Dans la mort du Fils, c’est Dieu même qui est atteint. Non
seulement notre conception de Dieu serait changée, encore que, mais
véritablement, l’être de Dieu est altéré, devient autre. L’Eternel a lié son
éternité à l’histoire des hommes. Il entre dans l’histoire depuis qu’il s’est
écrié : que la lumière soit.
Alors il déclarait son amour à sa créature, lui donnant la vie en partageant son
Esprit.
« Dans la passion du Fils, le Père lui-même souffre la
douleur de l’abandon. Dans la mort du Fils, la mort atteint Dieu lui-même et le
Père subit la mort de son Fils dans son amour pour les hommes abandonnés. L’événement
de la croix doit en conséquence être compris comme un événement entre Dieu et
le Fils de Dieu. Quand le Père abandonne son Fils à la passion et à la mort
sans Dieu, Dieu agit sur lui-même. Il agit sur lui-même sous ce mode de la
souffrance et de la mort pour ouvrir en lui-même aux pécheurs sa vie et sa
liberté. » (J. Moltmann)
Le Dieu qui s’est donné depuis le premier jour ne pouvait
que courir le risque d’être supprimé de la vie de celui auquel il s’offrait. Et
de fait, l’homme l’a supprimé, nous l’avons tué.
L’amour pouvait-il aller plus loin ? En tout cas, il
est allé jusque là. Par amour pour celui auquel il s’était offert, Dieu assiste
à sa suppression, à l’abandon du Fils.
« Dieu est amour sans conditions parce qu’il prend sur
lui la douleur venant de la contradiction de l’homme et parce qu’il ne supprime
pas cette contradiction dans un éclat de colère. Dieu se laisse évincer. Dieu
souffre, Dieu se laisse crucifier. » (Moltmann)
Dieu aime l’homme même lorsque celui-ci est son ennemi, son
bourreau. Dans l’événement de la croix, Dieu est mené jusqu’à l’extrême de son
amour. Il les aima jusqu’au bout. Plutôt
mourir que d’être soi-même le bourreau de celui qu’on aime.
Une fois encore, il donne sa vie. Une fois encore, il remet
l’Esprit. De toute éternité, il demeure don, amour.
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