Jésus et Dieu, c’est pareil ? Jésus est-il Dieu ou le
fils de Dieu ? Et l’Esprit Saint, dans tout ça ? Qui prie-t-on ?
La Vierge Marie ? Jésus, Dieu ? Autant de questions, souvent posées,
qui montrent que la Trinité ne fait pas vivre les chrétiens, que le dogme de la
Trinité est une affaire que l’on ne comprend pas. Certains, il est vrai, connaissent
ce que peut dire le Catéchisme de l’Eglise catholique. Mais cela ne suffit
manifestement pas à ce qu’ils puissent expliquer aux autres, à leurs enfants
notamment, la vérité de la foi.
Connaître des formules ne rend pas forcément les choses compréhensibles.
En matière de religion revient plus fort que tout le vieux fonds païen,
archaïque. Il y a un dieu, assez inconnu, grand maître de tout, et une sorte de
cour céleste, des saints ou des anges auxquels on peut s’adresser, et les
défunts qui vivent autrement que nous. Vous pouvez bien enseigner tous les
catéchismes que vous voulez, rien n’efface cette religion première, souvent
animiste.
La réflexion philosophique peut permettre de changer de
conception de Dieu, mais il faut reconnaître qu’elle n’est efficace que pour
ceux qui s’y adonnent un tant soit peu. On n’a jamais converti personne à coups
d’arguments philosophiques. On a pu, au mieux, par une critique de la religion,
détourner les gens de l’erreur superstitieuse et du danger du fanatisme.
Pour croire la Trinité, il faut plus, une conversion, une évangélisation
du fonds religieux. C’est l’évangile qui nous apprend qui est Dieu, qui nous le
révèle, comme l’on dit, qui nous le dévoile. Non qu’il s’agisse d’une conception
qui viendrait en remplacer une autre, mais que l’évangile nous introduit dans
la vie même de Dieu.
Dieu n’est pas quelque chose, ni même quelqu’un dont on pourrait
parler. Dieu est toujours celui à qui l’on parle. Parler de Dieu sans parler à
Dieu, et c’est sûr que vous fabriquez une idole, que vous parlez d’une idole.
Car Dieu n’est pas un truc ni quelqu’un dont on peut parler. On peut seulement
lui parler, mieux, l’écouter.
Si l’on veut saisir quelque chose à la Trinité, ce ne sera
pas en parlant de Dieu, même avec un bon théologien, même avec un bon
catéchisme. Ce sera en écoutant ce Dieu. Et que dit-il ? Qu’il aime. Qu’il
aime démesurément, sans mesure. Dieu se montre, se fait connaître comme le « pour
nous ». Il est inconditionnellement de notre côté, à notre côté. Mais
alors si Dieu est ainsi de sortie, sortie de soi, pour être avec nous, si Dieu
est ainsi l’Emmanuel, le Dieu avec nous, nous ne pouvons le penser autrement qu’en
relation, autrement que relation. Si Dieu est pour nous, avec nous, en nous,
nous ne pouvons le découvrir que comme un vivant qui fait vivre, un mouvement
qui entraîne et intègre à son propre mouvement.
Ainsi, notre Dieu est communion. Cela revient souvent dans l’évangile
de Jean. Le Père et moi, nous sommes uns.
Jésus prie pour que ses disciples, nous, soyons uns en lui. Les autres
évangiles évoquent une même union de Jésus avec le Père, une proximité, une
relation qui oriente toute la vie de Jésus. Jésus apparaît comme l’homme pour
les autres autant que pour son Dieu. Il est l’homme pour son Dieu dans la
mesure où il est homme pour les autres.
Si Dieu est communion, si Dieu est Trinité, unité dynamique,
nous ne pouvons être croyants qu’à désirer cette communion avec lui et avec
tous. Nous ne pouvons être croyants qu’à être engagés. On ne peut être très
croyant et pas pratiquant. Dieu est communion : il nous entraîne à l’amour
dont il aime. On ne le connaît qu’à mettre sa parole en pratique.
C’est
tout simple la Trinité, sans le vocabulaire de la substance, de la personne ou
de l’hypostase qui n’est plus le nôtre et que les non spécialistes ne
comprennent qu’à grand peine. Le Père n’est père qu’à avoir un fils. Le Fils n’est
fils qu’à avoir un père. Si le père aime le Fils et le Fils aime le Père,
alors, Dieu est amour. Dieu n’est pas solitaire. L’amour n’est pas le
contentement de deux autonomies, de deux individus l’un en face de l’autre. Il
se diffuse, se communique, se partage. Il est source de vie parce qu’il est
communion. Connaît-on un amour qui ne rayonne pas ? L’Esprit est
précisément cet amour, partagé, répandu pour que toute chair soit vivante, pour
que toute chair puisse se tourner vers Dieu et avoir en partage l’amour du Père
et du Fils, pour que l’humanité soit communion. L’amour se diffuse, l’amour est
un et se partage. L’amour est communion d’une multitude parce qu’il est l’unité
du Père et du Fils dans l’Esprit.
Ne
rien comprendre à la Trinité ne peut qu’être l’indice de ce que nous n’avons
pas lu l’évangile, que nous ne nous nous sommes pas livrés à l’amour reçu du
Père selon Jésus, que l’Esprit nous permet de reconnaître, pleins de
reconnaissance. Ne rien comprendre à la Trinité est la preuve que nous parlons
de Dieu sans parler à Dieu, sans rendre grâce, que notre foi est une conception
du monde et de la divinité et non communion avec les frères.
Patrick, vos textes sur Pentecôte et Trinité ne manquent pas de Souffle.
RépondreSupprimerComme d'autres peut-être, j'ai du mal avec le Père et l'Esprit et le Fils me suffit car il est un frère humain bien incarné. Déjà qu'on peine à le suivre dans l'action, c'est à dire l'amour à vivre. Pour vibrer néanmoins à la Trinité et ne pas l'envoyer balader sans réfléchir, je tente de me soigner en trois temps - Trinité oblige - donc avec trois références bibliques. Primo Genèse 1,2 : "L'Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux." Deuzio Luc 1,35 : "L'Esprit viendra sur toi, tu enfanteras." Tertio Jean 19,30 : "Il rendit l'Esprit".
Tout cela n'est que paroles en l'air : "il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur" ; ce ne sont pas de grandes déclarations que Dieu attend, mais que les chrétiens ouvrent enfin leur coeur à Lui-même et à leurs frères. Ce n'est pas le cas : il ne suffit pas de recevoir les sacrements ni de faire des actions caritatives pour aimer selon Dieu
RépondreSupprimerPropos très équilibré, juste et sans aucune généralisation abusive. Vous connaissez le mot de Talleyrand ? "Tout ce qui est excessif est insignifiant." Pas sûr que ce soit toujours pertinent, mais il se pourrait que votre réaction fournisse une occasion de le vérifier.
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