27/03/2020

Nous battre pour la vie - La résurrection de Lazare (5ème dimanche de carême)


Le lectionnaire des dimanches de carême de l’année A ne met pas vraiment l’accent sur la conversion et la pénitence ! Nous avons lu pour commencer les Tentations au désert, seule exception peut-être à ma remarque. Ensuite, la Transfiguration, la rencontre avec la Samaritaine, la guérison de l’aveuglé né et, aujourd’hui, la résurrection de Lazare (Jn 11).
Le carême est présenté comme une marche vers Pâques, une marche vers l’illumi­nation baptismale. Non seulement la vue est rendue, et même donnée, mais la vie est rendue.
Quelle est cette vie ? Beaucoup répondraient : la vie après la mort, la vie éternelle. Ainsi Marthe, lorsque Jésus lui annonce que Lazare ressuscitera : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ». Mais Jésus ne l’entend pas de cette oreille. La résurrection, ce n’est pas la vie après le dernier jour. La résurrection et la vie – c’est la même chose, ce que les spécialistes appellent un hendiadys, une répétition de la même chose avec deux mots synonymes ‑, c’est Jésus. « Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus.
Peut-être faudra-t-il se poser la question de la vie après la mort. Peut-être cette question est-elle légitime, encore que je n’en sois pas vraiment convaincu. Quoi qu’il en soit, « ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » (Mt 6, 34) ; on aura le temps de voir. Il s’agit ici d’autre chose. Il s’agit de comprendre ce qu’est vivre, et qui est Jésus, ou, pour le dire autrement, il s’agit de se demander ce qu’est vivre avec Jésus.
La résurrection n’est pas quelque chose qui arrive, après la mort, elle n’est pas un moment, elle est une personne, Jésus. Pour nous convertir, certes il nous faut abandonner l’homme ancien, renoncer au mal et à tout ce qui conduit au péché, mais avant tout il nous faut vivre du souffle divin ; c’est Jésus le vainqueur de la mort, celui qui fait vivre, pas nous.
L’expression sera curieuse, mais il nous faut vivre Jésus. D’autant plus curieuse que c’est un pléonasme ! Jésus est la vie. « Je suis la résurrection et la vie ». Vivre Jésus, cela veut dire s’en remettre à lui pour notre vie. Non pas choisir l’oisiveté et l’insouciance, tellement l’opposé de Jésus. Mais mener notre vie de telle sorte que ce soit lui qui en décide, dans la vie et dans la mort.
Entendons-nous. Je ne parle pas du providentialisme ou de destin. Nous dirigeons notre vie, mais ce n’est plus nous qui en sommes la mesure ni le juge. Nous nous réglons sur Jésus. « Vivre, pour moi, c’est le Christ » (Ph 1, 21 ou Ga 2, 20) Ainsi nous vivons Jésus, nous sommes des hommes nouveaux qui avons revêtu le Christ (Ep 4, 24 et Ga 3, 27)
Vivre Jésus, vivre en ressuscités, mieux, vivre en résurrection, c’est ici et maintenant, c’est faire de ce monde un lieu de Dieu, ce que l’on appelle le paradis. Changer nos vies et le monde pour qu’il soit bon de vivre en frères et d’être unis (Ps 133/132). Voilà où nous engage notre baptême, notre foi. Je soupçonne notre réduction de la résurrection à la vie après la mort d’une part d’être un relent de paganisme, une gestion religieuse de nos peurs, d’autre part, d’offrir une bonne raison de ne pas nous occuper maintenant de la résurrection, de ne pas changer nos vies aujourd’hui, parce que nous ne sommes pas prêts à changer de vie, nous l’aimons bien, notre péché.
Alors que dure le confinement, qu’il devient insupportable pour certains, et on les comprend, alors que le nombre de morts ne cesse d’augmenter, il y a de quoi être angoissé. Jésus a pleuré son ami Lazare qui gisait au tombeau. Jésus en deuil de Lazare, leur amitié est finie. Il ne le reverra plus. Pleurerait-il si le récit de Jean racontait un miracle de réanimation ? La mort, en effet, n’est pas supprimée : « celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. »
C’est maintenant et non après la mort qu’il faut vivre, non pas seulement biologiquement, mais aussi ressusciter, mener sa vie avec Jésus. Comment ces jours de violence que constitue le confinement seront-ils l’occasion de nous battre pour la vie, de permettre que ce soir même avec Jésus, nous soyons en paradis ?

