« Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. » Mc 15,38
De suite après la mort de Jésus, l’évangéliste rapporte cette histoire de rideau qui interrompt la narration et n’a aucune incidence dans la suite du récit. Il est peu vraisemblable qu’il s’agisse d’un événement historique. Sans doute Marc l’a-t-il reçu d’une tradition préexistante à sa propre rédaction. Chez Marc, c’est le seul effet de la mort de Jésus, pas de tremblement de terre ou de morts qui sortent de leur tombeau. Pourquoi rapporter cette affaire de rideau ? Elle doit sans doute faire sens.
Le rideau séparait le saint des saints du reste du temple. Il isole, cache à la vue de tous le lieu de la demeure du Très-haut. La mort de Jésus dévoile la demeure de Dieu. Rien que cela !
Dans cette mort, se joue un dévoilement, une révélation, une apocalypse, si vous parlez grec. Mais qu’est-ce qui est montré ? Le lieu de Dieu ou la vacuité du saint des saints ? Dieu n’est pas là où vous pensez. Le temple est vide. Où donc est Dieu ? Là où meurt un homme, une femme, un enfant, sur les Golgotha de la terre entière.
Jamais Dieu n’est autant visible que dans la mort de Jésus. Est-ce bien ainsi que nous le cherchons ?
Où cherchons-nous Dieu aujourd’hui ? Dans la culture chrétienne, dans l’identité chrétienne, dans les rites chrétiens que l’on pratique souvent d’autant moins que l’on revendique cette identité et déplore que d’autres envahissent le pays ? Tout cela est vide.
Dieu est au chevet de ceux qui meurent, de ceux qui sont dans le deuil et n’en finissent pas de pleurer, inconsolables comme Rachel.
Les rameaux de nos cris de joie ne seront-ils qu’un grigri pour protéger tombes et maisons ? Ce n’est pas la culture chrétienne mais païenne. Leurs feuilles déjà vertes comme en plein été sont destinés à couvrir l’hôpital de campagne de notre charité. C’est là que nous voyons le Seigneur face à face : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. »
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