Après tout, ce blog est un lieu d’expression personnel plus qu’institutionnel, même si je ne peux faire comme si je pouvais complètement distinguer la personne et l’institution. Je comprends que l’on pourra me reprocher un manque de réserve. Mais là, ça suffit.
Ça suffit, la politique de l’actuel gouvernement. Je ne sais certes si d’autres, de gauche comme de droite, feraient mieux. Mais je ne pense pas que nous puissions demeurer silencieux. Je ne parlerai pas de tout, par manque de compétences, par volonté de mieux souligner l’objet du scandale.
Ça suffit avec la politique d’immigration et de reconduite à la frontière, avec le délit de solidarité, avec le prétendu débat sur l’identité nationale, avec le ministère éponyme.
Je ne veux pas être naïf et laisser penser que tout immigré sans autorisation légale pourrait demeurer en France et obtenir systématiquement une régularisation. Mais est-ce que cela ne fait pas un peu beaucoup ? On entend ‑ peut-être la presse nous manipule-t-elle, peut-être je me laisse berner – que la politique du chiffre fait arrêter des étrangers en transit, dûment munis de billets de transport pour rentrer chez eux, afin de les expulser et de les compter dans les statistiques. Cela coûte d’ailleurs très cher à la République. On entend que des gens dont on ignore formellement la nationalité seraient expédiés en Afghanistan (faut-il le préciser, parmi les pays les plus dangereux au monde). Il va de soi qu’un Etat ne peut sans preuve formelle envoyer des gens dans un pays qui n’est peut-être pas le leur. Ce ne sont que des gesticulations.
Je ne parle pas des dérapages, comme ceux de Mme Morano. Comment se sentir appartenir à la Nation quand la Nation vous laisse sur la touche ?
Ce n’est pas seulement d’ordre (moral ou policier) dont ont besoin les banlieues, mais d’abord de justice sociale. Quand on sera aussi généreux avec les banlieues qu’on l’a été avec les restaurateurs ou les grandes banques, voire avec les bénéficiaires de l’emprunt national, on verra si les problèmes se posent de la même manière dans les banlieues. Il se pourrait que ces problèmes fondent, du moins la plupart, comme neige au soleil. Restera ici comme ailleurs le banditisme. Mais vous conviendrez que c’est grandement un autre problème.
Je ne pense pas que l’évêque ait raison qui a interdit au député P. Kennedy de communier à cause de ses positions en morale sexuelle et familiale, mais ceux qui le pensent pourraient-ils aussi penser normal que les injustices sociales, humaines, et les irrégularités quant à la loi commises par les responsables politiques, ne soient pas pareillement sanctionnées ? Encore faudrait-il qu’il y ait quelques chrétiens pratiquants dans notre gouvernement ? Je ne parle évidemment pas des catholiques dont la situation matrimoniale interdit déjà qu’ils s’approchent de la table eucharistique…
Il y a à droite, notamment, de nombreux députés catholiques. Il y en a aussi à gauche. Il y a d’un bord comme de l’autre de véritables citoyens, attachés à la devise républicaine. Les uns comme les autres perdent la face à se taire, ou à se prononcer sans prendre les moyens efficaces de changer les choses.
Désolé de vous importuner, mais il faudra voter dans quelques mois, et encore dans les années suivantes.
Je le pense, ça suffit.
Il serait trop facile de surenchérir encore et de pousser lamentation sur lamentation. Toujours utile, mais trop facile. Je me permets juste de rappeler une notion oubliée : le bien commun. En matière sociale, parler de justice est de plus en plus périlleux. Comment juger avec justesse avec des lois de moins en moins comprises et acceptées ? Comment attendre une justice sociale dans un monde toujours plus fragmenté ? L'urgence est de restaurer le vivre-ensemble ; viser le bien commun revient à s'occuper du plus faible. Ou : comment réintroduire la charité dans la politique.
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