06/12/2025

Pas d’autre nom par lequel nous ayons la vie (Immaculée conception de Marie)

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De Maria nunquam satis. Non ! trop, c’est trop. Mater Populi fidelis (10/2025) du dicastère pour la Doctrine de la foi freine les velléités d’enflure mariolâtriques. Il était temps mais le dicastère va finir progressiste ! Ce n’est pas que la seule inadaptation d’une formule entrave la foi, mais à force, on finit par se détourner du cœur de la foi. On parle davantage de Marie, lui attribue plus d’importance dans la dévotion qu’à Jésus. Alors basta, ça suffit.

Et l’on aurait aimé que Pie IX eût la sagesse de Léo XIV. Au moment de la proclamation du dogme de l’Immaculée conception, en 1854, les raisons de cette nouveauté sont certes théologiques mais aussi politiques et intellectuelles. Rappeler combien le péché originel obère l’autonomie de la raison est une vile réponse du berger à la bergère. Pie IX fait d’une pierre trois ou quatre coups, et vlan sur le nez des Protestants, et vlan sur la superbe d’une raison qui se croit Lumière, et vlan sur les Etats qui revendiquent la sécularisation.

Qu’est-ce qu’on en a à faire que Marie échappe à la faute originelle ? De surcroît, par effet de prolepse, puisque c’est la résurrection à venir du Christ, qui la sauve du péché des origines. Si ce n’est pas une belle construction conceptuelle invérifiable ! Il faut maintenir l’exclusive du Christ comme salut, pour être encore chrétien ! Mais que comprenons-nous aujourd’hui par péché originel, et en quoi dire Marie immaculée nourrit la foi ?

Dans le combat à mort pour la vie, dans la lutte contre le mal, à la racine, Jésus paie le prix. Non que son obéissance ou ses souffrances mettent sur la table la rançon d’un rachat. Payée à qui, d’ailleurs ? On ne voit pas comment les souffrances, fût-ce de la deuxième personne de la Trinité ‑ j’emploie à dessein ce vocabulaire aussi exorbitant que malhabile ‑ vaincraient le mal. Jésus paie le prix pour être fidèle jusqu’au bout, eis telos, au Dieu qui voit la misère de son peuple, la fatigue mortelle de ceux qui ploient sous le poids du fardeau. En cet homme qui parle et vit de Dieu comme nul autre, Dieu est pleinement révélé, définitivement du côté des victimes du mal. C’est même cela Dieu, sit venia verbo, l’annihilation du mal par la proximité au créé jusque dans la mort. Il est résurrection.

Voilà notre foi, la victoire sur le péché, sur le mal radical aussi, non seulement le mal commis, mais la mort commune à tout vivant et encore l’effroi des destructions que le monde en souffrance d’enfantement subit en d’inexprimables et interminables gémissements. Si l’on veut dire l’efficace du salut, on peut imaginer dire que Marie en est épargnée. Or l’évangile dit sa souffrance, ne serait-ce qu’à travers la prophétie du glaive qui la traverse. Si la préservation du péché originel n’empêche pas que l’on souffre le martyre à voir mourir son enfant dans une infâme agonie, ne nie-t-on pas le salut ?

Nous ne cessons d’espérer l’eau vive et pure, immaculée, où nous désaltérer dans des déserts mortels, rendus stériles par le mal. Avec le mal commis, nous tuent la mort même et la finitude d’un si beau projet ‑ l’humanité à la ressemblance de Dieu. Le salut, pour l’homme c’est impossible, sinon reçu. Le plus humain en l’homme est divin et la résurrection est salut, vie, vie divine, éternelle. Nous confessons cela pour chaque humain, pour Marie aussi. Nous tâchons de le vivre, ici, car c’est maintenant, dans le mal, que nous accueillons la vie offerte.

Nous confessons que Jésus, reconnu comme habité par son Dieu et père d’une manière inouïe, unique, est le seul à inscrire indélébilement dans l’histoire et la chair la victoire de la vie, ce que tous appellent Dieu. Il est comme l’on dit l’unique sauveur et il n’y a pas sous le ciel d’autre nom par lequel nous puissions vivre.

Voilà ce qu’il faut marteler, pas tant par les mots, que par la vie. Vue l’urgence de s’engager à la suite de Jésus et de se laisser métamorphoser, transfigurer par lui, le reste n’est d’aucune importance, pire distraction. Assez parlé. Disons et vivons la profession de foi.


1660-65 Murillo
Marie sans Jésus

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