Se laisser surprendre par la juvénilité du Jésus. Il est peint d’après un modèle, un jeune qui vit dehors, un homme du peuple, au visage bronzé. Son torse apparaît d’un coup d’une blancheur terrifiante, anticipant l’aspect du cadavre.
Un troisième personnage, Pilate, est représenté sur la droite, caricatural, comme à la Renaissance, deux siècles plus tôt. Il semble irréel en comparaison du côté quasi photographique des deux autres personnages. Politique déjà politicien, il se défausse, et fait tâche ce lâche. C’est lui le « méchant ». Mais un méchant de BD. Où donc sont les vrais accusateurs ?
Le garde semble plus grand que Jésus alors qu’il est derrière Jésus. Pourquoi cette différence d’échelle ? Il a le visage plus halé encore. Aucune violence, au contraire. Il entoure Jésus, le protège de Pilate ou de la foule ou de… nous, spectateurs que Caravage a placé au lieu de la foule. Appellerons-nous au meurtre nous aussi ? « Crucifie-le ! » On les tient sans doute les adversaires.
Il est curieux ce garde. Ce n’est pas un soldat, il n’a pas d’uniforme, il ne semble pas provenir de la garde du procureur. On dirait plutôt un bandit, voire un pirate, avec son bandeau dans les cheveux. Il prend Jésus sous son aile, dans ses bras, posant délicatement le manteau, lui demandant si ça va, s’il tient le coup. Regardez, il lui parle.
Que de douceur alors qu’on exhibe l’accusé. Juste deux gouttes de sang pour qu'on n'oublie pas l'issue. Pourquoi cette grande brute de garde, prend-il ainsi soin de Jésus ? Jésus, lui, est au milieu des malfaiteurs.
Le brigand que Caravage fait entrer dans la scène comme par effraction, peut-être après avoir assommé le garde, se fait gardien, comme un ange. Mystère de la charité ? Force contagieuse de Jésus ?
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