25/01/2020

Il y eut des noces (Pour une saint Vincent)


Des noces, une fête, du vin, excellent.
Des noces, une alliance. C’est la fête.
Mais il y a un problème. Terrible. Plus grave encore que le manque de vin. Et ce n’est pas peu dire ! Il n’y a pas d’épouse. Comment voulez-vous célébrer des noces ? Elles tombent à l’eau, une quantité abondante d’eau, au moins six grandes cuves prévues pour les ablutions. Et malgré cette quantité, il en manque. Tout va de mal en pis. Si tout avait été bon, il y aurait eu sept cuves, un chiffre parfait ! Cela va mal.
Voilà qui ne fait pas notre affaire. C’en est fini de la fête et de ses réjouissances.
La seule femme présente est une mère. Pourrait-elle être l’épouse ? L’époux en fera-t-il son épouse ? Sera-t-elle à son goût ? Se plairont-ils ? Pourront-ils faire alliance ?
La mère humanité n’est pas belle. Elle est bien amochée. Regardez. Où en est le partage ? On renverse même de la javel sur les surplus jetés par les grandes surfaces pour que les pauvres ne puissent se nourrir des aliments quasi périmés ? Heureusement, c’est désormais interdit par la loi. Mais il a fallu une loi. Pauvre humanité !
« Lorsque vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas jusqu’à la lisière du champ. Tu ne ramasseras pas les glanures de ta moisson, tu ne grappilleras pas dans ta vigne, tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ta vigne : tu les laisseras au pauvre et à l’immigré. Je suis le Seigneur votre Dieu. »
La mère humanité n’est pas belle. Elle est bien amochée. Regardez. Où en est l’hospitalité ? Des citoyens sont poursuivis par l’Etat pour être venu en aide à des malheureux qui traversent les Alpes, des navires humanitaires sont arraisonnés et interdits d’accostage parce qu’ils sont venus au secours de milliers de personnes qui se noient chaque année en Méditerranée. Heureusement, même si tout n’est pas joué, le principe de fraternité a été reconnu comme ayant valeur constitutionnel et les ports de Malte et d’Italie sont de nouveau ouverts. Les autres pays européens ont fini par avoir honte.
« Quand un immigré résidera avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas. L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu »
Je pourrai dire la même chose du mensonge, de l’exploitation des salariés, du mépris des handicapés, du fonctionnement de la justice, des règles faussées de l’économie. Mais ce serait trop long. L’humanité est bien amochée. Qui voudra l’épouser ?
Un fils, un fils d’homme. Et le vin coule à nouveau, meilleur que tout ce qu’on avait goûté jusqu’à présent. C’est le signe de Cana. Le signe qui nous est laissé pour ne pas désespérer, le signe qui nous est donné pour que l’humanité soit belle, comme elle peut l’être, et nous le savons. Lorsque Dieu crée toutes choses, et l’humanité, c’est bon, très bon. Avec la nouvelle création, le meilleur vin, gardé pour la fin, est servi.
Si nous fêtons saint Vincent, ce n’est pas que nous ayons grand intérêt à ce diacre espagnol. Nous ne sommes tout de même plus polythéistes, non plus, à avoir seulement baptisé Bacchus ! Mais ce fils d’homme, qui redonne sa jeunesse et sa beauté à l’humanité qu’il épouse, non seulement il nous conduit à vivre en frères, et sœurs, ce qui n’est déjà pas si mal.
Ce fils d’homme, il est aimable. Ou plutôt, il a passé sa vie à aimer, à commencer par ce qui nous paraît le moins séduisant, le moins beau de l’humanité, pour que nous soyons vivants. C’est cela la résurrection, rien d’autre. Ce fils d’homme, à nous aimer, nous rend aimables. Quelle bonne nouvelle, quel évangile ! N’aurions-nous pas raison de nous y livrer ?
Que coule le vin de la fête, il n’a jamais été aussi bon !




Lecture du livre du Lévitique (19, 1-2, 9-11, 13-15, 33-37)
Le Seigneur parla à Moïse et dit :
« Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Lorsque vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas jusqu’à la lisière du champ. Tu ne ramasseras pas les glanures de ta moisson,
tu ne grappilleras pas dans ta vigne, tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ta vigne : tu les laisseras au pauvre et à l’immigré. Je suis le Seigneur votre Dieu.
Vous ne volerez pas, vous ne mentirez pas, vous ne tromperez aucun de vos compatriotes.
Tu n’exploiteras pas ton prochain, tu ne le dépouilleras pas : tu ne retiendras pas jusqu’au matin la paye du salarié.
Tu ne maudiras pas un sourd, tu ne mettras pas d’obstacle devant un aveugle : tu craindras ton Dieu. Je suis le Seigneur.
Quand vous siégerez au tribunal, vous ne commettrez pas d’injustice ; tu n’avantageras pas le faible, tu ne favoriseras pas le puissant : tu jugeras ton compatriote avec justice.
Quand un immigré résidera avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas.
L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu.
Vous ne commettrez pas d’injustice dans l’exercice du droit, ni en matière de mesures de longueur, de poids ou de capacité.
Vous aurez des balances justes, des poids justes, des mesures de capacité justes. Je suis le Seigneur votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte.
Observez tous mes décrets et toutes mes ordonnances, et mettez-les en pratique. Je suis le Seigneur. »


Psaume 104 (103) 1-2a, 14-15, 24, 33-34

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière.
Tu fais pousser les prairies pour les troupeaux,
et les champs pour l'homme qui travaille.
De la terre il tire son pain :
le vin qui réjouit le cœur de l'homme,
l'huile qui adoucit son visage,
et le pain qui fortifie le cœur de l'homme.
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tout cela, ta sagesse l'a fait ;
la terre s'emplit de tes biens.
Je veux chanter au Seigneur tant que je vis ;
je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure.
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.


Lecture de l’Evangile selon Saint Jean (2, 1-11)
Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié
et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

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