10/12/2018

Honte du péché et non humiliation des pécheurs (Veillée pénitentielle)


(Is 2, 1-4 ; Ps 50 ; Lc 18, 10-14)

Changez vos cœurs,                                                 Je ne viens pas pour les bien-portants
croyez à la Bonne Nouvelle                                       ni pour les justes :
Changez de vie, croyez que Dieu vous aime !          je viens pour les malades, les pécheurs.
 
Je ne viens pas pour condamner le monde :              Je ne viens pas pour juger les personnes :
Je viens pour que le monde soit sauvé.                     je viens pour leur donner la vie de Dieu

Lecture du livre du prophète Isaïe
Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines.
Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. »
Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur.
Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux.
De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles.
Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.
Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur.

Psaume

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,              Détourne ta face de mes fautes,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.       enlève tous mes péchés.
Lave-moi tout entier de ma faute,                             Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
purifie-moi de mon offense.                                     renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.

Oui, je connais mon péché,                                       Ne me chasse pas loin de ta face,
ma faute est toujours devant moi.                             ne me reprends pas ton esprit saint.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,                               Rends-moi la joie d'être sauvé ;
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.                         que l'esprit généreux me soutienne.

Moi, je suis né dans la faute,                                     Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
j'étais pécheur dès le sein de ma mère.                      tu n'acceptes pas d'holocauste.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;                     Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;
dans le secret, tu m'apprends la sagesse.        tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.


Evangile de Jésus Christ selon St Luc
Jésus dit la parabole que voici :
Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !"
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé.

Homélie

Nous voici rassemblés pour célébrer le pardon du Seigneur, c’est-à-dire pour recevoir le pardon du Seigneur. Nous ne pouvons célébrer le Seigneur sans vivre de lui. Nous sommes venus ce soir pour vivre du Seigneur.
Le monde est rempli de violences et de haines, de souffrances. Notre cœur aussi. Nous trouvons dans la prophétie d’Isaïe ce que nous espérons pour le monde, pour l’Eglise et pour chacun de nous. « Le Seigneur sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. »
Nous attendons cette réconciliation. Que nous n’apprenions plus la guerre, entre pays, en chaque pays, dans nos familles, dans nos relations, dans notre cœur. Nous sommes venu la recevoir, cette réconciliation, nous sommes venus pour en vivre.
Mais pourquoi faudrait-il avouer ses péchés pour être réconcilié, qui plus est à quelqu’un d’étranger à nos conflits et nos guerres, nos blessures et nos haines ? Cet aveu empêche nombre d’entre nous de vivre le sacrement de la réconciliation. Il nous humilie et relève d’une forme de pouvoir des prêtres, de contrôle de la société ou de la vie des chrétiens.
L’actuel Pape a eu des propos plus que curieux. Il faudrait éprouver la honte pour vivre vraiment la réconciliation de Dieu. Mais ce serait mal écouter son homélie. « Tu n’es pas allé [au confessionnal] en ayant honte de ce que tu as fait. Tu as vu des taches dans ta conscience et tu t’es trompé parce que tu as cru que le confessionnal était une teinturerie » en mesure uniquement d’enlever « les taches. Tu as été incapable d’avoir honte de tes péchés. Oui, tu es pardonné parce que Dieu est grand, mais il n’est pas entré dans ta conscience, tu n’as pas été conscient de ce qu’a fait Dieu. » (21 mars 2017)
Nous pouvons avoir honte de notre péché, nous devons en avoir honte. Même après l’absolution, cette honte demeurera peut-être. Nous ne sommes pas ici pour laver notre conscience. Il n’y a pas écrit teinturerie ici ! Notre péché, si véniel soit-il, nous ne voulons pas en être fiers, nous n’en sommes pas fiers.
C’est autre chose que la honte du péché et l’humiliation d’avouer devant quelqu’un, fût-ce un frère pécheur comme nous. Et cette humiliation n’est pas bonne, et cette humiliation n’est pas ce que nous demande le Seigneur. Ce soir, s’il vous plaît, ayons honte de notre péché, mais ne nous humilions pas. Si l’aveu est humiliation, que nous nous en protégions, que nous nous en gardions. Présentons-nous devant le frère chargé d’annoncer la bonne nouvelle de la réconciliation, chargé de manifester la réconciliation : « Je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre Dieu j’ai péché. Ce masque de laideur me fait souffrir. Autant que je le peux, je regrette ; je demande pardon au Seigneur. Il ne refuse pas un cœur broyé, un esprit humilié. J’implore son pardon. »
C’est le pardon du Seigneur que nous sommes venus célébrer et non notre péché. C’est lui qui est au cœur de la célébration, non le mal en nous. François poursuivait ainsi son homélie, comme une prière. « Seigneur, ne nous couvre pas de honte, traite-nous selon ta clémence, ta grande miséricorde. Sauve-nous par tes prodiges. »

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