20/07/2023

Le prophète Elie, fête

Giovanni Lanfranco (1582-1767), Elie, musée du Louvre

1 R 19, 4-14 et Lc 9, 28-36

Les lectures du cycle d’Elie nourrissent depuis les origines notre foi. Jésus est présenté dans l’environnement du prophète. Il trouve en lui une manière d’habiter le monde, et les parallélismes entre les deux hommes le montrent aisément.

Jean Grosjean, prêtre une dizaine d’années, était un immense poète qui a publié en 1982 un texte superbe, Elie.

On sait combien la sécheresse tient une place centrale dans le récit du livre des Rois, mais l’eau tout autant, qui manque ou qui abonde alors qu’il n’a pas encore plu !, eau du fleuve aussi ouvert avec le manteau, comme Moïse avait fait avec son bâton. « La sécheresse n’est qu’une attente solennelle. […] Ha, mon garçon, c’est quand une source tarit qu’elle fait supposer un ailleurs », force du désir, manque qui fore le désir.

La voix de fin silence ne dit rien, selon le psaume, « pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entende. » Comme la source tarit dit un ailleurs sans user de mot. Ailleurs ; Elie, ses fils et filles, Jésus parmi et avec eux, ne sont pas à leur place. Le Nazaréen n’a pas de lieu.

Pourtant, nos âmes sont « comme une vieille cabane que Dieu visite. » Voilà la parole dans la chair, plus exactement la chair comme une parole silencieuse. Ce que nous sommes est sa parole, parce Dieu crée en disant, parce que la chair est la trace, le vestige d’une parole qui ne s’entend que dans la réponse de l’action de grâce.

« Quand monta le soleil, Elie chantait à l’entrée de la montagne : arrête-toi mon âme, laisse aller le soleil, les jours te distancer. Le Dieu ne t’attendait qu’ici. / Le Dieu ne disait rien. »

« Qu’est-ce que tu fais là ? » Quel que soit le lieu, il est insolite, déplacé, marge, désert peut-être. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Cela sonne comme un reproche. Le doute de bien faire quand c’est l’adversité qui en résulte ; Jésus en sait quelque chose, parmi et avec tous ceux qui dénoncent le mal et réconfortent, transpercés, traversés de part en part par le mal. La vigne de Naboth est d’un sang qui emplit le calice de douleur. Au troisième jour, il y eut un matin.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » « Il répondit qu’il n’avait réussi qu’à se mettre presque tous les gens à dos et que ce n’était pas une vie. Mais sa réponse se perdit dans la clarté légère du matin. »

 

 

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