28/03/2015

Hier comme aujourd'hui, les disciples sont des traitres (Rameaux)


La passion selon Marc s’ouvre par une onction, comme l’embaumement d’un corps. Le ton est donné. S’enchaîne alors les trahisons de Pierre puis de Judas. Mais rien, surtout pas le mal, n’arrête la course salvifique de Jésus qui rassemble encore les Douze autour du repas, qui rassemble la totalité pour partager le pain qui donne vie, pour donner sa vie à l’humanité.
Au jardin, un baiser, Marc le dit en passant, laconiquement. Le signe de l’amour pour livrer, pour tuer. La perversion est à son comble. Tuer sous prétexte d’aimer, tuer sous les dehors de l’amour. Les ennemis de Jésus ne sont pas des gens de l’extérieur, mais Pierre et Judas, deux disciples, deux des Douze !
Aujourd’hui, qui assassine Jésus ? Les laïcards de la République, les terroristes et intégristes islamistes au Pakistan, en Syrie, en Inde, en Irak, au Nigéria, en Lybie… Sans doute. Mais malheureusement pas seulement. Il en est, des disciples, qui sous prétexte de défendre l’Eglise, assassinent Jésus. Il en est, des disciples, qui pour se protéger, eux et leurs intérêts, leur idéologie, assassinent Jésus.
Qui sont-ils ? Les mal-croyants pas pratiquant ? Les divorcés remariés et ceux qui ont vécu l’échec ? Les migrants et les paumés, les Roms qui envahissent nos rues et mendient de façon indécente ? Les homos qui imposent leur sexualité à l’exposer publiquement ? Ceux qui osent prétendre que la miséricorde l’emportent sur le dogme, parce que le seul commandement, c’est celui de l’amour du frère qui est égal à l’amour du Père ? Etc.
La foi ne mourra pas des ennemis de l’Eglise car le sang des martyrs est semence de chrétiens. Elle mourra de la faute des disciples. Pierre, Judas… et nous. Nous avons confisqué Jésus, nous avons confisqué la miséricorde divine. Nous faisant propriétaires de la vérité nous la travestissons, nous la faisons mentir.
Comment échapper à pareil réquisitoire ? Il n’y a qu’une solution. Consentir au chemin de la mort. Celui qui garde sa vie la perdra et avec elle Jésus et l’évangile. Qui perd sa vie la sauvera.
« Le Carême est un temps propice pour demander au Seigneur, "pour chacun de nous et pour toute l’Eglise", la "conversion à la miséricorde de Jésus". Trop souvent en effet, les chrétiens "se font une spécialité de fermer la porte au nez des personnes" qui, usées par la vie et par leurs erreurs, seraient en revanche disposées à recommencer, "des personnes dont l’Esprit Saint bouge le cœur pour les faire aller de l’avant."
« "Toi tu ne peux pas, non, tu ne peux pas ; tu as commis une erreur ici et tu ne peux pas. Si tu veux venir, viens à la Messe dimanche, mais restes-en là, n’en fais pas davantage". C’est ainsi que "ce que fait l’Esprit Saint dans le cœur des personnes, les chrétiens à la psychologie de docteurs de la loi le détruisent". Aujourd’hui aussi il existe des chrétiens qui se comportent comme les docteurs de la loi et "font la même chose que ce qu’ils faisaient avec Jésus", en objectant : "Mais celui-là, celui-là profère une hérésie, cela ne peut se faire, cela va à l’encontre de la discipline de l’Eglise, cela va à l’encontre de la loi". Et c’est ainsi qu’ils ferment les portes à tant de personnes. C’est pour cela que "nous demandons aujourd’hui au Seigneur" la "conversion à la miséricorde de Jésus": c’est seulement ainsi que "la loi sera pleinement accomplie, parce que la loi est d’aimer Dieu et son prochain comme nous-mêmes." » (François, Homélie 17 mars 2015)


Des Eglises déchirées, alors que même ta tunique ne l’a pas été, Seigneur prends pitié !
Des catholiques divisés lorsqu’il faut annoncer l’évangile de miséricorde, alors que tu pardonnes à tes traitres de disciples, Seigneur prends pitié !
De ce monde à feu à sang, alors que tu viens instaurer un royaume de paix, Seigneur prends pitié !
De ceux qui souffrent, n’en peuvent plus, de la folie qui jette dans la mort des dizaines de vies à qui l’on n’a rien demandé, Seigneur, prends pitié !
De nous-mêmes, encore si peu convertis à ton amour, Seigneur prends pitié !

