Alors que la mort nous ébranle une fois encore, nous avons besoin
de nous arrêter, de nous poser, comme nous le faisons en ce moment, que nous
soyons chrétiens ou non, croyants ou non, que nous fréquentions les églises régulièrement
ou que nous suffise d’y marquer les moments importants de la vie, les quatre
saisons, naissance, enfance, mariage et mort.
Quand la mort frappe, même une personne très âgée, nous
sommes ébranlés, et il y a urgence à nous retrouver, à prononcer quelques
paroles, à pratiquer quelques rites comme pour endiguer la mort, limiter son
emprise. Le silence de la mort n’ira pas au-delà de celle qui vient de nous
quitter : nous prenons la parole. La rigidité de la mort ne nous atteindra
pas : nous, nous sommes vivants, avons préparé une célébration, nous sommes
rassemblés et déplacés jusqu’ici.
Avec la naissance et la mort, l’enfance et les épousailles,
la question du sacré pointe le bout de son nez. Certains lui tournent le dos et
ne passeront pas par l’église, comme on dit ; d’autres, sans savoir
vraiment pourquoi, préfèrent se plier aux coutumes ancestrales. On ne sait
jamais… Les coutumes ne sont d’ailleurs pas celles de nos pères. Elles sont
celles de l’humanité bien avant le christianisme et toutes les religions qui
existent aujourd’hui. Les plus vieilles traces que nous ayons retrouvé de l’hommage
aux défunts ont au moins 140 000 ans.
L’Eglise prend-elle le relai de ces coutumes et l’évangile
est-il une religion à la suite des autres, sans doute lui aussi sur le point de
disparaître ? Ce que nous faisons cette après-midi n’est pas un rite
religieux, et c’est pourquoi les non-croyants peuvent s’y associer. Jésus est l’un
des premiers à s’être posé contre la religion et les règles du sacré, les
règles de pureté et donc de séparation, véritable
mur de la haine. Dieu ne fait pas de différences entre les personnes. Hommes
et femmes, esclaves ou libres, Juifs ou païens sont un seul homme nouveau. Quant aux morts, vous connaissez son avis,
laissez les morts enterrer les morts !
Comment dans ces conditions célébrer des funérailles à l’église ?
C’est tellement incroyable Jésus, que les chrétiens ont renoué avec la religion
et tout le saint-frusquin. C’est un comble ! On comprend que beaucoup s’en
soient détournés ; ils étaient plus fidèles à Jésus.
Nous ne célébrons pas des funérailles, nous célébrons Jésus
qui n’abonne personne, pas même les morts. Alors, nous avons écouté sa parole. C’est à l’amour que nous aurons les uns
pour les autres que nous serons reconnus comme ses disciples. Cela ne peut se
pratiquer quatre cinq fois dans la vie, c’est un appel de chaque minute. Les
funérailles chrétiennes manifestent, plus fort que la mort et les haines
mortelles qui pourrissent le monde et nos vies, que seul l’amour est vie. Voilà
pourquoi c’est incroyable Jésus : il demande de croire en l’amour
seulement, et non à des trucs de religion ou de surnaturel. C’est bien plus
facile de croire au surnaturel que de vivre en aimant les autres ! C’est
sans doute pour cela que nous demeurons religieux, trop, et avons encore si peu
écouté l’évangile.
Même décédée, par son souhait de funérailles chrétiennes, votre
Maman nous convoque ici pour que nous entendions : aimez-vous ! Et Jésus rajoute, si je puis dire, aimez-vous, aimez
même vos ennemis. Arrêtez tout, arrêtez la haine et la violence, arrêtez le
mépris et l’indifférence. Peut-être qu’on l’écouterait, ça irait mieux. Vous ne
croyez pas ?
Il faudrait que je parle de résurrection. Mais comment le
pourrais-je sans risquer d’entonner le refrain folklorique que tous attendent
mais auquel personne ne croit plus depuis longtemps, et c’est d’ailleurs bien
pour cela qu’il suffit pour beaucoup de venir à la naissance et à la mort, à la
communion et au mariage.
Nous avons déjà parlé de résurrection, de vie transformée.
Et comment ? En s’aimant selon l’exemple de Jésus. Que notre rassemblement
donne à chacun l’occasion d’entendre l’appel à s’aimer, à changer le monde, enfin,
et la résurrection ne sera pas loin.
Lecture de la lettre aux Ephésiens
(chap. 2)
Mais maintenant, dans le Christ Jésus,
vous qui autrefois étiez loin,
vous êtes devenus proches par le sang du Christ.
C’est lui, le Christ,
qui est notre paix :
des deux, le Juif et le païen,
il a fait une seule réalité ;
par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui
les séparait,
le mur de la haine ;
il a supprimé les prescriptions
juridiques de la loi de Moïse.
Ainsi, à partir des deux, le Juif et le
païen,
il a voulu créer en lui un seul Homme
nouveau en faisant la paix,
et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un
seul corps
par le moyen de la croix ;
en sa personne, il a tué la haine.
Il est venu annoncer la bonne nouvelle de
la paix,
la paix pour vous qui étiez loin,
la paix pour ceux qui étaient proches.
Par lui, en effet, les uns et les autres,
nous avons, dans un seul Esprit, accès
auprès du Père.
Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers
ni des gens de passage,
vous êtes concitoyens des saints,
vous
êtes membres de la famille de Dieu.
Evangile de Jésus Christ
selon Saint Jean (chap. 13)
Quand Jésus
eut lavé les pieds des disciples, qu'il eut repris ses vêtements et se fut
remis à table, il leur dit : " Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?
Vous
m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis.
Si donc
je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez
vous laver les pieds les uns aux autres.
Car
c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme
moi j'ai fait pour vous.
En
vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son
maître, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'a envoyé.
Sachant
cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. […]
Je vous
donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous
ai aimés, aimez-vous les uns les autres.
À ceci tous
reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns
pour les autres.
Milly, 04 02 19
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