20/03/2020

Pourquoi le mal ? (4ème dimanche de carême)


Notre vie est désorganisée par le virus. Notre vie paroissiale aussi. Même si ce ne sont pas les rencontres chrétiennes qui nous étouffent, nous aimons nous retrouver, même peu nombreux, le dimanche pour la messe, un samedi ou un vendredi de temps en temps pour les groupes de caté ou d’aumônerie, le mardi pour le MCR et le groupe biblique, etc.
Au long des semaines à venir, nous allons avoir soif les uns des autres. Nous allons manquer. Manquer de communautés, de rencontres. Pas seulement les chrétiens, mais les chrétiens aussi. Comment allons-nous vivre ensemble sans nous voir ? Il y a tant à inventer. Comment, dans la situation actuelle, vivre en chrétien ?
Pas sûr que l’évangile de ce jour (Jn 9) nous apporte les réponses. En revanche, il nous éclaire sur notre actuelle confrontation au mal avec ce virus, avec cette autre confrontation au mal, celle du handicap, une cécité de naissance. D’où vient le mal ? Pourquoi le mal ? Pourquoi le mal est-il contagieux alors qu’il s’agirait de se serrer les coudes ? Qu’est-ce que Jésus peut au mal ? Impossible de répondre à toutes ces questions en quelques lignes.
Le mal dont on parle ici, handicap ou virus, ne relève pas du mal moral, celui dont nous sommes à l’origine. La réponse, souvent entendue, ne vaut pas : il y aurait le mal parce que nous sommes créés libres. Dans le cas des catastrophes naturelles, des gens malades, des virus ou de la mort, la réponse tombe à côté.
On avancera le péché originel. Ce serait une punition de Dieu, ou en sa version profane, une vengeance de la nature. Si jamais Dieu est pour quelque chose dans ce virus, il est urgent d’arrêter de lui faire confiance ! Le virus n’est ni une épreuve qu’il nous ferait subir, ni quoi que ce soit qui viendrait de lui. En Jésus, Dieu continue à mourir à chaque décès causé par ce virus. Dieu est de notre côté, depuis toujours.
Jésus ne répond pas à la question de l’origine du mal. Elle lui est pourtant posée : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Ce n’est pas le problème : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. » Circulez, il n’y a rien à voir de ce côté. La question du mal n’est pas celle de son origine, de son pourquoi, de ce qu’auraient fait ou non les gens (la fameuse liberté). La réplique au mal, c’est comment on le fait reculer.
La suite est déconcertante. « Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » On ne saurait comprendre que le mal existe pour qu’on voie que Jésus en est vainqueur ! Ce serait abject. D’autant que ce virus, ce n’est pas Jésus qui en sera vainqueur, mais les scientifiques, les médecins, tous ceux qui permettent que la vie continue dans les magasins, les livraisons, le ramassage des ordures, etc. et chacun par le confinement.
La fin du texte en rajoute : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Devant le mal, c’est l’heure du jugement. Qui es-tu lorsque ta vie et celle des autres est menacée ou du moins chamboulée ? Quand le mal est là, chacun est confronté à la vérité de son existence. Non qu’il y ait du mal pour que nous soyons confrontés à la vérité de notre existence ! Ce serait absurde, abject. Mais quand le mal est là, c’est sûr, nous sommes confrontés à qui nous sommes. On voit qui sont les aveugles, qui ferment les yeux aux autres et ne pensent qu’à eux, à leur stock de papier hygiénique et de nouilles, à leur confort en refusant un strict confinement.
Certains vont mourir, tous sont privés, un peu, de leur liberté. Le mal est là, obstiné, irréversible. Comment ne pas sombrer de son côté ? Comment ne pas pactiser avec lui, ajoutant au virus, le mépris et la haine des autres ? La guérison de l’aveugle né, c’est déjà le procès de Jésus, la haine contre lui. Le mal contamine, il passe de cet aveugle, victime, à Jésus victime. Comment ne pas se laisser contaminer, non par le virus, mais par le mal ? Comment vivre en paix dans nos maisons ? Cela ne sera pas toujours facile, pas seulement pour les enfants. Comment soutenir les associations qui viennent en aide à ceux qui n’ont pas de chez eux, SDF et migrants ? Comment continuer les distributions de nourriture ? Comment ne pas profiter du système (puisque l’Etat paye, pourquoi se casser les pieds à bosser ?). La délinquance et l’ultralibéralisme ont vite fait de voir toutes les opportunités que leur offrait le virus ! Le racisme s’en donne à cœur joie : c’est la faute aux Chinois !
Chaque existence est confrontée au mal à un moment ou à un autre. Nous le sommes actuellement ensemble, non seulement en France, mais dans le monde. Comment ne pas succomber au mal ? C’est un moment de vérité, un kairos comme disent les théologiens en parlant grec. Notre existence est mise en lumière ‑ ce n’est pas pour rien qu’il s’agit dans l’évangile d’un aveugle. Comme toujours, même si nous ne le voyions pas souvent, ‑ encore une question de cécité ‑ l’astre d’en haut vient nous visiter pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix.