23/03/2015

Le Dieu du pardon (veillée pénitentielle). 400ème post de ce blog



Jérémie comme tous les prophètes d’Israël dénonce l’infidélité du peuple à son Dieu. Tous les moyens sont bons pour dessiller les yeux de ceux qui ne veulent pas voir leur péché. Ainsi cette parabole (Jr 13) en acte d’une ceinture de grand prix, dévorée par les mites et par l’eau.
A quel prix Dieu ne s’est-il pas acquis ce peuple de rebelles que nous sommes, nous les hommes ? La vie pourrait être belle, et nous la gâchons par nos trahisons et violences, notre recherche de toujours plus de profit, de jouissance, quitte à ce que le frère crève la bouche ouverte à notre porte, ainsi que le pauvre Lazare de l’évangile.
Nous nous rachetons une conscience ; quelques arrangements avec la divinité feront l’affaire, quelques moments de prière, quelques sacrifices, un chèque pour partager…
Est-ce que ce sera la vengeance de Dieu ? L’humanité sera-t-elle détruite comme la ceinture par la colère de Dieu ? Il semble que non. C’est elle-même qui se détruit.
Comme nous l’avons entendu dimanche dans la première lecture (Jr 31), devant notre saccage de la vie, Dieu demeure fidèle. Puisque nous ne sommes pas fidèles à son alliance, lui restera fidèle, proposera une alliance nouvelle, quitte à en mourir.
La logique de la justice s’incline devant le pardon. Il n’y a pas de justice, selon Dieu, qui ne soit pardon. Dieu ne fait pas mourir les coupables. Son non radical au mal, au nôtre, ne nous engloutit pas dans la condamnation sans appel de ce qui détruit l’humanité. Quand Dieu juge et dénonce le mal, il rend justice à la victime et, dans le même temps, libère le coupable de son mal. Dieu a envoyé son fils non pour juger mais pour sauver le monde (Jn 3,17)
Nous sommes venus ce soir dire non au mal à la suite du Dieu qui condamne ce qui tue, méprise, ignore les frères, les réduit en esclavage. Nous sommes venus pour entendre par la voix de l’Eglise la confirmation d’un pardon à la dimension de notre mal, plus grand encore, pour nous en libérer, pour rendre justice à ceux que nous avons blessés et nous réconcilier avec eux et avec Dieu.
Venez, vous que votre mal écrase, venez puiser aux sources du pardon la force d’une vie de ressuscités, plus forte que la mort, plus forte que vos forfaitures. Il n’y a rien à dire sans doute, rien à avouer, si ce n’est crier notre désir d’en sortir, d’être libérés du mal, et notre pitié pour ceux qui souffrent de par notre faute, notre demande de pardon.
Nous sommes devant toi Seigneur, nous n’y arrivons pas. Mais nous avons confiance en toi. Même les ceintures pourries et trouées, tu sais les rendre plus belles qu’à l’origine. Même nos vies médiocres, tu sais les diviniser. Si nous confessons ici notre faute, combien plus confessons-nous la vie à laquelle tu nous destines, la tienne, avec toi dans une humanité réconciliée.
J’ai lu récemment un vieux texte syriaque, des chrétiens dont les descendants sont aujourd’hui persécutés en Syrie et en Irak. Dieu s’adresse à Adam : « Adam, Adam, ne crains pas. Tu as voulu devenir Dieu ; Dieu je te ferai. Pas maintenant sans doute, mais après bien des années. Je te livrerai à la mort et le ver et la mite mangeront ton corps. […] Après trois jours que je passerai au sépulcre, je ressusciterai le corps que j’avais revêtu de toi et je te ferai siéger à la droite de ma divinité ; je te ferai Dieu, comme tu l’avais voulu. »
Incroyable non ? Dieu nous fait Dieu comme lui, Dieu nous promet sa vie à lui, non celle du Dieu tout puissant qui écrase les autres pour mieux régner, mais le Dieu qui meurt pour partager sa vie. Non une vie comme des dieux, au paradis, mais sa vie à lui.

