01/08/2023

Le commentaire de la parabole du bon grain et de l'ivraie / Mt 13, 36-43 (Mardi 17ème semaine du temps)

Comment lire le commentaire que Matthieu donne à la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13, 36-43) ?

Plusieurs indices invitent à se méfier d’un premier degré.

La conclusion, « que celui a des oreilles entende ! » Pourquoi préciser cela si ce n’est parce qu’il faudrait faire attention à ne pas comprendre de travers, ce qui pourrait être plus compliqué que prévu.

Les disciples demandent une explication claire. Mais enfin, la parabole n’était pas claire ? Jésus parlerait-il de façon pas claire comme ceux qui veulent tromper, comme le serpent de la Genèse. La demande intrigue. D’autant qu’elle parle de la parabole de l’ivraie. Mais ne serait-ce pas davantage la parabole du bon grain, ou éventuellement du bon grain et de l’ivraie ? Pourquoi insister sur les méchants, comme si l’on voulait que Jésus les dénonce, comme si les méchants, cela existait, clairement distingués des bons.

C’est ainsi que pensent les pharisiens et les scribes, et c’est bien pour cela que Jésus les traite d’hypocrites au chapitre 23. C’est comme cela que nous pensons souvent. Or le monde n’est pas clairement réparti entre bons et méchants, mais chacun est à la fois capable du meilleur et du pire. Je pense que nous en savons tous quelque chose.

Les disciples ont aimé Jésus qui guérit et nourrit. Mais il faut suivre le même Jésus qui remet en cause l’enseignement des scribes et des pharisiens. Or cet enseignement est ce que l’on a toujours cru, c’est aussi l’enseignement qui fonctionne très bien avec l’idée que l’on se fait de Dieu. On attend qu’il brûle les mauvais, comme l’ivraie. Il faut brûler l’ivraie sans tarder, punir ceux qui le méritent, sans les laisser grandir avec le bon grain que nous sommes. Que surtout, ils ne nous contaminent pas.

Que Jésus dise clairement ce qu’il pense, s’il est prêt à laisser grandir les mauvais. Piège comme ceux des pharisiens. Piège auquel Jésus ne se laisse pas prendre. OK, si c’est ce que vous voulez, la condamnation des mauvais, alors, on y va. Et la liste de correspondances qui réduit la parabole à une simple allégorie aboutit à la condamnation.

Nous savons que ce n’est pas ce que pense Jésus, venu sauver les pécheurs. Ce sont les malades qui ont besoin du médecin (Mt 9, 12). Heureusement, évangile, bonne nouvelle, le soleil darde ses rayons aussi sur les méchants ! Heureusement, évangile, bonne nouvelle, la pluie nourrit aussi la terre des mauvais. Sans quoi, nous serions foutus. C’est scandaleux, bien sûr, mais c’est la condition de notre survie, à nous qui ne sommes pas que bons, et c'est un euphémisme.

Qui a des oreilles pour ne pas entendre se coupe l’herbe sous les pieds à lui-même, car la condamnation des méchants le concerne, qu’il l’admette ou pas. Qui ne veut pas entendre l’évangile de la miséricorde se condamne lui-même à la Géhenne. Mieux vaut comprendre la parabole autrement !

Elle parle de Dieu, bon comme le grain qu’il sème, qui débarrasse par les siens (tous ceux qui font le bien comme dit Mt 25) le monde du mal, qui brûlera en nous le mal pour ne laisser que resplendir sur nos visages la bonté à l’image et ressemblance de laquelle nous avons été créés.

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