19/01/2024

De la fraternité à l’amour du prochain (3ème dimanche du temps - Semaine de prière pour l'unité des chrétiens)

Jésus passe le long de la mer de Galilée et il n’y a que des frères, et tous sont frères. Nous sommes au tout début de l’évangile, on ne sait quasi rien de Jésus, après le commencement qu’est l’évangile, le baptême de Jean et en un verset le désert de la tentation. On pourrait dire sans être imprécis que notre texte (Mc 1, 14-20) est le premier plan sur Jésus, un traveling. On le suit sur quelques mètres, centaines de mètres et l’humanité est une fratrie, et l’humanité n’est que de frères.

N’allez pas dire qu’il s’agit d’un récit de vocation. Il s’agit d’un récit christologique, où l’on apprend que cet homme est celui qui révèle, en la faisant, l’humanité fraternité. Bien sûr, à cause de cela, on ne peut parler de Jésus sans les autres, sans les frères, les siens. Bien sûr, à cause de cela, on devine qu’il y a un père, de tous, pour tous. Pas d’illégitimes. Todos, todos, todos.

Sont-ils en bonne entente d’une barque et d’une autre ? L’entreprise de Zébédée semble plus grande, trois hommes de la famille et des ouvriers. Simon et André font pâle figure ! Sont-ils concurrents, rivaux, jaloux ? Travaillent-ils en harmonie ? Pour l’heure, il y a encore différentes fratries. Ne se pose pas la question d’une possible coopération mais tous laissent les filets et suivent Jésus. La suite montrera des jalousies, des ambitions personnelles. Tous ne sont pas encore frères de tous, mais tous déjà sont frères : voilà l’homme qui passe.

On ne sait rien de ceux qu’il appelle. Ils n’auront sans doute même pas entendu ce que Marc fait entendre aux lecteurs, qu’il faut se convertir. Mais ils n’ont pas le choix, convertis en frères, ils doivent être convertis, changés, unis dans la suite, ensemble ou, pour le moins, semblablement.

C’est que les temps sont accomplis, qu’il n’y a plus de temps à perdre. On n’a pas le choix de la conversion. Il faut suivre, ça presse. Caritas urget nos (2 Co 5, 14), la charité urge. Et aujourd’hui, cela saute aux yeux. Qu’en faisons-nous ? Entre les Eglises, entre les croyants, entre les pays, dans les familles, jusque dans les communautés religieuses. La charité nous presse. Qu’en faisons-nous ?

La semaine de prière pour l’unité des chrétiens a retenu cette année les deux commandements, amour de Dieu et du prochain. C’est incroyable cette affaire, déjà repérée dans la geste des débuts de Jésus, ne serait-ce qu’en filigrane, impossibilité de parler de Dieu, de vivre avec Dieu, d’être à Dieu sans que les autres ne débarquent, ne soient frères, ne soient à aimer. Urget caritas !

  Que le divin, innommable, sans nom, ne soit indiqué que dans la proximité des frères à aimer, que le divin s’efface derrière les frères, l’amour de Dieu se fasse amour du prochain, cette occultation de Dieu est ce que nous recevons de Jésus, sa vie, sa mort, sa résurrection. Si lui, le très-haut disparaît pour que l’humanité soit fraternité, nous pourrions aussi…

Je sais bien que dans la rue, au tournant d’un couloir au cloître, à la maison avec le conjoint, les enfants, les parents, au travail avec les collègues, les occasions sont nombreuses de les envoyer bouler. Marre de se laisser marcher sur les pieds quand ce n’est pas envie de leur marcher sur les pieds. Envie d’en avoir plus quitte à réduire l’autre. Défense de la vérité, ne pas laisser dire n’importe quoi. Je sais, nous savons. Mais… urget caritas.

Avoir la parole comme en ce moment ne me met en rien en dehors du lot pour donner des conseils. Cela m’accuse plutôt. Cela oblige à essayer de se laisser convertir, toucher par la bonté. « Il passait en faisant le bien. » « Marcher comme Jésus », « marcher comme Jésus lui-même a marché. » Plus rien de théologique, plus rien d’idéologique, mais l’urgence d’une dé-marche. Nous en sommes là.

