Plus nous vieillissons, plus nous vivons avec les morts, ou plutôt avec le souvenir des vivants qui désormais sont morts. Parfois cette pensée est douce, la mémoire est présent, cadeau de vivre encore un peu avec eux, d'eux.
Je
ne sais pas bien ce que signifie la résurrection de la chair.
Assurément pas ce qu'en font beaucoup : "On se retrouvera". Il y a tant
de gens que je n'ai pas l'intention de retrouver que cela corromprait la
joie de revoir les autres. La résurrection est transformation, métamorphose, divinisation, nouvelle création, en rien continuation.
L'affirmation
de la résurrection de la chair c'est d'une part l'affirmation que
la chair est bonne, digne, qu'elle a du prix, que la mépriser est coupable. Cela renvoie dos-à-dos ceux qui ne jurent que par l'âme,
faisant la bête à faire l'ange, et ceux qui n'ont aucun égard pour (le
corps d') autrui.
C'est d'autre part, la révolte contre la fin,
cendre ou putréfaction, poussière. Je ne crois pas à la bonne mort. Elle
est toujours mauvaise. Et Dieu n'a pas fait la mort, dit le livre de la
Sagesse, dans son vocabulaire mythologique. La mort n'est pas un passage comme l'on dit pour euphémiser son
horreur. La résurrection de la chair est a minima l'expression de la
révolte, celle qui tient debout le grabataire moribond. La résurrection, peut-être à la Don Quichotte, est une rébellion contre la mort.
