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21/11/2024

Les évêques continuent de mentir. Grâce à Dieu, suite

On apprend par cet article qu'une salle paroissiale a été baptisée du nom d'un prêtre pédocriminel. Les deux évêques successivement en charge du diocèse susceptibles d'être en fonction au moment de ce baptême sont au courant de l'agir criminel du prêtre. Je les ai personnellement informés, ai apporté des preuves. Ils m'ont reçu l'un puis l'autre. Aucun d'eux ne l'a empêché ni n'a demandé à ce que l'on revienne sur la chose. (Selon la date de ce baptême, peut-être seul l'actuel archevêque doit-il être incriminé.)
Les évêques disent leur compassion, mais ce n'est qu'une formule. Ils n'ont rien à faire de la vérité ni des victimes. Ce sont des menteurs que l'on ne saurait croire. Ils devraient tous remettre leur charge. Et je fais exprès de les mettre tous dans le même sac. Que ceux qui veulent se désolidariser admonestent publiquement leurs confrères fautifs. Cela suffit de faire le dos rond.
Les évêques se moquent des victimes tant qu'elles ne les ont pas traînés sur la place public. Ils découragent eux-mêmes par leur attitude coupable que l'on fasse les choses avec tact pour le bien des communautés. 


 

 

24/11/2023

Témoigner pour tous ceux qui ont choisi de mourir plutôt que de vivre dans le néant.

Début du discours de Véronique Margron pour l'ouverture de la session de la Corref, le 21 novembre 2023. (Les deux derniers paragraphes sont importants.)
 

En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné, dégradé, déporté sur l’île bien nommée, l’île au diable. En 1896, le coupable d’avoir livré des documents secrets aux Allemands est identifié. Mais l’armée refuse de se déjuger. Après un simulacre de second procès où il est à nouveau condamné, ce n’est qu’en 1906 que Dreyfus sera véritablement réhabilité. C’est dans ce contexte qu’est publié Notre Jeunesse de Charles Péguy en 1910, avec cette parole reprise par le juge Édouard Durand, président de la CIIVISE, lors de notre AG intermédiaire consacrée aux recommandations des groupes post CIASE. « Le plus difficile c’est de voir ce que l’on voit ».

« Violences sexuelles, que font les cultes ? », telle était la lourde interrogation de l’ensemble des familles religieuses, lors d’une journée inédite de rencontre, le 19 septembre dernier à la Maison du protestantisme. Le même Édouard Durand, invité du grand rabbin Haïm Korsia, nous suppliait : « quand vous écoutez une victime, multipliez par 50 ce qu’elle vous dit. » Nous nous aurions tant tendance à minimiser…
Voir ce que l’on voit, entendre vraiment ce que l’on écoute…

Hier, 20 novembre était présenté au public le rapport de la CIIVISE. Permettez-moi de reprendre ces quelques mots de l’introduction :

« Pour être digne de la confiance des victimes qui lui confiaient leur témoignage, la CIIVISE devait avoir en toutes circonstances une parole claire et agir en conformité́ avec cette parole. Une parole claire parce que l’ambiguïté́, l’équivoque, l’incertitude si déstabilisante sont des armes des agresseurs. Agir en conformité́ avec cette parole parce que la violence sexuelle est un acte de trahison. Il fallait tenir parole, c’est-à-dire être fidèle à la parole donnée ».

La CIIVISE était envoyée dans « le pays des ténèbres », selon le mot terrible de Neige Sinno, dans son récit déchirant, sans pathos et sans plainte, « Triste tigre ». « Le pays des ténèbres », comme la CIASE précédemment. Comme la CRR et l’INIRR aujourd’hui. Comme nombre parmi nous qui faisons route avec des victimes, qui deviennent témoins et acteurs.

Voilà ce qui avant tout nous a transformés. Ce qui nous a déchiré le cœur et l’âme. Ce qui nous a vrillés et délogés à l’intérieur de nous-même, de notre foi, de l’image de nous-même, de notre générosité et de notre engagement à suivre le Christ doux et humble. Ce qui nous a changé du dedans, pour de vrai – je veux le croire – c’est le « présent perpétuel de la souffrance » selon cet autre mot du rapport de la CIIVISE.

