25/01/2020

Ce peu d'huile sur votre front (Onction des malades)


Il y a dans notre communauté des gens malades ou âgés. Ils ploient sous la fatigue, parfois la souffrance. Ils tiennent bon. Parfois, ils n’en peuvent plus et craquent ou baissent les bras. Alors, nous nous rappelons ta parole, Seigneur : « Venez à moi, vous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau. Prenez sur moi mon joug, et moi, je vous procurerai le repos. Car mon joug est facile, et mon fardeau léger. »
Nous nous rappelons le Seigneur pris aux tripes devant les foules comme des brebis sans berger. Nous nous rappelons le Seigneur qui passe son temps, particulièrement au début de l’évangile, à soigner, à guérir. Nous nous rappelons la promesse du prophète : il fortifie les mains défaillantes et affermit les genoux qui fléchissent. « Dites aux gens qui s’affolent : "Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver". » (Is 35) Nous nous rappelons le Seigneur rattrapé lui-même par l’angoisse devant la mort et la souffrance ; ses larmes de sang, son agonie, son combat au jardin de Gethsémani, son cri de désespoir sur la croix.
Vous qui demandez le sacrement de l’onction, par ce souvenir du Seigneur, cette anamnèse, nous voulons vous entourer. Puissions-nous être pour vous l’icône de la main du Seigneur qui par notre présence, nos paroles, nos gestes, vient à votre secours et vous soulage.
Si le joug du Seigneur est facile, c’est qu’avec lui, on n’en rajoute pas à ce que la vie nous fait traverser de périls. Au contraire, même dans la souffrance ou la faiblesse, même avec l’approche de la mort et les interrogations et les peurs qu’elle suscite, nous trouvons avec vous dans le Seigneur de quoi nous abandonner. Advienne que pourra. Vous avez parcouru la route, vous avez tenu bon ; vous avez menez le bon combat ; du moins, chaque fois que vous êtes tombés ou que vous vous êtes trompés, vous avez accepté d’être relevés, vous avez su vous remettre debout, sur le chemin, dans la vie et la vérité.
Maintenant, il s’agit de faire comme toujours, de regarder devant. Il est sans doute plus difficile de regarder l’avenir en face lorsque la vie touche à son terme. Et pourtant, il s’agit de rester vivant jusqu’au bout. Il ne peut être bon de voir les forces nous abandonner. Votre réponse à la faiblesse et à la souffrance, c’est comme au premier jour de votre vie, la force de vivre, choisir toujours et encore la vie (Cf Dt 30, 19).
Un peu d’huile sur votre front et dans le creux de vos mains est une médecine bien peu efficace. Mais nous n’en sommes plus à l’efficacité. Nous sommes avec vous conduits à la gratuité, à la grâce. Vivre ne vaut pas par ce que l’on réalise ou réussit. Vivre vaut en soi et jusqu’au dernier souffle.
Par ce peu d’huile, vous confessez, et nous avec vous, que tout ce souffle, si difficile à retrouver, si facile à perdre, est imprégné du souffle divin. Lorsque votre souffle s’affaiblit, c’est un autre souffle qui prend le relai : l’Esprit saint. Ou plutôt, lorsque notre souffle s’efface, se devine plus évidemment le souffle du Vivant en nous. La vie se révèle « pour l’éternité ». La vie, c’est maintenant et éternellement. « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8, 38)
Ce peu d’huile est votre profession de foi, et la nôtre avec vous. Dieu vous veut vivants jusqu’au bout, non pas jusqu’à la mort, mais par-delà la mort même. Il se donne à vous, comme au jour de votre baptême, pour que vous alliez sur ses traces. Par ses blessures, nous sommes guéris. (Cf. 1 P 2, 18-25)
Ce peu d’huile permet d’entendre, comme au jour de votre baptême ce que Dieu a déjà fait de vous, ses frères et sœurs. Passant au bord du lac de la vie, il s’est retourné vers vous et chacun est devenu frère ‑ il n’y a plus que des frères ‑ et vous l’avez suivi, et vous le suivez encore. (Mt 4, 12-23)

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