En ces temps de
violence, mais en fût-il jamais autrement,
la parabole de l’intendant malhonnête(LC 16, 1-13) est un encouragement.
Si l’on s’est allié pour le pire, si l’on sait s’organiser pour tuer,
recruter des enfants
pour en faire des soldats, faire travailler des enfants pour payer des
tee-shirts deux euros, on devrait pouvoir s’organiser pour la justice et
la
paix.
Les organisations internationales sont elles-mêmes trop
souvent au service de ceux qui oppriment. On dénonce régulièrement le lobbying
des intérêts industriels et financiers à Bruxelles, au mépris des citoyens, de
la santé, de la sauvegarde de la planète. L’ONU est bloquée pour agir par
exemple en Syrie. De fait, elle devient l’allié des terroristes. A refuser de
trouver une solution, on laisse prospérer la violence. On peut même se demander
si l’on n’est pas trop content de ne pas trouver de solutions. Pendant ce
temps, on continue à vendre des armes, à affirmer son leadership sur telle ou
telle partie du monde, etc.
Nous sommes très forts pour nous organiser à détruire, qui
plus est avec la bonne conscience que donne le soutien aux organisations
internationales. Un discours à l’ONU permet de se faire le héraut des droits de
l’homme. Pendant ce temps, on ne modifie rien de sa stratégie. Que l’on ne
vienne pas dire qu’il est impossible de s’entendre, puisque nous nous entendons,
avec nos ennemis, pour nous battre et, avec nos amis, pour que chacun poursuivre
la défense de ses intérêts.
La géopolitique n’est malheureusement pas le seul domaine où
nous nous organisons pour le pire, où nous organisons le pire. C’est ainsi dans
l’Eglise massacrée par les divisions d’hier et d’aujourd’hui, c’est ainsi dans
nos familles. Les artisans de paix sont l’exception ; nous sommes
exceptionnellement artisans de paix. Le reste du temps, comme l’intendant
malhonnête, nous organisons notre intérêt.
Certains ne comprennent pas cette parabole, choquante, qui
loue le gérant malhonnête. Nous sommes scandalisés de l’éloge de la
malhonnêteté ; mais la parabole ne fait que nous mettre en scène.
Hypocrites ! Il n’y a rien d’autre à comprendre dans cette parabole que
nos vies diaboliques. La parabole ne fait que les raconter. Ce qui est choquant,
ce sont nos vies, pas la parabole.
Ce faisant, la parabole nous encourage à nous organiser pour
le bien. Puisque vous savez trouver votre intérêt, puisque vous savez vous
organiser pour votre intérêt, ne changez rien, si ce n’est l’intérêt lui-même.
Qu’il ne soit plus de toujours plus d’argent et de puissance, par la violence
et l’injustice, mais toujours plus de fraternité et d’amour, par la paix et le
dialogue.
Kant disait qu’on arrêterait de faire la guerre quand elle
coûterait trop cher. Son réaliste était encore bien idéaliste. La guerre
rapporte plus qu’elle ne coûte ! Palmyre certes nous préoccupe, mais c’est
comme touristes potentiels : que faisons-nous pour les centaines de
milliers de syriens tués ou que nous refusons d’accueillir ! J’ai bien
peur que dans les familles, au travail, comme à l’échelle internationale, la
haine ne nous coûte pas encore assez cher. Elle nous rapporte, ne serait-ce que
de croire ne pas perdre la face !
Quel plaisir prennent certains à relayer sur internet les
discours islamophobes ou racistes ? Pourquoi entretenir ainsi que titrent certains
journaux « les assistés, comment ils ruinent la France ? ». Pourquoi acheter
encore ces journaux ? On sait que c’est faux. Pourquoi les hommes
politiques mentent-ils sur ces sujets, si ce n’est parce que nous les élirons
pour ces mensonges, ou pour le moins, ne sanctionnerons pas ces mensonges qui
sèment la division dans la nation ?
C’est notre mission, à nous disciples de Jésus, de nous
démener sans limite pour la paix. François montre l’exemple. Il sera dans deux
jours à Assise pour la paix. Qu’attendons-nous ? Nous n’avons aucune
excuse. Ourdir la paix n’est pas plus compliqué que de privilégier ses
intérêts. Reste de faire de la paix notre intérêt. Le voulons-nous
vraiment ?
Rien à redire, strictement rien,si ce n'est:MERCI!
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