21/03/2015

On n'en peut plus ! (5ème dimanche de carême)


La mort frappe de toute part. Les attentats de janvier en France, ceux de cette semaine en Tunisie, au Yémen et à Copenhague. La guerre en Syrie et en Irak avec des milliers de chrétiens persécutés. Mais aussi la Lybie et l’emprise de Boko Haram au Nigeria, au Cameroun. La guerre au Congo, la violence en Amérique latine. Il y a l’Ukraine. Le feu ne cesse de ravager et détruire.
La mort frappe dans nos familles. Un accident, une maladie, la vieillesse, le suicide. On n’en peut plus.
La mort ne tue pas toujours. C’est la souffrance sans espoir de ces parents qui ne peuvent donner la vie, c'est le conjoint trahi, ce sont les inondations à Madagascar, c’est un lendemain sans avenir pour tant de migrants. J’ai revu Jerry ces derniers jours. Il n’en peut plus.
Nous entrons dans le temps de la passion. C’est la mort inéluctable de Jésus qui se profile. Si Dieu est Dieu ne devrait-il pas nous protéger, nous faire échapper, trouver des solutions. Pensez donc. Le Dieu de Jésus meurt lui-même. S’il y a si peu de chrétiens aujourd’hui, ce n’est pas que le monde se pervertit. Qui pourra prouver qu’il est pire hier qu’aujourd’hui ? S’il n’y a moins de chrétiens par chez nous, c’est que personne ne veut d’un Dieu qui meurt, d’un looser, d’un perdant.
Y’en a assez de la mort partout, ce n’est pas pour être les disciples d’un Dieu mort, qui pend au gibet, git au tombeau et descend aux enfers. On n’en peut plus.
Un chant liturgique me revient à l’esprit.  « Comment savoir quelle est ta vie, si je n’accepte pas ma mort ? » Nous n’acceptons pas la mort par résignation, par refus gentil et soumis de nous révolter. Nous acceptons la mort par réalisme. Elle est là. Impossible déni que seules la folie ou l’idolâtrie pourrait autoriser. Nous acceptons la mort au sens où nous la reconnaissons, comme une reconnaissance de corps. C’est bien elle, elle a encore frappé.
Qui nous délivrera de la mort ? Rien. Pas même Dieu.
Dieu ouvre un passage en la mort. Pour s’y engager et le suivre, il faut mourir. C’est terrible. Il n’y a le Dieu magicien qui tire Jésus de son agonie et le décloue de la croix. Il y a le silence absurde ou le cri assourdissant des pleurs du Père, impuissant, qui voit mourir le fils, et tous ses enfants.
Nous nous rangeons du côté de Dieu à reconnaître la mort, pour la dénoncer. Nous nous rangeons du côté de Dieu si nous le reconnaissons effondré par la mort. Il n’y a pas d’autre solution. On dira que ce n’est pas là une homélie pour une messe avec des enfants. Mais on ne peut mentir aux enfants. Non, tout n’ira pas toujours bien. Etre adulte, c’est arrêter de croire qu’il y aura un papa ou une maman tout puissants pour nous protéger. Dieu n’est pas là, à moins que notre foi soit infantile.
La résurrection n’est pas un happy end. Elle pue le cadavre parce que la mort doit être traversée pour être renversée. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous sommes invités à vivre nos vies comme dans un « à qui perd gagne ». Toujours gagner plus et l’on croit que la mort n’a pas d’emprise, mais alors jamais on ne traversera la mort. Espérer toujours plus de miracles, de sensationnel, de superstition, mais alors jamais on ne laissera Jésus nous ramener des enfers.
Toujours, plus. Fou que tu es, ce soir même on te demande ta vie. Qui gagne sa viela perdra. Reste à accepter de la perdre ! Qui perd sa vie la sauvera. C’est révoltant, et il n’y a que la parabole du grain de blé pour nous aider à avancer. S’il ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Il n’y a que les désespérés pour nous donner d’avancer, Jerry, cette semaine, les chrétiens d’Irak, les persécutés de la barbarie.