19/03/2020

La Conférence des Evêques de France est tombée sur la tête !

Jacques Prévert avait écrit "La crosse à l'envers", fiction anticléricale au vitriol. Les évêques l'ont fait !

Les évêques invitent à ce que les cloches sonnent à la volée le 25 mars, jour de l'annonciation.
Mais le 25 mars, on sera sans doute depuis plusieurs jours à plus de deux cents morts par jour, si ce n'est davantage. (Le pire n'est jamais sûr, certes, mais c'est ce que la courbe italienne semble indiquer.)
C'est la glas qu'il faudra sonner !

Mais notre Eglise est davantage préoccupée par ses fêtes liturgiques, son calendrier, son petit système que par ce que vivent les gens. En pleine fête de l'incarnation (l'annonciation du Seigneur, le 25 mars), c'est un comble. Notre Eglise se moque de l'incarnation et fait du religieux. Ce ne sont pas les gens qui ne croient plus en Dieu, c'est l'Eglise. Et les gens la désertent parce que c'est sûr qu'à l'Eglise, on ne parle plus de Dieu, on ne prie plus Dieu. Le culte superstitieux prend sa revanche sur l'évangile de la charité... Regardez tous ces prêtres qui s'exhibent en ligne à célébrer la messe ou l'office. Il y a déjà de quoi faire avec les media habituels, RCF, KTO, Radio-Notre Dame, Le Jour du Seigneur, les émissions religieuses de France-Culture, etc. J'espère qu'ils passent autant de temps à secourir les détresses qu'à se mettre en scène.

Comme toujours, "la charité nous presse". Comme toujours, "c'est à l'amour que nous aurons les uns pour les autres que nous serons reconnus comme disciples." C'est écrit, comme disent les Musulmans.

Alors que ferons-nous pour la charité ? Voilà où la CEF doit se prononcer. Voilà le front où elle est attendue.
- D'abord respecter les règles qui permettent de se protéger les uns les autres. On n'y est pas encore. (Sans parler de ceux qui font leur beurre de la crise sanitaire, trafic de masques, OPA boursières, etc. L'ultra-libéralisme et la criminalité n'ont pas peur du virus ! Pas un mot de la CEF à ce propos.)

- Ensuite, faire tourner l'entreprise France. Si l'on veut que le confinement soit vivable pour tous, il faut que tous fassent leur boulot, certes en s'adaptant. Heureusement, les livreurs, les commerçants, les soignants, les caissières, etc. sont au poste. Mais les fuites d'eau vont continuer. On aura besoin du plombiers, etc.

- Voir comment venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Il y a les gens à la rue, il y a les migrants. Il y a les familles qui ne savent pas ou ne peuvent pas faire la classe à leurs enfants. De nombreux bénévoles du Secours Catholique, des Restos du cœur et autres associations humanitaires se sont retirés pour se protéger. Mais les besoins qui nécessitaient leur engagement n'ont pas disparu avec l'apparition du virus. Qui va prendre le relais ? Etc. etc.

- Partager. Pendant ces jours, nous allons dépenser moins que d'habitude puisque bien des commerces sont fermés, puisque nous n'irons pas au restau ou au bar, puisque nos déplacements et frais de carburant sont réduits. Les associations humanitaires ont besoin de notre soutien. La campagne du CCFD par exemple en faveur des pays du Sud, comme chaque année pendant le carême, va être grandement freinée. L'Afrique va avoir de grands besoins pour lutter elle aussi contre le virus qui arrive sur son territoire. Et nous savons que ses infrastructures sanitaires ne sont pas à la hauteur de celles de la Chine, de l'Europe ou de l'Amérique du Nord. Les bons hôpitaux existent, mais pour combien de personnes ? Qui pourra payer ? La Sécurité sociale n'existe pas.


PS On me fait remarquer que ces cloches pourraient nous unir au mouvement populaire de soutien aux soignants. Chiche, mais alors, dès ce soir, à 20h, faisons sonner les cloches ! Et que ce ne soit pas seulement pour les soignants, mais pour tous ceux qui se démènent pour que le pays puisse continuer à vivre, livreurs, caissières et employés de supermarchés, commerçants de première nécessité, services publics, artisans qui continuent à venir vous dépanner (plombier, serrurier, etc.), bénévoles des associations qui prennent soin des plus fragiles, des oubliés, qui prennent soin du lien social, et j'en oublie.
Je vais aller programmer les cloches de la collégiale en ce sens.

