Notre temps est sans doute celui où l’ensemble des hommes est lié à Dieu par son silence et son absence. Mais n’est-ce pas le Psaume qui dit : « Jusques à quand Seigneur te tairas-tu ? » N’est-ce pas Jésus sur la Croix qui s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Si j’assume toute cette culture moderne, habitée si j’ose dire par l’absence de Dieu, alors je puis entendre le mot « Dieu est mort » non comme une thèse d’athéisme triomphant – car je dirais que le mot « Dieu est mort » n’a rien à voir avec le mot « Dieu n’existe pas » ‑, mais comme l’expression moderne, à l’échelle de toute une culture, de ce que les mystiques avaient appelé la « nuit de l’entendement ». « Dieu est mort », ce n’est pas la même chose que « Dieu n’existe pas ». C’est même tout le contraire. Cela veut dire : Le Dieu de la religion, de la métaphysique et de la subjectivité est mort, la place est vide pour la prédication de la Croix et pour le Dieu de Jésus-Christ.
P. Ricœur, « L’interprétation non religieuse du christianisme chez Bonhoeffer », Cahiers du Centre protestant de l’Ouest n °7, nov. 1966, p. 9 (cité par R. Kearney, Dieu est mort, vive Dieu, Nil, Paris 2011, p. 144)
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