Au maurassien "l’Eglise oui, le Christ non" pourrait répondre "le Christ oui, l’Eglise non". Or l’attachement au Christ n’existe pas sans l’attachement aux frères. Le Christ n’est pas une abstraction ; il a un corps, les autres, et d’abord ceux qui souffrent. On ne va à Dieu que par les autres, sa parabole. L’Eglise constitue les prémices de l’humanité que nous croyons capable de paix, réconciliée en Christ, fraternité.
La crise convoque l’Eglise à la conversion ; son visage en sera profondément changé. L’absence quasi-totale de contre-pouvoirs, de facto et de jure, notamment au niveau épiscopal, rend possible tous les comportements autocratiques. Rien ne peut contraindre à vivre le service par lequel nous sommes disciples. La liberté rend le mensonge et l’hypocrisie possibles.
Nous payons très cher le virage identitaire contraire à Vatican II soutenu voire suscité par Jean-Paul II - sa canonisation est un scandale - et Benoît XVI. La révélation des turpitudes criminelles oblige à prendre part à leur dénonciation en nous rangeant du côté des victimes.
Elle commande ensuite de balayer devant sa porte, même si, comme dit François, on ne confondra pas pécheurs et corrompus.
Enfin, elle fournit la preuve de la nécessité de revisiter les structures de pouvoir, de redéfinir les ministères et leurs rapports au célibat, de changer structurellement la place des femmes, de revenir à un évangile de liberté moins préoccupé par la chambre-à-coucher que par la justice sociale et géopolitique.
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