21/02/2019

Le bois de la croix, à la fois charpente et écharde de l'Eglise

"Ce que la communauté catholique est capable de faire à l'échelle du monde, nul autre qu’elle ne le pourrait sans doute... "
Oui, tu dis juste. Aucune institution ou communauté n'a dans le monde fait autant de mal que l'Eglise Catholique, avec deux mille ans d'existence et un taux de pénétration inégalé au long des siècles.
Vois-tu, au moment où doivent se prendre des décisions de conversion, je trouve que présenter l'Eglise sous un jour favorable n'est pas adéquat. C'est comme les gens qui viennent se confesser mais qui n'ont pas fait autant de mal que les autres, ou qui ont aussi fait du bien. Mais est-ce bien ce que l'on a à dire en confession ?
Certes, la charité pendant ces deux mille ans, avec un nombre aussi important de membres, ce n'est pas rien, c'est énorme. Mais ce n'est pas aujourd'hui le sujet, ce me semble. Les abominations sont telles qu'elles rendent illisible la charité. Il ne s'agit pas alors d'exhiber plus haut cette charité (c'est le pharisaïsme assuré) mais d'enrayer les abominations.
Les péchés de chacun ne sont pas seulement un contre-exemple ou un coup de canif dans la sainteté de l'Eglise. Il faut, comme l'écrivait C. Duquoc, penser ensemble la précarité institutionnelle et le règne de Dieu. Tant que l'on n'aura pas intégré cette précarité, ne serait-ce qu'en vantant la grandeur de l'Eglise, on n'est pas sur la bonne voie, on est sur la voie du mensonge, celle qui a permis que soit couvert les crimes contre les enfants, contre les religieuses, contre...
Nous ne prêchons pas l'Eglise ni sa grandeur. Ce n'est pas elle ni nous que nous annonçons. Prêcher le Messie crucifié c'est renoncer à tout jamais à la victoire, à la réussite. Et cet évangile n'est pas encore parvenu jusqu'à nous.
F. Dalarun écrit : "Le bois de la croix est à la fois la charpente et l’écharde des sociétés médiévales". Il fait allusion aux tentatives d'inscrire dans le gouvernement de l'Eglise, notamment monastique, le scandale et la folie de la croix, tentatives qui sont une écharde dans la réforme grégorienne, une dénonciation de sa volonté de puissance. Le petit adage de F. Dalarun ne devrait-il pas dessiner notre ligne de conduite ?

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