A l'issue du jubilé de la miséricorde, François a décidé d'une journée mondiale des pauvres qui est célébrée cette année le 19 novembre, alors qu'on lit la parabole des talents. Un message du Pape donne le sens de cette journée.
On
pourrait lire la parabole des talents (Mt 25, 14-30) en mettant Jésus à la
place du troisième serviteur et, à la place des premiers, ceux qui font
prospérer la société et la religion, ceux pour qui comptent le mérite, le
prestige et la reconnaissance sociale, la rentabilité économique, le profit.
C’est
sans doute discutable littérairement parce que l’on est dans l’allégorie, à
chaque personnage du texte correspond un personnage réel. Effectivement, une
parabole n’est pas une allégorie. Et pourtant…
Le
discours de Jésus apparaît comme le sabordement de la religion et de la société,
et il l’est. C’est sans aucun doute la cause de sa mort, c’est aussi le grand
grief des Romains païens contre les premiers chrétiens. Il chasse les marchands du temple. A faire de tous des
frères, il détruit toute hiérarchie, ce qui structure et organise
la société. « Il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y
a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne
faites qu'un dans le Christ Jésus. »
Pour parler de Dieu, pour parler
des frères, qu'est-ce que vous choisissez ? La logique du mérite ou la logique
de l'amour ? La logique de ce qui rapporte ou la logique de la gratuité ?
Avec
la gratuité, la grâce si l’on préfère un mot théologique, on reproche à Jésus de
tout mettre à l’envers, de tout renverser. Il encourage le laxisme, puisque sa
miséricorde est plus puissante que la loi. Dieu le punira, c’est sûr. Il n’y a
que les profiteurs, les voleurs, qui fustigent et contestent les règles de nos
sociétés, les curés de gauche plus ou moins rouges, comme on disait il y a
encore quelques années, comme on le dit du Pape aujourd’hui. Ils bradent la
religion. Rendez-vous compte, on peut communier en étant en état de péché mortel ! Vous n’avez
qu’à voir, les églises sont vides. C’est évidemment de leur faute.
C’est curieux comme continue
à courir que le déficit de la Sécu, les allocations de
solidarité (chômage, RSA, RMI, APL, etc.), le coût de l’accueil des migrants sont la cause du déficit du pays et qu’il
faut immédiatement y mettre fin. Pourquoi faudrait-il toujours que les riches
paient ? Il faut lutter contre l’assistanat social, cela va de soi. Pendant
ce temps, on ne dit rien de la fraude fiscale. « Qui croit encore que les
démunis ont la belle vie ? » interroge le Secours Catholique.
Jésus
est l’homme à abattre, comme les pauvres. C’est déjà le chant du serviteur d’Isaïe 53 !
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