10/01/2020

Ressembler à Jésus, le baptême (Baptême du Seigneur)


Nous célébrons le baptême de Jésus. C’est curieux cette affaire. Même Jean s’en étonne : « Jean voulait empêcher Jésus et disait : "C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi !" » (Mt 3,13-17) Jésus n’a pas été baptisé au sens où nous l’avons été, puisque nous, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus. Le baptême de Jésus, c’est sa mort et sa résurrection, non son immersion dans le Jourdain.
Lorsque Jésus est plongé dans l’eau, il pratique un rite de purification. Lorsque nous sommes baptisés, nous sommes plongés dans la mort et la résurrection de Jésus. Nous sommes configurés au Christ, nous revêtons le Christ.
Qu’est-ce que cela veut dire revêtir le Christ ? Qu’est-ce que cela veut dire être baptisé ? Les enfants qui se préparent au baptême, étape après étape, pourraient nous dire ce qu’ils en pensent. Les autres enfants ont aussi une idée. Et chacun d’entre nous, baptisés ou en marche vers le baptême, avons un avis.
Je voudrais parler du baptême non techniquement, comme si nous devions échanger avec des amis qui ne connaissent rien à la foi. Si nous devons dire ce qui fait qu’on est disciple, que disons-nous ?
Etre baptisé, c’est ressembler à Jésus. Etre baptisé, c’est vivre comme Jésus. Etre chrétien, c’est vivre comme Jésus. C’est tout simple… à dire.
Certains diront, que ce n’est pas possible, que la sainteté de Jésus nous empêche de vivre comme lui, puisque nous, nous ne sommes pas saints. Ou bien l’on dira que le contexte est complètement différent, qu’il n’est plus possible de vivre comme un homme du premier siècle en Palestine, ou encore, que, mariés, nous ne saurions abandonner conjoints et enfants pour vivre comme Jésus.
De grâce, ne soyons pas fondamentalistes ! Vivre comme Jésus, ressembler à Jésus, n’aurait aucun sens s’il s’agissait de vivre comme un juif de Palestine des années 30. Vivre comme Jésus, c’est repérer ce qu’il en est de son style de vie et tâcher de le transposer aujourd’hui.
Quel est le style de vie de Jésus ? Rien d’ascétique, semble-t-il. Peu de choses religieuses ; pas le moindre sacrifice par exemple. Jésus a la réputation d’être un ivrogne et un glouton (Cf. Mt 11, 19), à la différence du Baptiste. Il passe son temps à table, et de préférence avec les pécheurs, les gens de mauvaise vie, ceux du moins qui ont sale réputation. La vie de Jésus est commensalité et hospitalité. Il s’approche de tous, et seuls ceux qui ont honte de lui se tiennent à distance.
Jésus parle et agit en laissant toujours à l’autre la première place. Sa personne ne lui importe pas, mais il sait toujours mettre en évidence la grandeur de la vie des autres, remarquant l’aumône d’une pauvre veuve qui met toute sa pauvreté dans le tronc du temple, bluffé par la foi d’une étrangère syrophénicienne ou celle d’un centurion romain.
Jésus entretient des relations avec chacun de sorte que jamais il n’utilise qui que ce soit comme moyen, mais toujours chacun pour ce qu’il est. Cette rencontre est libératrice et instaure un espace d’amour qui n’est autre que Dieu. Jésus se retire dans la nuit pour prier. Jésus connaît les Ecritures. Jésus est l’homme de la confiance, de la foi.
Ces quelques traits de sa vie permettent déjà de dire ce qu’est être chrétien. La vie des disciples est celle de tous, rien d’exotique, mais la quotidienneté humaine, avec un style particulier : l’hospitalité qui fait bon accueil à tous au point de rendre chacun serviteur de tous ; la confiance en l’autre, en ses capacités. La manière de Jésus de chercher et aimer Dieu, c’est de reconnaître en chacun sa dignité, autant dire, reconnaître l’image de Dieu en chacun.
A part notre préoccupation pour nous-mêmes, rien ne nous empêche de vivre comme lui. Rien ne nous empêche de vivre en baptisé, plongés dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Si nous nous y hasardons un tant soit peu, nous entendrons alors la voix du Père proclamer, comme il en fut pour Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »

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