26/12/2018

Les évangiles de l'enfance. Entre Bible et histoire


Nous venons de célébrer Noël. Plusieurs sont choqués d’entendre que les évangiles de l’enfance ne sont pas historiques. Les chrétiens, à la suite des Juifs, interprètent l’Ecriture non uniquement selon l’exactitude factuelle mais d’abord selon ce que les récits disent de Dieu et de la vie des hommes. Origène écrit vers 230 :
"Quel homme sensé pensera qu’il y a eu un premier et un second jour, un soir et un matin, alors qu’il n’y avait ni soleil, ni lune, ni étoiles ? […] Qui sera assez sot pour penser que, comme un homme qui est agriculteur, Dieu a planté un jardin en Eden du côté de l’orient et a fait dans ce jardin un arbre de vie visible et sensible, de sorte que celui qui a goûté de son fruit avec des dents corporelles reçoive la vie ? […] Si Dieu est représenté se promenant le soir dans le jardin et Adam se cachant sous l’arbre, on ne peut douter, je pense, que tout cela, exprimé dans une histoire qui semble s’être passée, mais ne s’est pas passée corporellement, indique de façon figurée certains mystères." (Du principe)
Pareillement, nous ne savons rien de la crèche ; mais dès le début de l’évangile se lit la passion de Jésus. Jésus est emmailloté comme il sera enveloppé d’un linceul ; il est couché dans une mangeoire, comme s’il devait être mangé et sera déposé au tombeau après s’être donné en nourriture au dernier repas.
Pie XII, en 1943, reconnut officiellement que tout dans les Ecritures ne relève pas du même genre littéraire. Si la naissance et la mort de Jésus, son activité de guérisseur, ses paraboles et son enseignement, sa manière de vivre, d’accueillir les pécheurs et les pauvres appartiennent à l’information que l’historien recueille, la vérité de l’évangile ne s’arrête pas là. C’est défigurer les Ecritures que de les prendre pour un reportage.
Ainsi, avec la fuite en Egypte, Jésus refait le chemin de son peuple libéré de l’esclavage et s’identifie à tous les déracinés et immigrés de l’histoire. Avec la conception virginale, est confessé que ce fils d’homme est comme nous tous, exactement, puisqu’il a une maman. Mais que son papa n’est pas seulement Joseph, mais celui qu’il appelle Notre Père. Ce bébé qui ne sait pas parler est la parole de Dieu qui ne s’entend pas avec des mots ; il n’a aucune autonomie, parce que c’est aux hommes de prendre soin de Dieu comme l’on prend soin d’un nourrisson.

1 commentaire:

  1. Oui, oui et encore oui ! Trop souvent tous les écrits bibliques sont mis sur le même plan. S'ils sont tous historiques puisque rédigés par des hommes, certains sont des mythes qu'il faut interpréter. Malheureusement bien souvent dans les églises, dans les médias et dans l'esprit des gens tout est pris au sens littéral. Ce qui détachent les gens doués de raisonnement et d'esprit critique de ce trésor culturel magnifique.

    RépondreSupprimer