Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? C'est la question qui m'était posée suite aux affaires de pédocriminalité.
Le Pape vient d'écrire à ce sujet à l'ensemble du peuple de Dieu. Il ne s’adresse pas à ses confrères dans l’épiscopat spécifiquement, comme on aurait pu s’y attendre en pareille circonstance. Je ne sais s’il imagine ne plus pouvoir attendre d’eux une aide quelconque. Rien n’interdit de le penser quand on voit comment il a été floué par les évêques du Chili.
Du coup, chaque baptisé et ensemble de baptisés est légitime -il l'était déjà mais voilà que le Pape le lui rappelle - à agir. Exiger de chaque évêque qu'il y ait un conseil diocésain de pastorale me paraît un premier point. Exiger que ce conseil mette à l'ordre du jour, la question de ce que fait chaque diocèse face à l'ampleur de révélations, c'est-à-dire des crimes, un deuxième point autant qu'une urgence. Outre ce qui est institutionnellement déjà en place, que disent les diocèses pour essayer de restaurer la confiance ? Quel soutien apportent-ils au Pape ? De quels évêques demandent-ils la démission ? etc.
« Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui "annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple". Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. »
Ce texte est cependant trop peu, venant du Pape. Il faut exiger des démissions de toute personne impliquée dans des affaires non seulement de pédocriminalité, mais de non dénonciation.
"Vere dignum et justum est, aequum et salutare ..." Oui, il est beau l'appel de François au peuple de Dieu. Sauf qu'il ne peut être compris que d'une part infime dudit peuple, celui de la nef, du chœur et des sacristies. Quid du peuple de la rue et celui du parvis ? Quid de la plupart des journalistes incultes pisseurs de copies et recopieurs de dépêches par lesquels parviendra peut-être une infime partie du message ? Quid de la plupart des curés non pervers qui vivent comme ils peuvent leur vie affective et sexuelle et qui en ont marre de devoir une fois encore aborder le sujet qui leur est sans cesse renvoyé dans la figure ?
RépondreSupprimerQuand François se réfère à Ratzinger, alias Benoît XVI, OK ! Cet évêque de Rome a vraiment lutté et tenté de déraciner le mal, outre le fait qu'il fut autrefois un prof intéressant, un vrai théologien.
Quand François se réfère à saint Jean-Paul II, alias Wojtyla, pape adulé, j'ai envie de hurler et de ne pas poursuivre la lecture. Oui certes ce personnage donneur de leçons a "serré sa haire avec sa discipline ", s'est donné en exemple de type capable de souffrir jusqu'au bout. La vraie humilité aurait consisté pourtant à rendre son tablier quand il ne pouvait plus faire son job. Mais surtout il a soutenu le pervers Maciel, a soutenu les riches de l'Opus Dei et engueulé les curés qui tentaient d'annoncer la bonne nouvelle et la libération aux plus pauvres. Il a fait la morale à toutes et tous urbi et orbi, y compris quand il partait camper en douce au bord d'un lac avec un copine, une femme mariée dont il connaissait bien le mari, une tendre amie dont il conservait une lettre à même la peau.
Bref, que fait-on maintenant ? Jeûner et prier, pourquoi pas ? Wojtyla le faisait admirablement ... Déboulonner les idoles. Ne pas laisser les choses sérieuses de la vie aux seuls mâles dominants. Ne pas confondre honneurs et missions. Ne pas confondre ordonner et sacraliser. Ne pas confondre pouvoir et autorité. Ne jamais oublier les pauvres et les ploucs.
Mutatis mutandis, ce que j'exprime là concerne évidemment toute organisation humaine (monde politique, entreprises, associations). Mais qui se veut experte en humanité se doit d'être exemplaire et "si tu veux monter le premier au cocotier, assure-toi d'avoir le derrière propre."
Votre signature me laisse entendre que nous nous serions croisés, il y a plus de 40 ans, en Côte d'Or. Est-ce bien cela ?
SupprimerIl faut profiter de cette lettre, assez mauvaise, de François, pour exiger un changement dans le gouvernement de l'Eglise, dans la manière d'exercer le pouvoir "Parmi vous, il ne doit en aller de même."
Obliger les évêques et les curés à travailler avec leurs conseils, à ne pas considérer que consultatif signifie optionnel, mais à vivre l'Eglise comme une fraternité où personne ne vaut plus qu'un autre.