Ce qui nous a transformés de l’intérieur, selon ce que demande le théologien américain Ted Dunn que nous avons écouté pour beaucoup d’entre nous et lu pour nous tous, ce qui nous a transformés de l’intérieur et n’a pas fini de le faire, c’est encore ce témoignage qui fait l’avant-propos de ce même rapport. Un témoignage comme ceux que nous avons entendu ici même lors de nos AG, ceux des sœurs et frères d’infortune de cette personne.

Ce que je voudrais dire, c’est que je témoigne pour tous ceux qui en sont morts, qui se sont jetés d’un pont sous un train. Je voudrais témoigner pour tous ceux qui ont choisi de mourir plutôt que de vivre dans le néant. Tous ceux qui en sont devenus fous, malades, réellement fous. Tous ceux qui n’ont pas pu sortir le chaos de leurs entrailles, tous ceux qui ont fini par mourir de leur belle mort, mais en même temps découpés en deux et dévastés. Tous ceux qui ont passé leur vie murés dans le silence. Et, avec tous ceux-là, donc, je témoigne pour tous ceux qui n’ont pas cette voix.

Je veux juste dire ce que nous avons vécu, c’est l’horreur, c’est la solitude extrême. C’est un froid, c’est une incompréhension. C’est le fin fond de l’humanité à l’endroit où tout est dévasté. Ça n’a pas de mots, c’est un enfer. Et nous sommes une multitude. Nous sommes terrés dans le silence et la peur, mais nous sommes là et nous sommes aussi un des visages de l’humanité. Et ce que je voudrais dire, c’est que tous ceux-là ils aspirent à la lumière. Et qu’au-delà de mes mots, ma parole, elle est aussi pour eux.

30/10/2023

Réforme de l’Eglise et conversion personnelle (Toussaint)

F. de Zurbaran, Saint Sérapion (1628)

 

On entend fréquemment François affirmer qu’il n’y a pas de réforme de l’Eglise sans conversion personnelle. Cette opinion n’a rien de neuf, et l’on ne s’étonnera pas de la voir soutenue par une série de jésuites, Bellarmin et Arrupe par exemple. Pour ce dernier, ce n’est pas seulement l’Eglise qui est en jeu, mais la société : il n’y a pas de réforme sociale, de justice sociale, sans conversion personnelle.

Faut-il rire ou pleurer de semblable émasculation de l’action politique ? Avant de changer les structures sociales, notamment celles d’injustice et d’oppression, avant de changer l’Eglise, notamment dans la forme et l’exercice des ministères et du pouvoir, commencez donc par changer vous-mêmes ! Nous voilà assurés que rien ne bouge.

Prenons les choses autrement. La déchristianisation pose terriblement la question de la vérité de ce que nous confessons en nous disant disciples de Jésus. Si l’évangile ne commande plus la vie de tant de nos concitoyens et de ceux que nous aimons, n’est-ce pas parce qu’il apparaît non seulement vain, inutile, insignifiant, mais encore et plus originellement, support des injustices et des oppressions, justification d’un système inique et criminel ? Si beaucoup ont encore un rapport avec l’Eglise, c’est parce qu’elle est religion, le contraire de l’évangile !

La vérité de l’évangile est occultée, niée, empêchée par des pratiques, des structures, des manières de faire. Le résultat est l’abandon de l’évangile dont nous confessons qu’il est cependant lumière pour la route. Avant de fustiger ceux qui sont indifférents à l’évangile, nous sommes bien obligés de nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’évangile n’apparaît pas fervent de transformation du monde, de la société. Une page d’un renversement total comme celle que nous venons de lire (Mt 5, 1-12) indique la transformation du monde, de la société. Et tout l’évangile va dans le même sens, depuis le Magnificat ‑ il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ‑ jusqu’à la mort du Juste comme un criminel.