Semence éternelle en mon corps
vivante en moi plus que moi-même
depuis le temps de mon baptême,
féconde mes terrains nouveaux :
germe dans l’ombre de mes os
car je ne suis que cendre encor.
Comment savoir quelle est ta vie
si je n’accepte pas ma mort ?

19/03/2015

"L'expérience spirituelle et son langage" D. Salin


D. Salin, L’expérience spirituelle et son langage, Leçons sur la tradition mystique chrétienne, Editions Facultés jésuites de Paris, 2015. 

Dominique Salin vient de publier son cours de théologie spirituelle donné pendant plusieurs années à la faculté jésuite de théologie de Paris.
Un premier chapitre situe la manière spontanée dont les chrétiens comprennent la vie spirituelle, quelque chose d’assez affectif qui s’oppose aux spéculations intellectuelles et desséchantes de la théologie professionnelle. Cet a priori est en fait le produit d’une opposition entre prière comme savoir expérimental de la foi et science. Cette opposition apparaît alors que la théologie se définit comme science, à partir du XIIIe siècle, et plus encore du XVIe.
Un deuxième chapitre développe les conséquences de cette perspective sur la vie spirituelle, dès lors qu’on l’a débusquée. Pour saisir d’où vient l’opposition de la prière et de la foi avec la science, même théologique, il faut prendre conscience de ce que Dieu demeure indisponible, insaisissable. Dans la prière comme dans la théologie, on est démuni à considérer celui que l’on ne peut avoir sous la main, à la différence de tant de choses que notre intelligence scrute pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Pour parler de Dieu, la grammaire de la pensée fait défaut, sans compter qu’il n’y a plus une philosophie, ou une conception du monde, de l’homme et de Dieu qui s’impose, grâce à laquelle on pourrait parler unanimement des hommes en ce monde dans leurs rapports entre eux et avec Dieu. (Le pluralisme culturel contemporain en est une bonne illustration.)
Le chapitre troisième explore quelques grands moments de la tradition spirituelle, pour en saisir l’évolution, depuis Maître Eckhart au XIVe siècle jusqu’à François de Sales au XVIIe, et même un peu au-delà. On y voit comment une même tradition a profondément évolué, donnant toujours plus de place aux sentiments et à une localisation de la vie spirituelle. Elle concerne de moins en moins toute l’existence et de plus en plus la fine pointe de l’âme, elle exprime de moins en moins une réalité en notre chair et décrit de plus en plus un mouvement de l’âme vers le surnaturel.
Avec l’athéisme qui pointe le bout de son nez à partir du XVIIIe, la spiritualité ainsi comprise est grandement disqualifiée, tant pour les athées que pour une majorité de chrétiens. Puisque que ce qui s’y éprouve n’est pas objectivable, observable, ce n’est rien, seulement illusion ou folie. Au mieux se réfugie-t-on dans les dévotions et la morale. Mais le XXe siècle pose de nouvelles questions.
Le quatrième chapitre, met en évidence combien la prise en compte du langage comme constitutif de l’expérience humaine, et non seulement comme un instrument pour rendre compte de cette expérience, permet d’entendre à nouveau la question d’une vie dans l’Esprit, de telle sorte, qu’à défaut de pouvoir en rendre compte scientifiquement, on puisse au moins ne pas la réduire à l’erreur de la superstition, de l’idéologie ou de l’aliénation mentale.
Un maître conduit la marche de ce chapitre, Michel de Certeau, qui a passé une grande partie de sa vie à étudier la littérature mystique, celle de la spiritualité chrétienne des XVIe et XVIIe siècles. Le discours mystique (et voilà pourquoi une philosophie du langage est indispensable) s’acharne à témoigner de ce qui ne peut se dire mais qui doit cependant être dit, tant il transforme la vie. Pour dire l’impossible, seule la ruse est possible, celle de la somatisation, de la poésie, du paradoxe et autres tropes littéraires. Le discours spirituel ne relève pas de la description, ni du mode d’emploi, ni de la méthode, mais d’une pénurie qui indique en creux le passage de celui auquel il répond mais dont la voix, à jamais est silence.
