09/10/2020

Dieu serait-il naïf ? Mt 22, 1-14 (28ème dimanche du temps)

L’invitation de tous les hommes au salut, à la salle du festin de noce, connaît des exceptions, à en croire la parabole. De tous les invités, pas un ne vient, que des refus. Dans la version de Matthieu, il n’est pas possible d’imaginer que, peut-être, certains aient répondu présent. On ne parle pas d’excuses des uns et des autres, mais de refus de prendre en compte l’invitation. Pire, la plupart des invités moleste et tue les coursiers !

Qui sont ces gens que le roi convie à la noce de son fils ? Des courtisans ? Ses amis ? De ceux qu’il ne peut pas ne pas inviter ? Que certaines invitations aient été envoyées par obligation, c’est possible. Mais toutes, c’est peu probable. Et qu’aucun des invités ne se sente obligé par les convenances, même si cela devait être un pensum est impensable.

Il y a au minimum un malentendu dans les relations entre le roi et les invités. Le roi se fait-il des idées sur ses invités ? Est-il à ce point naïf ? Aurait-il pris tous ces gens pour des amis alors qu’il n’en serait rien ? Les invités se sentent-ils agressés par l’invitation au point de répondre par la violence ? Pourquoi donc ? L’invitation apparaît comme un casus belli. A moins qu’elle ne manifeste une telle faiblesse du roi que ce serait le moment s’en débarrasser

Parmi la vague d’invitations de dernière minute, inversement, la parabole ne rapporte aucun refus. Parmi les convives, il y a des bons, et des mauvais. On parle même des mauvais en premier.

Ceux que le roi prend pour ses dignitaires ou ses amis sont ses ennemis ; les autres, mauvais et aussi quelques bons, croisés au hasard des chemins, inconnus du roi, se rendent comme un seul homme au banquet de noce du fils du roi.

Reste à se poser la question de qui est qui dans cette histoire. Jésus s’adresse, de nouveau, aux grands-prêtres et aux pharisiens. Les a-t-il rassemblés pour s’entretenir avec eux. Evidemment non. Cette parole de Jésus les viserait tous à travers quelques uns.

Pourquoi l’évangile, plus d’un demi-siècle après les faits, transmet-il cette parabole puisque les grands-prêtres et les pharisiens ne lisent pas l’évangile ? Quel intérêt y a-t-il à raconter aux disciples cette altercation de Jésus avec ses ennemis. Le temple de Jérusalem détruit, il n’y a plus de prêtres. Quant aux pharisiens, certes certains sont devenus disciples, mais, comme tous les disciples, ils ont entrepris un chemin de conversion.

C’est que le propre des grands-prêtres et pharisiens de l’époque de Jésus se retrouve dans la communauté chrétienne, vers l’an 90… comme en 2020. C’est pour cela que cette histoire à quelque chose à nous dire.

Ceux qui prétendent servir le roi, Dieu, attendent d’être débarrassés du joug qu’ils font peser sur eux-mêmes d’une religion qui les contraint ; ils attribuent à Dieu ce joug pesant. C’est dire combien ils se méprennent sur le roi. Sa mansuétude, sa miséricorde est interprétée comme une faiblesse. Que chacun d’entre nous examine ce qu’il pense de Dieu.

Reste aussi l’exception qui confirme la règle. Qu’en est-il du seul invité mis dehors ? Il n’avait pas la tenue de noce. Mais comment, alors qu’on est invité au dernier moment, à la croisée des chemins, avoir la tenue de noce ? Qu’est donc cette tenue qu’on a toujours avec soi, mauvais comme bons, même quand on ne va pas à des noces ? Comment est-il possible, cependant, de ne pas l’avoir avec soi, dans certains cas très rares, un seul en fait ?

Ce vêtement ressemble pas mal à l’amour, le geste à l’égard des autres. Mêmes les mauvais sont humains, en général. Ils ne sont jamais que mauvais. Ou plutôt, nous autres, au milieu des autres, et comme les autres, ne sommes pas que mauvais, à de très rares exceptions près. Ils se comptent sur les doigts d’une main tant Dieu est miséricorde.

Dieu veut que tous soient sauvés. Parmi ceux qui ont le mot Dieu à la bouche, beaucoup, tous selon la parabole, n’ont rien à faire de Dieu, voire lui sont carrément hostiles. Parmi ceux qui se pensent inconnus de Dieu, il n’y a pas que de mauvaises gens. Et même ces derniers ont un jour tendu la main à un frère, revêtant ainsi la tenue de noce. A bon entendeur !

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