Il faut impérativement réformer l’institution, mais la crédibilité, y compris pour les disciples, de ce que nous portons dans des vases d’argile passe par ceux d’entre nous qui vivront effectivement le renversement évangélique, la conversion. Si, dans la vie ordinaire, la pratique des disciples, leur style de vie, leur manière d’habiter la société ne se distinguent en rien des modes de vie des autres, c’est que l’évangile n’a rien à dire ou que nous, disciples, le nions, lui refusons d’être ce qu’il est, transformation des structures sociales, y compris ecclésiales. Pour que le Royaume qui vient, où toutes choses sont faites nouvelles par le Seigneur des univers, soit aperçu, pressenti, nous avons le devoir d’en être les signes.

Où est la bonté du Maître en nos vies ? Où se trouve en nos vies son amour de prédilection pour les petits, ceux que nos sociétés excluent ? Où sont les artisans de paix ? Où sont les serviteurs de l’amour ? Parce que la sainteté est un ferment du changement du monde, la conversion personnelle est une nécessité pour la réforme de l’Eglise.

Ce que nous vivons aujourd’hui est un monde nouveau, où l’Eglise n’est pas l’organisatrice du social et du politique, comme cela a pu être le cas après la chute de l’Empire romain. Elle n’est pas non plus la garante ou l’éducatrice de la morale ni l’organisatrice de la solidarité sociale et internationale. Elle n’est plus que signe du Royaume. Un signe n’a pas de sens en soi. L’Eglise est de ce point de vue inutile. Le signe n’a de sens que par rapport à ce qu’il indique. Et ce que nous, disciples, avons à désigner, c’est le royaume de justice et de paix. Cela n’est possible qu’à être nous-mêmes, artisans de paix, assoiffés de justice. Pire, ne pas l’être, c’est abroger l’évangile.

Nous recevons aujourd’hui l’obligation d’être saints comme celui dont nous nous disons fils et filles de ceux qui ne sont pas dans l’Eglise – si cette expression a un sens. La sainteté personnelle est politique et missionnaire. Nous vivons aujourd’hui que la convocation à la sainteté et à la réforme, nous vient de la mission, nous vient de l’extérieur – s’il est sensé de parler ainsi. (La dénonciation du scandale des crimes sexuels et de leur couverture en est l’exemple paradigmatique actuellement. Sans la presse et les victimes, jamais l’Eglise n’aurait été sommée de changer. Et pour l’heure, ce n’est pas fait !) La réforme de l’Eglise vient de l’extérieur de l’Eglise – si l’on peut ainsi parler. Que la réforme ecclésiale et la sainteté de chacun soient un impératif dicté, qu’ils le sachent ou non, qu’ils le veuillent ou non, par ceux qui ne se reconnaissent pas ou ne se savent pas disciples, est notre kairos. La sainteté personnelle n’est pas affaire personnelle, mais politique parce que missionnaire.

 

23/06/2023

A propos des œuvres d'art des pédocriminels

Lorsque les œuvres ne peuvent pas être décrochées aisément (vitraux, mosaïques, fresques, etc.), je crois que j'opterais pour une forme de détérioration, par exemple un voile noir peint sur l’œuvre. Il faut que l'on voie le mal fait dans l'Eglise. Il est hors de question de le dissimuler, de l'oublier, de tourner la page.

  

Ou bien, peintre par dessus, tout en laissant dépasser l’œuvre des criminels, la photo mémorielle de la statue de l'enfant qui pleure.
 

 
Une église balafrée c'est une manière de ne pas nier le mal des prédateurs et ceux qui les ont couverts. Une façon de ne pas mettre la poussière sous le tapis, comme si de rien n'était. C'est la béance, le gouffre du mal qui doit remplacer les joyeuses (!) couleurs de Rupnik ou Ribes.
 
On a fait ça dans l'Eglise. L'Eglise a fait ça. Les victimes ont subi cela. Elles sont aussi l'Eglise de sorte que l'on peut aller jusqu'à dire, l'Eglise a vécu, a subi cela.
 
On représente le crucifié. On représente le mal. Et c'est le corps du Christ qui a été violé parce que ce qu'ils ont fait à ces petits qui sont les siens, c'est à lui qu'ils l'ont fait.