Qui
sont les sages et les savants à l’époque de Jésus ? Ceux qui savent lire, presque
toujours des hommes, des mâles. Combien de personnes cela
représente-t-il ? Moins de 5%, sauf si vous êtes bien nés et vivez à la
capitale ou dans une ville commerciale. La population rurale constitue l’immense
majorité de la population et est analphabète.
A
Jérusalem, les sages et les savants, ce sont les scribes. On dit au début du
livre des Actes de Jean et Pierre qu’ils sont sans culture ;
vraisemblablement ils ne savent pas lire, et cela étonne tant leur assurance à
parler et à raisonner à partir des Ecritures est grande.
Les
sages et savants détiennent l’accès aux livres et pour Israël, la clef du sens
et de la loi. Sages et savants sont donc hommes de pouvoir autant que de
savoir. Et Jésus une fois de plus renverse l’échelle des valeurs, ces valeurs
auxquelles nous tenons tant. La dignité humaine ne se mesure pas au savoir. Mieux,
les simples et les petits sont premiers.
D’après
l’évangile de Luc, Jésus savait lire. Faisait-il partie des sages et
savants ? Ce n’est pas tant le savoir qui est incriminé que l’attitude du
savant. Un chapitre entier qui clôt pratiquement l’évangile, le confirme,
répondant aux béatitudes du début en passant par les versets de ce jour. « Les
scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce
qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après
leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux,
difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes
ne veulent pas les remuer du doigt. […] Malheureux êtes-vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clef le royaume des Cieux devant
les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas
entrer ceux qui veulent entrer ! »
Dans
nos sociétés, c’est l’inverse de l’Antiquité : presque tout le monde sait
lire. La situation par rapport au savoir a changé. Nous ne pouvons prendre
prétexte des propos de Jésus pour justifier comme meilleur chemin vers le
Royaume une ignorance coupablement entretenue, une paresse devenue vertu par décret
biblique, un anti-intellectualisme cultivé au nom de l’évangile.
C’est
certain, il est un savoir qui ferme l’accès au Père. Des cardinaux et docteurs,
mais aussi de « simples chrétiens » savent mieux que Dieu ce qu’est
Dieu, ce qu’est l’homme, la nature, ce que Dieu pense de tout et, s’ils ont du pouvoir,
peuvent lier de pesants fardeaux qu’eux-mêmes ne touchent pas d’un doigt.
Plus
encore, qui d’entre nous peut se dire simple et petit ? Notre pouvoir d’achat l’interdit souvent. La
simplicité est une terre à redécouvrir, un travail de l’intelligence et de la
charité. Elle n’est plus, si jamais elle l’a été, un état initial, mais un
chemin. Etre simple ne signifie pas être fainéant, fainéant de la foi et de la
pensée. Plus jamais le monde ne sera simple, plus jamais la foi ne sera simple.
Le populisme politique a son pendant dans la foi. Il convient plutôt d’accéder
à une simplicité seconde, une naïveté seconde, post-critique, apprendre à faire
confiance après la critique, la science et les savoirs, dans un monde où
personne ne naît naïf ni simple.
Il
faut entreprendre le difficile chemin de la conversion qui consiste à savoir
que l’on ne sait pas, pour s’en remettre à Dieu plus qu’à nos savoirs. Et l’on
tient souvent d’autant plus à ses idées que l’on en a peu ! Consentir à
abandonner son savoir comme Abraham laissa sa terre et la maison de son père. Renoncer
à ce qui est sien, ainsi trouve-t-on la vie.
Or,
nous avons du mal à faire confiance. Nous préférons savoir. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique
fonctionne parfois comme un savoir qui évite de croire. Le connaître et s’y
référer peut dispenser de croire et de penser. Vous ajoutez quelques gestes
cultuels, et ça y est, vous êtes chrétiens. Que nenni ! Le catéchisme et
la piété peuvent aussi être un pesant fardeau dont on n’a pas même l’impression
qu’il pèse, tant nous sommes rassurés de savoir ce qu’il faut croire et faire. C’est
un système bien huilé, sans problème. C’est si simple ! Mais simplisme
n’est pas simplicité…
A
savoir, on ne croit pas. « Je te rends grâce, Seigneur, d’avoir caché aux
sages et aux savants ce que tu as révélé aux petits. » (Mt 11, 25-30) Il n’y a pas un
catéchisme à croire, mais un Dieu à qui s’en remettre en confiance. Il n’y a
rien à croire, mais à faire confiance. La foi n’est pas plus affaire
d’ignorance que de savoir ; elle est confiance.
Abrasif à lire et à recevoir! utile à méditer... merci et bon dimanche!
RépondreSupprimerPMR
Merci pour vos billets que je viens de découvrir depuis peu.
RépondreSupprimerYour content helped me a lot to take my doubts, amazing content, thank you very much for sharing. I have found genuine take look at blog Jacqueline Fernandez HD wallpaper for desktop
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