Nous nous le redisons non pour nous flageller, pour entretenir la culpabilité et la culpabilisation ; mais nous avons bien entendu que la conversion qui ne laisse pas le choix ‑ c’est le moment ‑ est la grande affaire de nos vies, de nos Eglises, du monde. Des hommes et des femmes, la fraternité, des prochains à aimer.

 

 

Jesús pasa a lo largo del mar de Galilea y solo hay hermanos, y todos son hermanos. Estamos en el comienzo del evangelio, no se sabe casi nada de Jesús, después del principio que es el evangelio, el bautismo de Juan y, en un versículo, el desierto de la tentación. Se podría decir sin ser impreciso que nuestro texto (Mc 1, 14-20) es la primera mirada Jesús, un traveling. Lo seguimos unos metros, cientos de metros, y la humanidad es una hermandad, y la humanidad es solo hermanos.

¡No diga que es una historia de vocación! Se trata de un relato cristológico, donde se aprende quien es este hombre que revela, al hacerlo, la humanidad fraternidad. Por supuesto, debido a esto, no se puede hablar de Jesús sin los demás, sin los hermanos, los suyos. Por supuesto, por eso, se adivina que hay un padre, de todos, para todos. No hay ilegítimos. todos, todos, todos.

¿Están en buena armonía entre una barca y otra? La empresa de Zebedeo parece más grande, tres hombres de la familia y obreros. ¡Simón y Andrés no tienen tan buena pinta! ¿Son competidores, rivales, celosos? Por el momento, todavía hay hermanos, dos familias de hermanos. No se plantea la cuestión de una posible cooperación, pero todos dejan las redes y siguen a Jesús. Lo que viene después mostrará celos, ambiciones personales. No todos son todavía hermanos de todos, pero todos ya son hermanos: he aquí el hombre que pasa.

No se sabe nada de los que Jesús llama. Sin duda no habrán oído lo que Marco hace oír a los lectores, que hay que convertirse. Pero no tienen otra opción, convertidos en hermanos, deben ser convertidos, cambiados, unidos en lo seguimiento, juntos o, por lo menos, de igual manera.

Es que los tiempos están cumplidos, no hay tiempo que perder. No hay opción de conversión. Hay que seguir, hace prisa. Cáritas urget nos (2 Co 5, 14), la caridad urge. Y hoy esto salta a la cara. ¿Qué hacemos con eso? Entre las Iglesias, entre los creyentes, entre los países, en las familias, incluso en las comunidades religiosas. La caridad nos apremia. ¿Qué hacemos con eso?

La semana de oración por la unidad de los cristianos retuvo este año los dos mandamientos, amor a Dios y al prójimo. Es increíble este asunto, ya visto en el gesto de los comienzos de Jesús, aunque sea en filigrana, imposibilidad de hablar de Dios, de vivir con Dios, de estar con Dios sin que los demás desembarquen, sean hermanos, sean amados. ¡Caritas es urgente!

Que lo divino, innombrable, sin nombre, se indique solo en la cercanía de los hermanos a amar, que lo divino se borre detrás de los hermanos, el amor de Dios se haga amor al prójimo, esta ocultación de Dios es lo que recibimos de Jesús, su vida, su muerte, su resurrección. Si él, el Altísimo, desaparece para que la humanidad sea fraternidad, podríamos también...

Sé bien que, en la calle, a la vuelta de un pasillo en el claustro, en la casa con el cónyuge, los hijos, los padres, en el trabajo con los colegas, son muchas las ocasiones de mandarlos a paseo. Harto de dejarse pisar los pies ¡Ojalá que nos apetezca pisarles los pies! Deseo de tener más, aunque reduzca al otro. Defensa de la verdad, no dejar decir cualquier cosa. Lo sé, lo sabemos. Pero... urget caritas.

Tener la palabra como en este momento no me aparta en nada para dar consejos. Más bien me acusa. Esto obliga a intentar dejarse convertir, tocar por la bondad. «Pasaba haciendo el bien.» «Caminar como Jesús», «caminar como Jesús mismo caminó». Nada más de teología, nada de ideología, sino la urgencia de adelantar. Ahí es donde estamos.

Nos lo repetimos no para flagelarnos, para alimentar la culpa y la culpabilizarían; pero hemos entendido que la conversión que no deja la posibilidad de elegir (¡es el momento!) es el gran asunto de nuestras vidas, de nuestras Iglesias, del mundo. Hombres y mujeres, fraternidad, gente a la que amar.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire