31/03/2012

Le Dieu crucifié (Rameaux)


Dans la mort du Fils, c’est Dieu même qui est atteint. Non seulement notre conception de Dieu serait changée, encore que, mais véritablement, l’être de Dieu est altéré, devient autre. L’Eternel a lié son éternité à l’histoire des hommes. Il entre dans l’histoire depuis qu’il s’est écrié : que la lumière soit. Alors il déclarait son amour à sa créature, lui donnant la vie en partageant son Esprit.
« Dans la passion du Fils, le Père lui-même souffre la douleur de l’abandon. Dans la mort du Fils, la mort atteint Dieu lui-même et le Père subit la mort de son Fils dans son amour pour les hommes abandonnés. L’événement de la croix doit en conséquence être compris comme un événement entre Dieu et le Fils de Dieu. Quand le Père abandonne son Fils à la passion et à la mort sans Dieu, Dieu agit sur lui-même. Il agit sur lui-même sous ce mode de la souffrance et de la mort pour ouvrir en lui-même aux pécheurs sa vie et sa liberté. » (J. Moltmann)
Le Dieu qui s’est donné depuis le premier jour ne pouvait que courir le risque d’être supprimé de la vie de celui auquel il s’offrait. Et de fait, l’homme l’a supprimé, nous l’avons tué.
L’amour pouvait-il aller plus loin ? En tout cas, il est allé jusque là. Par amour pour celui auquel il s’était offert, Dieu assiste à sa suppression, à l’abandon du Fils.
« Dieu est amour sans conditions parce qu’il prend sur lui la douleur venant de la contradiction de l’homme et parce qu’il ne supprime pas cette contradiction dans un éclat de colère. Dieu se laisse évincer. Dieu souffre, Dieu se laisse crucifier. » (Moltmann)
Dieu aime l’homme même lorsque celui-ci est son ennemi, son bourreau. Dans l’événement de la croix, Dieu est mené jusqu’à l’extrême de son amour. Il les aima jusqu’au bout. Plutôt mourir que d’être soi-même le bourreau de celui qu’on aime.
Une fois encore, il donne sa vie. Une fois encore, il remet l’Esprit. De toute éternité, il demeure don, amour.

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