ni l’homme ni la femme, parce que tous sont fils et filles, aimés du Père ?

Eglise Saint-Martin de Zillis (Canton des Grisons), 1109-1114