17/01/2020

L'unité entre nous (Prière pour l'unité)


Une nouvelle année, une nouvelle semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Alors que l’Eglise catholique manifeste violemment les tensions qui l’habitent, la prière pour l’unité s’impose aussi comme « politique intérieure » !
L’épisode du livre signé par Benoît XVI avant que son secrétaire ne fasse savoir qu’il avait demandé que soit retiré ce nom parce que l’évêque émérite de Rome ne se reconnaissait pas comme auteur de la publication ni dans la défiance à l’encontre de l’actuel pape, n’est qu’un épiphénomène.
Les tensions entre nous sont nombreuses et les coups bas, les coups foireux, tout autant. On ne dit rien au grand jour, pour ne pas ébranler l’unité que l’on sape méticuleusement par ailleurs. Il n’y a pas qu’ailleurs qu’on se claque la porte au nez, chez nous aussi.
Quand il y a un conflit, il est rare qu’une seule partie en soit responsable. Parfois, avec patience, effort et volonté de conversion, nous parvenons, politique des petits pas, par nous retrouver, nous réconcilier. Il faut le dire parce que ce n’est pas rien. Il faut dire merci, entre nous, et faire action de grâce pour la concorde et la paix qui l’emporte sur la haine.
Parfois, on inscrit dans la durée le fait de ne pas se parler voire de se haïr. Et c’est toute la communauté qui y perd, qu’elle soit au courant ou non. Sommes-nous assez nombreux pour nous payer le luxe de nous ignorer et nous détester ? Le Christ ne nous rassemble-t-il pas plus fort que ce qui nous divise ? Le méprisons-nous ? Manifesterions, quoi que nous déclarions, que nous n’y croyons pas, que nous ne le croyons pas ?
« Si nous disons : "Nous n’avons pas péché", nous faisons de [Dieu] un menteur, et sa parole n’est pas en nous. […] Qui dit : "Je le connais" alors qu’il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. […] Si quelqu’un dit : "J’aime Dieu" et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jn 1, 10 ; 2, 4 ; 5, 10)
Si je parle ainsi, ce n’est pas que je m’excepterais des tensions. C’est parce que lorsque nous sommes parvenus à nous réconcilier, c’est l’évangile que nous avons vécu, et que nous nous sommes réconfortés dans notre commune foi. Si je parle ainsi, c’est parce qu’il est aussi de la responsabilité de l’homélie de nous exhorter à la concorde et à la paix.
L’unité des chrétiens n’est donc pas une affaire qui ne nous concernerait nullement, une affaire de discussions entre « responsables » des Eglises. Nous sommes tous responsables de notre Eglise. L’unité des chrétiens commence dans chaque communauté. Et lorsqu’elle est entretenue, elle est chemin pour notre foi et pour l’annonce de la foi. Comme le dit Cyprien de Carthage, vers 240, déjà confronté aux divisions ‑ et il n’était pas le premier ! ‑ cité par le dernier concile, l’Eglise tient son unification de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit. A pratiquer l’unité, nous nous laissons saisir par l’unité de la Trinité. Rien moins ! Tel est l’enjeu de l’unité des chrétiens, tel est l’enjeu de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Les pas, petits ou grands, de la concorde, de la vie ensemble, ne sont pas qu’une affaire interne. C’est la vie même de Dieu qui s’y joue. Nous pouvons nous remercier, je le redis, lorsque nous y parvenons, et rendre grâce d’avoir été menés jusque-là. Nous en portons le souci, cela nous hante, c’est notre prière, que d’y parvenir. L’unité n’est pas un donné, un état, mais une tâche, unification.
Alors, si ce qui concerne notre communauté a une telle dimension, on conviendra de l’importance et de l’urgence de l’unité dans notre Eglise, et de l’unité des Eglises. Nous attendons l’unité des chrétiens non parce que ce serait plus sympathique d’être tous rassemblés, ce qui ne serait pas si mal. Mais parce que nous touchons du doigt et manifestons l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit lorsque nous expérimentons l’unification de l’Eglise. C’est la prière de Jésus, que nous soyons uns afin que le monde croie que le Père l’a envoyé (Cf. Jn 17, 21).

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