La vie spirituelle chrétienne ne vise pas à savoir qui est Dieu pour se substituer à une science désuète et vaine que serait la théologie, mais à chercher celui qui est honoré quand les frères, les petits d’abord, sont servis. Elle ne consiste pas tant à dire des prières, se bien comporter ou à agir pour transformer le monde, qu’à se laisser aimer par un Dieu que l’on ne peut saisir. Saisis alors par cet amour, on ne rêve pas de grandes choses surnaturelles ou extraordinaires ; on se laisse convertir en disciples à le suivre dans la charité.
 Le parcours est assez scolaire ; il passe par les grands moments de l’histoire de la spiritualité chrétienne. Certaines pages du chapitre III sont un peu techniques, même si les textes qu’elles donnent à lire pourront nourrir la compréhension de la vie spirituelle. Je retiens particulièrement le dernier chapitre, et plus spécialement encore, les pages 119 à 129 qui disent la spécificité d’une quête spirituelle évangélique, chrétienne.
Quelques lignes de la conclusion s’imposent : « La catégorie qui rend compte de cette non-fermeture, de cette béance du langage ; qui fait aussi échec à la représentation anthropomorphique de Dieu comme Cause de ce qui est, cette catégorie est celle de la contingence de tout ce qui est, comprise comme gratuité, comme don gratuit : nous sommes donnés à nous-mêmes, sans que nous sachions d’expérience par qui ni comment. Nous n’avons que l’expérience de cette donation, dont l’origine nous échappe. Nous ne pouvons pas nous représenter cette origine. Tout ce que notre expérience humaine peut nous suggérer, pour penser cette donation gratuite, c’est ce que nous associons au mot amour, lorsque celui-ci est vécu comme un don sans retour. » (pp. 131-132)
On le voit, nommer Dieu n’est pas ce qui importe car on risque toujours de désigner l’idole, mais, dans le manque de ce qui comblerait, dans la non-fermeture, se devine ou se fait connaître, un unique, un originel qui est aussi le terme, que l’on découvre en aimant.
Peut-être exprimerais-je deux réserves. La première n’en est pas vraiment une. Dominique Salin pose la question de la vie dans l’Esprit au cœur de la culture et convoque nombre d’auteurs et de problématiques d’hier et d’aujourd’hui. Je ne les ferais pas exactement parler comme lui, mais c’est bien ces auteurs et ces problématiques qui permettent de formuler une théologie de la vie spirituelle. La seconde, concerne la théologie comme science. Elle me semble peu honorée en dehors de la caricature que les théologiens « scientifiques » en ont eux-mêmes fait. Il se pourrait que la théologie systématique ou dogmatique soit elle aussi un exode à la suite de celui qui manque et ne se devine que dans la réponse que suscite son absence et sa quête.
La vie dans l’Esprit est assez peu réfléchie, hier comme aujourd’hui. Celui qui donne la vie est force de vie qui pousse, même si les tuteurs ne sont pas là pour que la plante se développe au mieux et porte fruit. Ce « petit » livre sera d’un grand secours à nombre de quêteurs de l’origine, en eux et dans leurs frères, qu’ils soient chrétiens ou non, pour les aider à relire leur propre quête à la lumière de la tradition occidentale et de l’interrogation contemporaine sur le ce vers quoi nous marchons ; pour trouver les mots qui aideront à comprendre cette expérience spirituelle ; pour lui offrir les tuteurs dont elle a besoin pour son propre développement.