PS Lundi 23 mars au soir, 186 décès durant les dernières 24 heures. Au total, depuis le premier décès, la France compte ce lundi 23 au soir 860 décès du coronavirus
Et les cloches vont sonner pour la fête de l'annonciation...


PS Je rêve où le texte de la CEF a changé ?  Quelques uns se seraient-ils évertués à corriger le tir...
Si je vois juste, je me réjouis encore plus de mon texte !

PS Mardi 24 mars au soir, 240 décès durant les dernières 24 heures. Au total 1100 décès...
PS Mercredi 25 au soir, 231 nouveaux décès. 1331 au total...

18/03/2020

Prier en temps d'épidémie


Prier en temps d’épidémie

Je vais prendre le temps d’écrire quelque chose à ce propos.
Je vois passer tellement de conneries sur les réseaux sociaux, dans les communiqués épiscopaux, dans les initiatives paroissiales ou communautaires.
Je vois aussi passer, en ces mêmes lieux, beaucoup de propositions, réflexions, actions frappées au coin du bon sens de l’incarnation.
Devant l’inconnu, l’inconnu qui effraie ou au minimum inquiète, il n’est pas étonnant que l’on crie vers « ce que tout le monde appelle dieu ». Reste à savoir si « ce que tous appellent dieu » désigne aussi le Dieu de Jésus.
Vous me direz, le Dieu de Jésus, il n’est pas du genre à se formaliser des prières tordues, des superstitions, de la magie. Il aime. Alors, tous les appels au secours, il fait comme s’ils lui étaient adressés.
Ce qui est plus curieux, c’est quand les « spécialistes » de la foi chrétienne, on va dire ceux qui ont paraît-il l’habitude de prier (mais prier peut-il relever de l’habitude ?, c’est toujours nouveau) et ceux qui sont chargés de servir les communautés, retournent sans coup férir à la superstition la plus païenne, drapés cependant des oripeaux de l’orthodoxie.

Il est trop tôt, il sera trop tôt le 25 mars, pour faire sonner les cloches. Je comprends que l’on ait envie de montrer qu’on est vivant. Mais pour l’heure, trop meurent et vont mourir d’ici-là.
Il est inutile de lancer une neuvaine et de s’alarmer de ce que Lourdes ferme ses grilles. On s’en fout. Ou plutôt, c’est normal. On a dit Confinement, on a dit Restez chez vous. Lourdes ou le sex-shop du quartier glauque derrière la gare, même régime !

Ces ecclésiastiques et leurs appels pour mobiliser les troupes sont aussi nuls que les autres. Il n’y a pas de troupe à mobiliser, mais des communautés empêchées de se retrouver à conforter, une mission contrariée à réinventer.
Il faut faire quelque chose. Mais non. Il n'y a rien à faire. Et la prière n'est surtout pas un truc à faire. C'est l'expérience de la passivité.
Qu'ils prêchent plutôt sur ce qu'est prier. Mais ils ne prient pas. Ils sont païens. Quelle calamité !
François Cassingena-Trévedy citait Pascal sur FaceBook, il y a quelques heures. "Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir… Quand je m'y suis mis, quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls et les peines où ils s'exposent (…), j'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre." Le comble, faire de la prière de quoi éviter le "demeurer en repos."
Je recommande son commentaire.

Il n'y a qu'une urgence, la charité. Inventer comment vivre le service des autres, l'amour quoi, en temps de confinement. Là, des idées et initiatives seraient les bienvenues ! Il en existe déjà. Une créativité assez incroyable d'ailleurs.
Le Secours Catholique a lancé un appel. Que fera-t-on avec et pour les migrants, les détenus, les gens à la rue, etc. ?
On se prend à rêver. Si le message des évêques avait été en faveur de toutes ces personnes, plutôt qu'une neuvaine.

Et surtout, qu'on s'abstienne de réfléchir à ce que Dieu veut nous dire avec ce virus. Dieu ne veut rien nous dire avec ce virus, ni avec cette épreuve. Il reste silencieux. Il aime. Il aime sans condition. Et on aimerait que ses thuriféraires en fassent autant.

La prière, ce n'est pas une activité. C'est un cri, un silence ou un chant.
Et parfois, pour crier et chanter, les mots manquent. Une bougie peut venir à la rescousse. Parfois, pour rester en silence, fixer son regard sur le feu ou la flamme, il n'y a rien de mieux.
La prière, ce n'est pas pour lutter contre l'épidémie. C'est pour rien, d'ailleurs. La gratuité, la grâce, est son univers.




