Un article du Monde rencontre sur FB les suffrages de chrétiens. Si l'épouse de l'ex-premier ministre socialiste dit son opposition au mariage gay, il y a de quoi trouver une alliée de poids dans le combat perdu d'avance que mènent des cathos, de droite comme de gauche, contre le mariage gay alors que l'actuel gouvernement a promis une loi à ce sujet..
L'article commence de façon carrée en explicitant pourquoi
le mariage homo, qui induit la possibilité pour des couples du même sexe
d'avoir des enfants, doit être rejeté. Mais il finit en accordant que des
célibataires, même vivant en couple homo, doivent pouvoir adopter et réclame
dans la foulée un statut du beau-parent.
Belle pirouette. Qu'a-t-on gagné au terme de la réflexion ? Il
semble que l’on ait surtout justifié pourquoi le terme de mariage ne saurait
être utilisé pour les homos. On se situe ici sur un terrain symbolique, mais en
ces matières on n’est jamais loin de l’imaginaire. Symbolique et imaginaire,
pour différents qu’ils soient, ne sont jamais éloignés. Je vois même une forme
d’hystérie, plus ou moins collective, dans ce refus du mot mariage.
Certes, l’article permet au passage d’éliminer la
possibilité des mères porteuses et l'obligation de faire payer par la sécu les
inséminations artificielles des couples homos. Ce n'est pas rien, mais est-ce
vraiment le problème et du mariage homo et de l’adoption par des couples homos
? Il me semble qu’il ait d’autres raisons de rejeter le recours aux mères
porteuses, les mêmes que dans le cas des couples mixtes. Pourquoi faudrait-il
des raisons spéciales pour les homos ?
On gagne aussi la réaffirmation du sexe, de la nature
humaine. La contingence, ici biologique, est de l'ordre de l'essence et la nier
revient à risquer de se transformer en sauvage. Ceci dit, dans le débat
culture-nature, la culture a toujours été aussi une correction de la nature. Le
recours à l'argument de la nature ne suffit à dirimer un débat. Personne en
effet n'est contre la culture lorsqu'elle corrige la nature dans la loi de la
jungle ou la sélection naturelle ! Et au nom de la nature, certains ont défendu
la légitimité de l'eugénisme ! Du coup, recourir à l'argument naturel me paraît
une fumisterie. Cela ne conteste pas qu'il faille un homme et une femme pour
faire un enfant. Cela va de soi. Mais c'est trop court pour faire avancer le
débat sur l'homosexualité et même sur l'homo-parentalité.
Finalement l’article ne paraît apporter quelque chose que
contre ceux qui contestent qu’il faille un homme et une femme pour engendrer.
Sont-ils si nombreux que cela pour que l’on occupe les colonnes du Monde ? On dirait que ces couples d’un
genre nouveau, homos et accueillant des enfants, met en danger le couple
biologiquement plus commun. Certains semblent penser que l’institution
familiale est en danger, comme si l’homosexualité était contagieuse. On
pourrait penser au contraire que ceux qui, parmi les homos souhaitent vivre en
famille, font partie des promoteurs de la famille. (Je note que dans l’article
rien n’est dit du bien de l’enfant et du droit de ce dernier à vivre dans un
couple mixte. Mais le peut-on dès lors que dans les faits existent de nombreuses
familles recomposées ou monoparentales que personne, ou presque, n’entend
interdire.)
Je demeure étonné de ce que dans ce genre de propos, on
ignore systématiquement le fait qu'il y a des homos. Faire remonter le
raisonnement au droit romain ne peut être valable. Et d'ailleurs l'auteure
elle-même le dit au nom de la défense des femmes. Il faudrait juste que les
homos continuent à vivre que cachés : beaucoup sont prêts à les
accueillir, à condition qu'ils ne disent pas ce qu'ils sont. C'est tout de même
incroyable !
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