13/11/2010

La Sagrada familia, vocation de l'humanité

La consécration de la Sagrada Familia aura été l’occasion pour Benoît XVI de redire ce qu’est pour lui la famille. Cela aura été pour d’autres, l’occasion d’exprimer leurs désaccords, en particulier aux associations homosexuelles, dans un pays où le mariage entre deux personnes du même sexe est possible ainsi que l’adoption d’enfants par de tel couple.

Pour le Pape comme pour ses opposants, la famille demeure un modèle, curieusement ressemblant : contrat destiné à durer, entre deux personnes disposées à accueillir des enfants. Voilà un accord que l’on serait heureux de voir reconnaître d’un côté comme de l’autre.

On pourrait espérer un dialogue plus qu’un affrontement. Qui dit dialogue dit acceptation d’apprendre de l’autre un bout de la vérité. Cela vaut pour l’Eglise comme pour ses interlocuteurs. Et quand il s’agit de dialoguer sur des sujets qui sont censés opposer les partenaires, voilà qui relève de la plus haute virtuosité. Je dis « censé opposer » parce que ni dans l’Eglise, pourtant corps organisé, ni dans la société multiple plus que jamais, il n’y a une position, uniment partagée.

Depuis la naissance de Jésus, peut-être faudrait-il plutôt écrire, si l’on osait, depuis que Dieu est Dieu, la Sagrada familia, c’est la destinée de l’humanité, sa vocation. Il ne s’agit pas tant d’une cellule familiale historique, au 1er siècle de notre ère, dont nous ne savons pas grand-chose, surtout si l’on se rappelle que les évangiles de l’enfance n’ont guère de préoccupation historiographique. Feuerbach dénonçait la religion comme une simple anthropologie projetée dans le ciel. Nous garderons-nous de faire de la sainte famille de Marie, Joseph et Jésus notre idéal de la famille projeté dans le ciel ? Ainsi, la Sagrada familia n’est pas derrière nous, même comme modèle, elle est devant nous, comme appel, vocation, celle de la destinée de la famille humaine. Dans ces conditions, n’est-il pas scandaleux que la famille soit le lieu d’une opposition toujours plus implacable entre position officielle, sans être forcément majoritaire de l’Eglise, et nombre d’hommes et de femmes, parfois aussi catholiques convaincus ?

Si, depuis le dernier Concile, l’Eglise a appris le dialogue interreligieux et en est même la championne, sans rien abandonner de sa foi mais en apprenant des autres la vérité qu’ils découvrent par leurs propres chemins, ne devrait-elle pas aussi, sans rien abandonner de sa foi, découvrir ce que d’autres vivent de la vérité en matière de morale familiale et sexuelle ? On pourrait encore parler du dialogue œcuménique, qui lui aussi articule vérité catholique et écoute qui invite l’Eglise catholique elle-même à la conversion de sorte qu’elle exprime avec plus de justesse le cœur de sa foi. On n’imaginait pas il y a cent ans que dialogues interreligieux ou œcuménique pourraient aboutir à autre chose qu’au ralliement des interlocuteurs à la foi catholique, la seule vraie ; on constate qu’ils ont conduit l’Eglise catholique à une plus grande fidélité à sa propre foi. Si la Sagrada familia est la vocation de l’humanité, l’Eglise ne doit-elle pas tout faire pour servir ce dessein de Dieu ?

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