Merci comme toujours à Jean François Garneau pour la traduction.
On the meaning of prayer, during an epidemic.
I'm going to take the time to write something thoughtful about this topic. For there is just too much bullshit currently published on this topic, not only through social networks but through episcopal press releases, parish or community initiatives, etc.
Needless to say that there is also many proposals, reflections and actions being publicized, through the same channels, that strike me as full of a sound understanding of what incarnation means.
Faced with an unknown that is at the very least worrisome, if not frightening, one should not be surprised to see people cry for help towards "what everyone calls god". It remains to be seen whether "what everyone calls god" is also the sort of thing that designates the God that Jesus came to reveal.
Some might say that the God of Jesus is not of the sort to formalize himself too much with crooked prayers, superstitions, and magic. He loves. So he’ll understand all these calls for help as if they had been addressed to him.
What is more curious, however, is when the so-called “specialists” of the Christian faith, those of whom it is claimed that they are “in the habit of” praying (as if praying was a matter of habit, when it should always be something new), not to mention those whose job it is to be responsible for serving communities of faithful, bless this superstitious use of prayer by draping it into the clothes of orthodoxy.
It is too early, and it will still be too early, on March 25, to ring the bells in one big expression of thankful relief. And I understand fully that, in the meantime, we the faithful want to show the world that we are alive. But for now, too many are dying and will die to think and act wrongheadedly.
It is totally useless to throw a novena against the epidemics or be alarmed that the Lourdes sanctuary will close its gates. We should not care. Or rather, it's absolutely normal that it should happen. The operation is called “containment”, the motto used is “Stay home!” Both are meant to apply to the Lourdes sanctuary as to the creepy neighborhood sex shop behind the train station. Both fall under the same general policy!
All those clergymen with their calls to mobilize the troops are just as pointless as the others. There is no troop to mobilize. All there is are communities prevented to find comfort in one another, a thwarted mission in need of reinvention.
Yet surely something is to be done. But no. There is nothing to be done. And prayer is especially not a thing to do. It is the experience not of activity, but of passivity. If only those clergymen were to preach on what it means to pray.
But they do not know what it is for a Christian to pray. They are pagans. What a calamity!
François Cassingena-Trévedy quoted Pascal on FaceBook a few hours ago. “Nothing is so insupportable to man as to be completely at rest, without passion, without business, without diversion, without study. He then feels his nothingness, his loneliness, his insufficiency, his dependence, his weakness, his emptiness. At once, from the depth of his soul, will arise weariness, gloom, sadness, vexation, disappointment, despair… Nothing is so insupportable to man as to be completely at rest, without passion, without business, without diversion, without study. He then feels his nothingness, his loneliness, his insufficiency, his dependence, his weakness, his emptiness. When I have set myself now and then to consider the various distractions of men, the toils and dangers to which they expose themselves in the court or the camp, whence arise so many quarrels and passions, such daring and often such evil exploits, etc., I have discovered that all the misfortunes of men arise from one thing only, that they are unable to stay quietly in their own chamber.”
Just imagine what Pascal would think of using prayer to avoid being confronted with the “need to remain at rest, passive.”
I recommend reading François Cassingena-Trévedy’s entire comment of the above Pascal quote, which can be found here:
https://www.facebook.com/francois.cassingenatrevedy/posts/3127356490822169
There is only one emergency, and it is that of charity. This amounts to finding the ways to live ever more at the service of others, which is nothing else than to love, in these days of confinement. That’s the sort of ideas and initiatives that would be most welcome! Many already exist anyway, the proof of quite an impressive form creativity, by the way.
The Secours Catholique (France’s Catholic Charities) has launched an appeal on this topic. What will we do with and for migrants, detainees, people on the street, etc.?
We catch ourselves starting to dream. If the message of the bishops had been in favor of all these people, rather than in favor of a novena…
And let’s refrain, above all, from thinking about what God wants to tell us with this virus. God does not want to tell us anything with this virus, nor with this test of our motivations. Our God, the God of Christ, remains silent on these matters. His business is to love, not to provide meaning nor to test our souls. He loves unconditionally. And we would appreciate that those who claim to be his devoted prophets start to do the same.
Prayer is not a sort of action. It is a cry, a silence or a song.
And sometimes, in order to cry out and to sing, words fail. A candle can come to the rescue. Sometimes, there is nothing better to do than to fix our gaze on the fire or the flame of that candle, in order to remain still, in silence.
Prayer is not a mean to fight an epidemics. As a matter of fact, prayer has no purpose at all, from a worldly point of view. Its universe is not that of usefulness, but that of gratuitousness, that of grace.