Le chapitre 7 de Marc renoue avec les controverses avec les
pharisiens auxquels sont ajoutés quelques scribes venus de Jérusalem. Il
prépare la controverse finale, à Jérusalem, qui conduira Jésus jusqu’à la mort.
Au chapitre 2, il y avait eu les propos sur le jeûne et le sabbat qui n’ont pas
de sens en soi, mais par rapport à l’homme. « Le fils de l’homme est
maître même du sabbat. » A la fin de l’évangile, même le temple sera
impur, comme un tombeau. Le voile en est déchiré parce que le lieu de Dieu,
c’est là où meurt le fils. L’opération de renversement du religieux sera on ne
peut plus radicale.
Ici, avec les règles de pureté, elle prend déjà un tour
décidé, tant la séparation du pur et de l’impur détermine l’univers de la religion.
Une nouvelle fois, la règle n’a pas de sens en soi mais par rapport à l’homme.
Ce n’est pas ce qui entre en lui qui est pur ou impur, qui est susceptible de
le garder pur ou de le rendre impur, mais bien plutôt ce qui sort de son cœur.
On retrouve une nouvelle fois Jésus proche de l’enseignement
des prophètes. Non seulement, il cite Isaïe, mais plus encore, ce que tu fais
de ta vie, voilà ce qui exprime en vérité non ta pureté, mais ta fidélité à
l’alliance. Si tu penses être disciple, si tu veux être disciple, regarde ce
qu’il en est de ta vie. « Inconduites, vols, meurtres, adultères,
cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et
démesure » appartiennent à tes pratiques ? Tu te leurres, tu n’es
guère disciple.
Et chacun se sait si peu disciple. Et personne ne peut
fanfaronner, personne ne peut se croire pur pour juger les autres. Chez Jean,
cela prend la forme de la première pierre. Chez Marc, on le lira un peu plus
tard, de l’impossibilité. « Pour les hommes, c’est impossible. » Mais
alors, plus personne ne peut se faire le héraut de l’évangile. Tous sont
d’abord pardonnés, sont toujours à pardonner, qui annoncent l’évangile.
Annoncer l’évangile, c’est d’abord reconnaître la faiblesse de croire, nous le disons à chaque eucharistie :
« je ne suis pas digne de te recevoir ». « Miserando atque
eligendo. »
Dans ces conditions, il n’y a plus d’un côté le pur et de
l’autre l’impur. C’est en chacun que passe le mal et la sainteté. La
distinction religieuse, et infantile, du blanc et du noir est récusée. C’est
plus compliqué, comme une énigme (et le texte parle de parabole). Il y a des
pécheurs pardonnés, c’est-à-dire des pécheurs rendus justes, sanctifiés. Simul pecator et justus. Et attention
aux hypocrites, aux comédiens !
Nous n’en sommes pas sortis de nous croire meilleurs parce
que chrétiens. Nous n’en sommes pas sortis de croire en cette sorte de
paratonnerre qui nous garderait comme des « gens bien » parce que
nous allons à la messe. Nous n’en sommes pas sortis de la magie
religieuse : il suffirait d’en être pour être des gens bien. L’évangile
renverse tout cela. Tu reçois la sainteté du ton Dieu. Contente-toi d’essayer
que rien de mauvais ne sorte de toi. Pour le reste, compte sur ton Dieu. C’est,
encore, mot pour mot la prédication des prophètes :
« On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que le
Seigneur réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer
la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu. » (Mi 6, 8)
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